A l’ère de l‘open data, on ne peut que s’étonner de ne pas avoir de vision pluriannuelle des financements accordés par l’Agence nationale de la recherche (ANR) ; ou de ne pas savoir sur quels projets travaille tel chercheur et avec quels résultats, ou qui est spécialiste de tel sujet dans telle université… D’autant plus que les chercheurs se plaignent tout le temps de remplir trop de formulaires et de rendre sans cesse des comptes, qu’il s’agisse de soumettre un dossier à l’ANR, de déposer une publication dans l’archive ouverte HAL, de produire leur compte-rendu annuel d’activité ou de remplir le dossier d’évaluation HCERES de leur laboratoire. Voici donc le paradoxe (enfin, un des paradoxes…) de la recherche française : multiplication des saisies de données en entrée, et pauvreté des données publiques en sortie.

Dit autrement par l’Académie des sciences, cela donne (je souligne) : La facilité de diffusion par voie électronique de questionnaires construits de manière peu rationnelle par des personnes très éloignées des laboratoires et n’ayant pas une connaissance réelle de la vie des laboratoires amène les chercheurs à passer un temps de plus en plus grand à remplir de trop nombreux formulaires qui nourrissent des « cimetières à informations » dont la taille semble seulement limitée par celle des serveurs qui hébergent ces formulaires une fois remplis.

Partant de ce constat déplorable, j’ai passé un nombre incalculable d’heures avec ma collègue Elifsu à comprendre d’où venait le problème. Nous avons épluché un grand nombre de documents, rapports et articles ; testé de nombreux logiciels ; et interrogé une douzaine d’acteurs du monde de la recherche. Bref, nous avons pénétré pour vous dans les rouages de l’administration, du pilotage et de la valorisation de la recherche. On dit merci qui ?

Et non seulement nous pensons, modestement, avoir trouvé la réponse, mais en plus nous avons une bonne nouvelle : il existe quelques solutions simples à la déperdition d’information dans la recherche, que vous découvrirez dans notre livre blanc tout juste paru :-)

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Notre analyse devrait rassurer les chercheurs, qui souffrent à la fois du manque d’information sur les orientations de la recherche et de la difficulté à repérer les bons interlocuteurs sur tel ou tel sujet, et des lourdeurs administratives évoquées plus haut. Elle devrait également rassurer les administrateurs : il est possible de rendre l’administration de la recherche conviviale et directement utile, en retirant toutes les corvées (ou les tâches perçues comme telles). Elle devrait enfin rassurer les dirigeants : ce que nous décrivons n’est pas un idéal sorti de nos cerveaux mais des processus, des infrastructures déjà éprouvés en Grande-Bretagne et ailleurs… avec une analyse coûts-bénéfices qui ne laisse aucun doute quant à l’opportunité de rejoindre le mouvement !

Chercheurs, administrateurs, dirigeants de la recherche : la feuille de route est claire et la balle dans votre camp…