Inductions, conjectures, vérifications, déductions... se retrouvent dans (et fondent) les pratiques scientifiques mais servent aussi à  décoder le discours de ces mêmes scientifiques... pour s'apercevoir qu'ils racontent pas mal de bêtises ! J'ai déjà  pointé du doigt le piège de la distinction entre conjecture non réfutée et connaissance vérifiée (ou prouvée), voici qu'un autre exemple nous est fourni aujourd'hui par un courrier des lecteurs paru dans Nature.

Dans icelle, Gerdien de Jong et Gert Korthof entendent donner tort à  un chercheur polonais dont une lettre publiée dans Nature avait fustigé le biais pro-évolutionniste de la revue.

De plus, où est le biais dont parle Giertych ? Le fait même que sa lettre ait été publiée montre que Nature n'a aucun biais contre ceux qui critiquent l'évolution.

Les chercheurs ici s'appuient sur un unique contre-exemple pour réfuter l'affirmation de Giertych. Cela serait tout à  fait cohérent si cette affirmation était réfutable avec un seul cas à  l'appui. Mais Giertych parle de "biais", et les biais sont toujours statistiques : ce qui compte ce n'est pas que sa lettre ait été publiée mais la proportion de lettres ou d'articles acceptés pour publication qui critiquent la théorie de l'évolution par rapport aux lettres ou articles pro-évolutionnistes. Un cas ne réfute rien, il faut des grands nombres, il faut des répétitions, il faut un intervalle de confiance etc.

Quand je vous disais que les scientifiques ne maîtrisent pas bien leur Popper !