La science, la cité - Des nouvelles des relations science-société - Commentaires"La science, la cité" par Enro, alias Antoine Blanchard2022-01-02T10:30:39+01:00Antoine Blanchardurn:md5:82e22a81528fc95c4abd5bc77b387e64DotclearDes nouvelles des relations science-société - cicurn:md5:0f227e8cb0b876e0aa42698cf12c3be92007-06-01T08:47:38+00:002007-06-01T08:47:38+00:00cic<p>Merci enro pour votre longue et intéressante réponse. J'aime beaucoup votre blog.</p>
<p>Je continue cependant de penser que vous faites une confusion, en ne distinguant pas suffisamment:</p>
<p>1) un aspect interne à la science: la prise de conscience par les scientifiques du caractère "sociologique" de leur activité, de leur milieu, le fait que la science repose beaucoup sur le consensus et les institutions et ne peut avancer qu'en allant dans les failles de ce consensus (en simplifié),</p>
<p>2) un aspect externe à la science: le poids croissant des techniques et de la science dans la vie de chacun, même des non-scientifiques, qui fait entrer le progrès scientifique en collision avec des croyances, des habitudes, et en fin de compte (pour ceux qui y croient comme moi) la morale.</p>
<p>Tout homme est créatif certes, mais cela dans des domaines différents: technique, politique, relations humaines, art,... et ces activités ne sont pas solubles dans la notion de science, ou alors il faut changer la définition du mot "scientifique" (et élargir les définitions données par Latour, ce qui paraît difficile).</p>
<p>En revanche, il est important que les scientifiques soient "ouverts" sur le monde, car c'est là qu'ils trouveront les failles et les nouveaux sentiers (aspect 1)). Mais ils sont les seuls compétents pour en faire de la science (formalisation, expérimentation).</p>
<p>Et inversement, on ne réalisera pas une éthique des sciences (aspect 2)) sans une implication du plus grand nombre (et des décideurs politiques) dans le fond des débats scientifiques. Dans ce domaine la pédagogie est essentielle (mettre la main à la pâte, comme vous dites parfaitement).</p>
<p>Cela vous ennuie peut-être d'éterniser le débat.</p>
<p>Nos deux positions ne me semblent pas conciliables, mais nous sommes peut-être d'accord sur le fait que c'est le débat qui fait avancer la science comme la société.</p>
<p>Nous n'arriverons cependant pas à nous mettre d'accord sur la notion de débat: lieu d'émergence du consensus peut-être pour vous, lieu d'affrontement de convictions et de lutte de pouvoir en tout cas pour moi.</p>Des nouvelles des relations science-société - Enrourn:md5:a44fd5ceab0dd491e4c2f90124daac502007-05-31T15:05:57+00:002007-05-31T15:16:31+00:00Enro<p>cic > Bonjour et merci pour votre commentaire, auquel je vais essayer de répondre.</p>
<blockquote>Je trouve qu'il y a une contradiction entre votre conception des relations science-société et les trois définitions du mot "scientifique" que vous reprenez de Latour (dans votre <a href="http://www.enroweb.com/blogsciences/index.php?2007/05/08/159-le-dessein-intelligent-enfin-scientifique" rel="nofollow">article sur le créationnisme</a>). Il y a dans la science des vérités que l'on ne peut qu'asséner, et il n'y a même que cela.</blockquote>
<p>Je ne vois pas où se trouve la contradiction. Nulle part Latour ne mentionne le critère de véracité ou de vérité, c'est justement ce qui change de la conception classique.</p>
<p>On a pu croire en effet que la science était faite de vérités absolues, se construisant comme un progrès ("on sait aujourd'hui plus et mieux que hier"). Mais voilà , depuis Kuhn environ, il apparaît que l'activité scientifique n'est pas unidimensionnelle, elle n'oppose pas que le vrai et le faux. Elle crée des objets et des concepts, en déployant quantité de signes, de données et d'outils, pour créer un discours qui pourra s'opposer de front au discours politique, juridique, éthique etc. (je reprends ici les trois dimensions données par Latour). Voilà pour la mise au point.</p>
<p>Partant (et je pourrais comprendre que vous ne soyiez pas d'accord, auquel cas arrêtez-vous ici dans votre lecture), il ne faut plus penser les sciences de la même façon. Or il apparaît que justement, elles ne se conçoivent plus de la même façon dans la société : elles étaient froides, elles deviennents chaudes, incertaines, <a href="http://www.enroweb.com/blogsciences/index.php?2007/04/02/119-quist-chapela-et-le-mas-mexicain" rel="nofollow">controversées</a>, <a href="http://le-doc.info/2007/03/14/112-preuve-scientifique-et-decision-politique" rel="nofollow">politiques</a>... Elles ne sont plus figées dans leur laboratoire mais vivantes dans la société, et celle-ci a appris à vivre avec les nouvelles entités scientifiques qui naissent chaque jour. Elles sont plus lourdes aussi, puisqu'on est passé du microscope à l'accélérateur de particules. Dans ce contexte, il n'est plus possible de vivre la relation avec le public de la même façon. Je ne parle de l'enseignement ou de la pédagogie, ce n'est pas mon rayon et la vision de Latour ne s'applique pas forcément à cette science-là (par contre la vision des <a href="http://www.cognition.ens.fr/traces/articles/partage_eastes.pdf" rel="nofollow">pédagogues des sciences</a> ou de "La main à la pâte", oui). (Une parenthèse d'ailleurs. Vous écrivez : <q>Mais cela ne veut pas dire que n'importe qui peut devenir un scientifique: tout le monde doit pouvoir comprendre, mais pas tout le monde ne peut faire de la science hélas (ou tant mieux car une terre peuplée de petits Einstein serait quelque chose qu'il vaut mieux ne pas imaginer).</q> Je pense que vous faites erreur, coincé dans l'image du scientifique génial que j'essaye de démonter dans ce blog. Certains scientifiques sont des gens brillants voire visionnaires, d'autres sont des bricoleurs ou des "travailleurs de la preuve". Et il serait souhaitable que tout le monde puisse faire de la science, de cette science si diverse, comme tout le monde pourrait faire de la musique, du sport etc.)</p>
<p>Ordonques, face aux enjeux teintés de science qui touchent aujourd’hui le citoyen (qui ne peut plus rester indifférent au nucléaire, aux OGM etc.), on ne peut plus traiter le public comme avant. Il n’est pas l’ignorant auquel le scientifique doit inculquer son savoir. Le citoyen aussi a des réponses, des conceptions, une rationalité propre – qui ne peut se réduire à du vrai ou à du faux. D’où la nécessaire <a href="http://www.enroweb.com/blogsciences/index.php?2006/11/10/53-de-la-co-construction-des-savoirs" rel="nofollow">co-construction</a>. Permettez-moi de <a href="http://www.enroweb.com/blogsciences/index.php?2007/02/15/121-l-autre-campagne-pour-la-science-et-la-societe" rel="nofollow">citer Dominique Pestre</a> :</p>
<blockquote>Voilà la révolution copernicienne qui nous attend : comprendre que le monde a changé – et pas seulement en mal ; qu’il faut penser à ceux avec qui de nouvelles créativités peuvent être établies ; qu’il faut savoir faire sa part du chemin puisque la vérité, contrairement à ce qu’on a souvent tendance à penser, est distribuée (les problèmes sont complexes) et toujours partielle (il est difficile de tenir tous les paramètres). Dans la plupart des questions qui importent (quelle agriculture ? quel développement ? quelle énergie ? quelle reproduction ?), la solution n’est pas d’abord dans la technique ou la science mais dans le débat ouvert et informé entre citoyens et experts.</blockquote>
<p>Enfin, pour l’exemple des OGM, je vais préciser ma pensée : je me moquais ici de cette conception, encore majoritaire, selon laquelle il y aurait dans l’absolu des bons et des mauvais OGM. Cela dépend de ce que l’on attend d’un OGM, de ceux qui les font, de la manière dont ils sont faits, de comment ils sont évalués et autorisés. Les OGM ne sont pas objets purement scientifiques mais bien politiques, c’est pour cela qu’il est impossible de dire absolument ce qui est bon ou mauvais. Et c’est encore moins à un centre de culture scientifique et technique de faire passer ce message, un message sur les valeurs ! Si ça ne tenait qu’à moi, j’expliquerai plutôt comment sont nés les OGM, ce qu’ils soutiennent et ce qui les fait tenir, bref, je me livrerai à un vrai exercice critique de déconstruction comme le veut la tradition scientifique ! Avec l'ambition d’éduquer plutôt que d’inculquer…</p>Des nouvelles des relations science-société - cicurn:md5:ca8108ecf953e3a050acb8dc5d7e79582007-05-31T13:22:55+00:002007-05-31T13:22:55+00:00cic<p>Je trouve qu'il y a une contradiction entre votre conception des relations science-société et les trois définitions du mot "scientifique" que vous reprenez de Latour (dans votre article sur le créationnisme).</p>
<p>Il y a dans la science des vérités que l'on ne peut qu'asséner, et il n'y a même que cela. Nulle "participation citoyenne" ne peut être attendue dans la recherche scientifique, sauf à vouloir faire, comme les créationnistes, une escroquerie en bonne et due forme.</p>
<p>Il me semble que l'approche classique de la communication scientifique comme pédagogie est la plus adaptée à la matière scientifique elle-même. Et la réelle difficulté consiste à répondre à la question: mais quelle pédagogie est la plus adaptée?</p>
<p>J'ai l'impression qu'au fond vous êtes assez proche de cette position: la pédagogie peut faire appel à l'expérience de chacun, plutôt qu'asséner des démonstrations comme c'est trop souvent le cas dans les écoles. Mais cela ne veut pas dire que n'importe qui peut devenir un scientifique: tout le monde doit pouvoir comprendre, mais pas tout le monde ne peut faire de la science hélas (ou tant mieux car une terre peuplée de petits Einstein serait quelque chose qu'il vaut mieux ne pas imaginer).</p>
<p>Mais enfin je me trompe peut-être et vous êtes peut-être un vrai défenseur de la "co-construction" scientifique, qui pour moi, sous couvert de respect de chacun, prend en réalité les gens pour des c...</p>
<p>Au total, en bon amateur de Cicéron et de Saint Augustin, je soutiendrais donc cette personne de bonne volonté qui veut expliquer à tous ceux qui ne se contentent pas de préjugés en quoi certains OGM peuvent être dangereux, et en quoi d'autres pourraient être utiles (s'il y en a! ce qui n'est pas sûr pour le moment me semble-t-il).</p>Des nouvelles des relations science-société - cécileurn:md5:a8e637d035a95c993b9a5fccde53543b2007-05-14T17:28:00+00:002007-05-14T17:28:00+00:00cécile<p>Cette conférence m'aurait sûrement intéressée !
Il est vrai qu'on rencontre encore aujourd'hui beaucoup de gens - scientifiques, industriels, ou vulgarisateurs - persuadés que les sciences et technologies rejetées par le grand public serait acceptées si ce public était mieux formé et informé. L'école et les médias sont alors accusés de tous les maux. Alors que ce rejet est bien plus profond, et provient de ce que les gens ont l'impression qu'on leur impose des technologies sans leur demander leur avis, avec comme argument "de toute façon, on ne peut pas aller contre le progrès".
Reste à définir comment mettre en place ce système bidirectionnel que tu cites, sans que ça devienne un dialogue de façade (sans aucun impact sur les décisions) ou un prétexte pour ne plus avancer.</p>Des nouvelles des relations science-société - mirzaurn:md5:3f9f84fcc7dceb82da51eb369b164f082007-05-12T16:56:24+00:002007-05-12T16:56:24+00:00mirza<p>Intéressant le fait que tu illustres ton billet par une telle oeuvre d'art : c'est effectivement du même ordre (et si ça marche de la même façon, bah c'est pas gagné...).</p>