Chercheurs et grand public, un échange à double sens
16
juil.
2006
J'ai déjà rapporté mon expérience de débat public sur les nanotechnologies qui a suffit à me convaincre que, non, rapprocher les chercheurs de la société ne signifie pas uniquement faire preuve de pédagogie et expliquer ce que l'on fait dans les laboratoires. Il s'agit avant tout d'ouvrir un débat, les uns ayant autant à apprendre des autres.
Evidemment, cette idée n'est pas ancrée dans les comportements des chercheurs, comme le montre un récent sondage de la Royal Society ; à la question "Que signifie pour vous s'engager auprès du grand public ?", voici ce que répondent les chercheurs britanniques interrogés :
- 34% = informer, expliquer, promouvoir la connaissance scientifique
- 15% = expliquer les implications, la pertinence, l'utilité et la valeur de la recherche
- 13% = écouter, comprendre le grand public, impliquer les gens dans la science, débattre à propos de la science, prendre des décisions fondées sur la science
- 13% = parler en public, intervenir lors de conférences ou démonstrations
- 10% = passer par les médias
- 10% = expliquer le processus scientifique, ce qu'on y fait et pourquoi, les limitations
- 9% = intervenir dans les écoles, auprès du jeune public
- 7% = c'est important et vaut le coup
- (…)
- 4% = corriger la mauvaise presse, les préjugés
- 3% = cela ne signifie pas grand chose
- (…)
En fait, tous ces aspects sont également importants ; mais le numéro 3 ne mérite pas, à mes yeux, ses maigres 13%... Il y a décidément encore beaucoup de travail pour faire évoluer les mentalités des chercheurs...
Commentaires
Dans le n°1, on lit "informer, expliquer", pour moi c'est déjà le début du débat, et une preuve de bonne volonté. Je ne veux pas plomber ton billet, mais un sondage reste un sondage, avec des questions plus ou moins bien posées, des catégories qui se chevauchent plus ou moins, et de nombreux niveaux de lecture ...
Ceci dit, le chercheur classique pense comme tout un chacun à "son manger", c'est à dire à publier ses résultats dans des revues qu'il n'a pas forcément choisies pour leur diffusibilité mais plutôt pour leur "impact factor", et ses recherches sont influencées par des décideurs politiques et/ou économiques (plus rarement par pur humanisme mais ça existe).
Comme il est dit dans cette publi, et comme il est de bon ton de le dire, c'est aux jeunes chercheurs de faire le pas !
Max, chercheur en devenir, penseur non orthodoxe, relou conventionnel, critique à croate ou acerbe, mais qui veut bien discuter dans les bons jours.
D'accord avec toi : il faut se méfier des sondages, les premiers 34% sont une première étape importante et l'effort de communication et d'ouverture au public n'est pas suffisamment soutenu par le système et les institutions alors qu'il prend du temps (et le temps est un des premiers obstacles évoqués dans ce sondage).
Par contre, est-ce vraiment aux jeunes "d'aller au charbon" ?? Je me le demande, vu que ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin de s'installer dans le moule et de se consacrer à être reconnus par leurs pairs. Au contraire, les chercheurs installés pourraient se permettre de prendre ce temps sur leur travail et ils disposeraient peut-être de plus de recul et de "sagesse"...