Il est intéressant de voir combien l'idée de rendre compte de ses recherches aux citoyens voire de les impliquer dans la définition des politiques de recherche est étrangère à  la plupart des chercheurs. Ainsi pour Ryuujin, élève-ingénieur en agronomie, "la recherche ne peut pas tenir compte de l'opinion publique ; celle-ci n'est pas dirigée par des motivations rationnelles, mais manipulée par des lobbys !"

Pourtant, la raison en est simple (en plus de l'urgence qu'il y a à  réconcilier la recherche française avec son public) : la science propose des choix mais c'est à  la société de choisir ce qu'elle veut pour elle-même, de faire les choix politiques et sociétaux qui sous-tendent la gestion du risque :

La science propose des choix, le droit les traduit en élaborant des normes, l'éthique alerte sur les enjeux concrets qu'ils signifient et apprécie des comportements à  l'aune de ces mêmes choix. La société ne peut s'en remettre à  aucune de ces disciplines pour décider de son avenir, sinon il lui échappera, mais n'est-ce pas déjà  le cas ? (Bertrand Mathieu, « Sciences dans la vie, droit et éthique » dans Cahiers français n° 294, jan-fév 2000)

Ce qui nous rapproche de cette phrase de Stephen Jay Gould (dans Le Renard et le hérisson, 2005), que j'aime beaucoup :

Aucune conclusion factuelle de la science (touchant à  ce qu'"est" la nature) ne peut à  elle seule déterminer une vérité éthique (touchant à  ce que nous "devrions" faire).

Voilà  pour le "Pourquoi ?". Quant au "Comment ?", je reviendrai prochainement sur les conférences de citoyens...