Soutenance, enfin
27
sept.
2008
Après avoir terminé puis repris les études, me voici sur le point de terminer une seconde fois : mon mémoire de Master "Etudes sociales des sciences et des technologies" a été envoyé aux quatre membres du jury et je m'apprête à le soutenir mardi prochain. Le sujet de ce travail, je crois, surprendra les lecteurs de ce blog : j'aurais pu me faciliter la tâche et choisir d'étudier les blogs de science, ou les manières de montrer la science en train de se faire, ou toute autre problématique souvent abordée ici-même. Au lieu de ça, il a fallu que mes études d'agronomie me fassent croiser la route des stimulateurs des défenses naturelles des plantes (SDN). Je leur ai consacré un travail bibliographique à l'Agro, l'occasion de mieux comprendre cette famille originale de pesticides qui aide la plante à se défendre (on les surnomme aussi "vaccins des plantes"). Mais je voyais bien que je ne pouvais comprendre que 50% des SDN. L'essentiel était invisible pour les yeux… de l'agronome. Il fallait faire œuvre de sociologue pour comprendre ce que travailler sur les SDN veut dire, ce qu'ils doivent déplacer et reconfigurer pour se faire une place au soleil. Bref, les SDN étaient le premier objet "hybdride" (pour reprendre la terminologie de la sociologie des sciences) que je rencontrais pour de vrai.
Du coup, dès que je me suis inscrit en Master, j'ai demandé si l'on était libre de choisir son sujet de mémoire, pour pouvoir le leur consacrer. C'est chose faite, et j'ai cherché à les accommoder à la façon de mon autre obsession : Bruno Latour. La soutenance ci-dessous, offerte sous la forme d'un slidecast (c'est-à -dire avec ma douce voix en prime), vous permettra donc de tout savoir (ou presque) sur les SDN avec une approche latourienne. Je ne mets pas mon mémoire en ligne, parce que j'y cite nommément un paquet de chercheurs qui n'ont pas donné leur accord pour voir leurs propos étalés ici. Mais voici déjà une bonne synthèse et si une version anonymisée devait sortir un jour (pour un article scientifique ?), vous serez les premiers avertis…
Commentaires
Bon courage pour la soutenance mon cher Enro. Quel est le logiciel utilisé pour le diaporama, il pourrait m'être utile pour répéter la mienne ?
Arno > Alors, la technique : la présentation est sous Keynote, exportée au format PDF ; le texte est enregistré au format MP3 à l'aide d'un dictaphone. Le tout est chargé sur Slideshare.net et le slidecast est synchronisé pas à pas à l'aide de la fonctionnalité du même nom… C'est ludique, ça permet de conserver ce travail éphémère et mine de rien, ça m'a bien entraîné pour le jour J ! ;-)
Merci pour cette diffusion Enro. Par contre je suis surpris du fait que des chercheurs ne souhaitent pas être cités. En fait je ne comprends même pas qu'il aient leur mot à dire ... à moins qu'il s'agisse de dévoiler des secrets de stratégies d'entreprises privées. Est-ce le cas ?
Christian > Merci d'aborder cette question, j'avoue que ce n'est pas très clair pour moi. Lors de mes entretiens, je n'ai pas abordé la question de la publicité qui allait être donnée aux propos qui me seraient confiés. Je me sens à l'aise pour les reproduire dans mon mémoire universitaire puisque les interviewés savaient que c'était le but de mon travail. Maintenant, les sociologues anonymisent souvent les paroles qu'ils rapportent (exemple qui va très loin : ). Dans mon cas, ce n'est pas tant qu'on m'ait confié des "secrets industriels" mais quand un chercheur m'explique que ou quand un autre chercheur accuse un collègue d'être un "chimiste" (sic), je ne suis pas sûr qu'ils seraient confortables à l'idée de voir ces propos reproduits et signés sur le web…
La question de la citation ou non-citation des chercheurs m'étonne aussi. Aux Etats-Unis et ici, au Québec, il y a des années qu'on est engagé dans un courant de numérisation des mémoires et thèses. Ce qui veut dire que mémoires et thèses ont la possibilité (théorique, j'en conviens) de se retrouver lus par davantage que 3 ou 4 personnes. Par ailleurs, même avant la numérisation, n'importe qui pouvait aller à la bibliothèque et lire un mémoire. Qu'un chercheur soit d'accord pour être cité dans un mémoire devrait signifier, par définition, qu'il soit d'accord pour être cité. Ou bien quelque chose m'échappe dans les us et coutumes gaulois? :-)
Ceci dit, bravo pour ta soutenance... c'est le moment de pousser un grand Ouf!
Pascal > Mon université numérise surtout les thèses, les mémoires étant semble-t-il condamnés à croupir en bibliothèque et y prendre la poussière… Une précision quand même : l'entretien était enregistré avec l'accord oral des personnes interrogées. Je me contente de cet accord tacite pour la reproduction de leurs propos dans mon mémoire, mais le fait que les conditions de diffusion n'aient pas été clairement discutées ne m'incite pas à aller au-delà . Notamment au vu des pratiques de la discipline que je mentionnais dans le commentaire #4…
Bon alors, cette soutenance, ça a donné quoi ???
NB : je t'autorise à citer cette question dans ton prochain mémoire, sous forme écrite, orale, numérique ou autre.
Pablo > Ca a marché super, merci. On m'a recommandé d'en faire une publication ;-)
Félicitations pour ces travaux. Ton attrait pour la pluridisciplinarité ne date pas d'hier : j'ai encore en mémoire les propos que tu tenais il y a 10 ans maintenant. Tu déplorais d'être contraint de choisir entre les différentes séries de bac, expliquant que tu étais également très intéressé par les disciplines enseignées dans les deux autres filières. Ton parcours universitaire singulier montre que tu n'as pas changé d'avis depuis.