Parce que je viens de déménager à  Edimbourg, l'idée pour cette chronique était de parler un peu en détail de la blogosphère scientifique suisse. L'esprit de contradiction sans doute ;-)

On peut commencer avec quelques têtes d'affiche qui font honneur aux blogs de science suisses. Dr Goulu me laisse bouche bée : ingénieur en informatique de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, docteur en automatique de l'EPFL, il s'intéresse aussi à  l'astronomie, les casse-têtes mathématiques, la physique etc. Les auditeurs s'en souviennent peut-être, j'avais parlé de lui à  propos d'un débat sur les énergies renouvelables et notamment la comparaison entre l'éolien et l'hydraulique. Dr Goulu se pose des questions comme nous tous mais lui n'hésite pas à  faire un calcul sur un coin de table ou à  écrire quelques lignes de programme informatique pour trouver un début de réponse. Bref, son blog (ou plutôt ses blogs, car Dr Goulu essaime sur la toile) est une vraie mine d'informations.

Benjamin Bradu fait sa thèse au CERN de Genève, où il travaille sur les systèmes de refroidissement des accélérateurs de particules comme le LHC (ce que l'on nomme la cryogénie). Ca le place en première ligne pour parler de l'accident qui a stoppé net le LHC et a endommagé le circuit de refroidissement, parmi de nombreux autres sujets de physique abordés sur son blog.

Fabrice Gabarrot vient tout juste de décrocher sa thèse de doctorat après plusieurs années passées au laboratoire de psychologie sociale de l'université de Genève. La psychologie sociale, c'est la discipline qui étudie le comportement d'un individu en interaction avec d'autres personnes. Sur son blog intitulé "Panopticon", Fabrice suit l'actualité de la discipline, informe de ses derniers travaux et donne par exemple son avis sur le mérite comparé des recherches en neurosciences considérées comme "dures" et des recherches en neurosciences sociales considérées comme plus "molles" !

Pablo Achard est rentré récemment des Etats-Unis pour occuper un poste de chargé de mission au Centre des sciences affectives situé à  Genève. Du coup, il s'intéresse à  la façon dont la crise financière actuelle secoue les universités américaines et dont le modèle américain sert de prétexte aux réformes en cours en France. Et puis comme son parcours professionnel a pris un tournant nouveau à  son retour en Europe, il parle également des carrières scientifiques alternatives. Bref, des sujets assez politiques mais avec un vrai point de vue et une volonté de faire avancer le débat !

Mais l'administration suisse se met aussi au blog, notamment l'Office vétérinaire fédéral depuis mars 2008. Bilingue Français-Allemand, il doit permettre de "communiquer ses opinions et ses réflexions d'une manière plus directe et susciter la discussion dans le public". La mission pourrait presque être remplie, comme le montre ce billet annonçant la disparition au 1er janvier dernier des contrôles vétérinaires entre la Suisse et ses voisins européens. On y trouve quelques commentaires, se demandant par exemple de ce qu'il advient des importations de boeuf aux hormones en Suisse ; malheureusement, les autorités ne prennent pas la peine de répondre et la discussion s'arrête très vite. On peut donc regretter que dans cette expérience, le blog soit considéré comme un espace de diffusion et non une plateforme de discussion, dont j'essaye pourtant de montrer l'intérêt au fil de mes chroniques.

Enfin, pour les jeunes lecteurs et auditeurs qui prévoient d'entrer à  l'EPFL ou l'ETH Zà¼rich, qu'ils sachent que ces institutions ont mis en place chacune une plateforme de blogs. Ceux-ci sont utilisés aussi bien par les chercheurs que les étudiants, les enseignants ou les administrateurs de l'université, et la langue choisie pour blogueur dépend souvent de la catégorie à  laquelle on appartient. Il est intéressant de noter que ces plateformes ont autant une fonction de communication interne que d'affichage externe, tout le contenu produit étant explicitement rattaché à  l'université.