Les 16 profanes du panel de la conférence de citoyens sur les nanotechnologies ont rendu aujourd'hui leurs conclusions, à  l'issue d'une journée de synthèse, réflexion et mise en forme. Huit pages dont cinq portant sur les constats, que je vais passer sous silence ici[1] pour m'intéresser aux recommandations :

  • chaque industriel doit être moralement responsable des risques écologiques et sanitaires qu'il fait encourir par les nanotechnologies ;
  • une "charte de transparence" doit être mise en place pour assurer précaution, protocole de manipulation, étiquetage et évaluation des risques ;
  • le principe de précaution doit être respecté, d'autant que des nanoproduits ont déjà  intégré le marché en dépit du manque de recherche sur leur dangerosité ;
  • un étiquetage clair et précis pour les produits issus des nanotechnologies doit être instauré ;
  • la communication sur les nanotechnologies doit être diffusée très largement dans un langage accessible à  tous, et sur tous les supports (presse, radio, TV, Internet…) ;
  • il faut développer les moyens budgétaires alloués à  la CNIL, avec la mise en place d’actions de sensibilisation sur le respect des libertés individuelles à  l’échelle de l’Union Européenne ;
  • il faut mettre en place un partenariat avec les principales associations de consommateurs qui serviront de relais avec les citoyens ;
  • il faut renforcer de la recherche, orientée vers des réels objectifs scientifiques (sic) ;
  • et, pour représenter les intérêts des citoyens, il faudrait créer une instance indépendante composée de personnalités politiques, scientifiques, philosophes, membres de comités d’éthique, citoyens représentatifs (membres d’associations reconnues) qui aura pour rôle de veiller au respect de l'éthique, surveiller les recherches des laboratoires, donner un avis sur la poursuite de ces recherches, vérifier la bonne utilisation des fonds investis par la Région, établir une nomenclature des produits potentiellement dangereux, établir une traçabilité des nanoparticules de la production à  la destruction ou au recyclage et communiquer le résultat de ses travaux et de ses conclusions aux citoyens.

Bref, on n'est en gros pas loin de ce que prédisait Denis (bravo !)… Mais avec des propositions concrètes et plus détaillées.

Sinon, quelques mots sur le déroulement de la conférence. On a pu suivre samedi la diffusion en direct des tables-rondes en public. De vraies questions (à  défaut de réponses, souvent insatisfaisantes) et des discussions plutôt ouvertes. Devant prendre ma voiture après avoir regardé la première heure de débat, je regrettai de ne pas pouvoir suivre le débat à  la radio. Une couverture médiatique en continu, qui permettrait d'intéresser véritablement à  ce type de conférences de consensus et "passionnerait" les Français, chacun faisant ensuite siennes les conclusions du panel, voilà  ce dont je rêve… Plus pragmatiquement, des échos me sont parvenus de l'ambiance à  l'intérieur du panel et de l'organisation. Il semblerait que les citoyens étaient relativement infantilisés par les 4 ou 5 animateurs de l'IFOP et ont reçu une information plutôt pro-nanotechnologies, n'entendant nullement parler de Jean-Pierre Dupuy ou de Jacques Testart. Quant au Conseil régional, il lui reste à  mettre en œuvre ces conclusions, comme il s'y est engagé !

Il y aura probablement quelques rebondissements à  suivre bientôt, et peut-être (j'espère !) dès demain dans la presse nationale.

[Mà J 23/01] Revue de presse:

  • Libération estime que la Conférence de citoyens a montré [...] sa pertinence puisque le vice-président (écologiste) du Crif en charge de la recherche, Marc Lipinski, prend acte de ces recommandations et propose d'inclure des associations dans la «gouvernance» des réseaux subventionnés, annonce un financement pour des études toxicologiques et promet de porter au niveau national la demande d'un observatoire des nanotechnologies ;
  • Les Echos (réservé aux abonnés).

Notes

[1] Il en ressort que le panel se déclare majoritairement favorable aux nanotechnologies, qui représentent indéniablement un progrès et même un espoir pour le monde d'aujourd'hui et de demain que ce soit dans les domaines de la santé, de la vie quotidienne, de notre environnement et de notre cadre de vie, à  condition que l'éthique soit respectée, la liberté (pas de société "big brother") et la maîtrise des risques.