Je découvre aujourd'hui une nouvelle "discipline" d'étude des sciences : la psychologie des sciences, qui est une psychologie appliquée à  l'esprit scientifique ; le but que se donne ses praticiens est de connaître la pensée et le comportement scientifique. "Scientifique" est pris ici dans un sens restreint ("propre à  des chercheurs, ingénieurs ou scientifiques professionnels") mais aussi dans le sens large désignant toute personne investie dans une construction théorique, apprenant des concepts scientifiques ou mathématiques, construisant des modèles, testant des hypothèses, tenant des raisonnements scientifiques, solutionnant des problèmes, créant des technologies etc. Les techniques employées vont des techniques psycho-historiques à  la psychologie descriptive, expérimentale, observatrice etc. De quoi donner du grain à  moudre aux rédacteurs d'AlphaPsy, donc !

Si j'ai eu vent de ce mouvement c'est à  cause de la création récente de la Société internationale pour la psychologie des sciences et technologies. Dans l'édito, son président revendique plus largement

la promotion de l'application de la psychologie à  une compréhension sociale et éducative de la pensée et du comportement scientifique et technologique, comme la reconnaissance et le recrutement des talents scientifiques. Les psychologues des sciences connaissent désormais beaucoup trop la nature de la pensée et du raisonnement scientifique, les origines de la construction des théories, la nature de la personnalité, du talent et de la créativité scientifique pour qu'il n'y ait pas de place pour identifier et se rassembler avec des chercheurs comme soi.

Je pense alors aux cas fameux de raisonnement scientifique étonnant (Kékulé qui rêve d'Ouroboros dans son sommeil, Poincaré qui a une vision en montant dans un train — "Au moment où je mettais le pied sur le marchepied, l’idée me vint, sans que rien dans mes pensées antérieures parut m’y avoir preparé" —, Planck qui découvre sa formule fondatrice de la physique quantique grâce à  une analogie avec la thermodynamique et la formule de Boltzmann…) et me dis qu'il doit en effet y avoir beaucoup de choses à  découvrir dans ce domaine. Mais l'accusation de relativisme guette (explication dans le prochain billet, ça c'est du teasing !)...