Le retrait par Merck de son anti-inflammatoire Vioxx (qui aurait provoqué des dizaines de milliers de cas supplémentaires de maladie cardiaque) en 2004 a incité la commission des Affaires sociales du Sénat à  créer une mission d'information sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments. Celle-ci a rendu son rapport en juin dernier et consacre de longs développements à  la fausse indépendance des experts vis à  vis de l'industrie pharmaceutique :

Pour exercer leurs compétences, les agences sanitaires françaises font le choix de recourir à  des experts qui ont également des liens avec l'industrie pharmaceutique. Il est donc indispensable qu'ils soient indépendants et désignés selon une procédure incontestable et que les conditions soient réunies pour assurer la pérennité d'une expertise de haut niveau. Sur ce sujet crucial, la mission considère que trois actions doivent être entreprises sans tarder : la valorisation du travail des experts intervenant pour le compte des agences, le développement de la recherche publique en matière de sécurité sanitaire et la définition d'un statut de l'expert.

La partie du rapport en question (page 65 et suivantes) constate que la formation médicale continue est imparfaite, les visiteurs médicaux (bras armés des laboratoires) et la presse médicale participent à  sur-représenter le discours des laboratoires tandis qu'une information officielle aurait plus de bénéfices. Quant à  l'expertise, les modalités de ses recours doivent être précisés, les conflits d'intérêt évités et leur travail valorisé afin d'assurer la pérennité du système d'expertise.

On ne peut s'empêcher de rapprocher ces constats du disease mongering, qui montre que les journalistes aussi sont souvent à  la merci des grosses compagnies pharmaceutiques. De tout ça, le chercheur, le patient, le citoyen et le travailleur qui renfloue les caisses de la sécu ne sortent forcément pas indemnes. Les big pharma, par contre...