En science toute la littérature est fiable puisque passée au crible du peer review ou jugement par les pairs ! Voilà  ce que l'on entend souvent, qui revient à  assimiler peer review et sacralisation. Or ce n'est évidemment pas aussi simple, notamment parce qu'il y aura (presque) toujours une revue pour accepter un article et le publier après peer review, même s'il est mauvais. Les scientifiques le savent et font surtout la distinction entre revues reconnues et revues marginales, entre chercheurs bien établis et groupuscules obscurs.

Mais qu'en est-il du public ? Il peut se laisser prendre au piège d'une étiquette peer review équivalant à  une soi-disant qualité reconnue. Dans un sens comme dans l'autre. Comme le souligne John Moor dans sa contribution à  un débat sur le sujet organisé par la revue Nature :

But the term 'peer review' is often equated with 'gold standard'. Hence, the politically motivated, lazy or unscrupulous can use the peer-reviewed literature selectively, to make arguments that are seriously flawed, or even damaging to public policy. (Mais le terme peer review est souvent confondu avec "qualité de référence". Si bien que les acteurs motivés politiquement, paresseux ou sans scrupules peuvent utiliser la littérature évaluée par les pairs à  leur convenance, pour avancer des arguments biaisés, ou même mettre en péril les politiques publiques.)

D'où la tendance actuelle à  remettre en cause le peer review confidentiel pour l'ouvrir aux lecteurs (open peer review) et leur donner les clés de l'article en question. A eux ensuite de s'en emparer pour mieux en évaluer la pertinence et la justesse. Idéalement avec l'aide des scientifiques eux-mêmes :

This kind of fiasco might be avoided if the public had better access to the peer-reviewed literature, and if bona fide scientists were willing to give the public more assistance in interpreting it properly. (Ce type de fiasco pourrait être évité si le public avait un meilleur accès à  la littérature évaluée, et si bona fide les scientifiques étaient volontaires pour assister leurs lecteurs à  l'interpréter proprement.)

Un premier pas dans cette direction a été fait par la revue Biology Direct. Espérons que d'autres suivront !