La science, la cité

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Mot-clé : créationnisme

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Fraude, publication, pratiques de recherche : comment les pièces s'imbriquent

La structure d'un blog, sa parcellisation en billets, rend difficile la vision synthétique. Ainsi, j'ai pu parler ici de PLoS ONE, là  du peer-review, ici des difficultés à  intégrer la réplication des résultats dans le cours normal de la recherche, là  de la fraude, ici des protocoles expérimentaux bien différents de la réalité. Bien-sûr, on obtient une image assez large des défis de la science aujourd'hui ” mais plus un puzzle qu'un tableau de Hopper.

 2000 piece Robin Hood puzzle ©© INTVGene

Le prétexte à  rassembler toutes ces pièces dipersées m'est fourni par un article de Nature publié en juillet 2006, sur lequel je suis retombé récemment. Comme quoi, il est bon de lire et bookmarker une première fois pour mieux y revenir ensuite par sérendipité... Dans cet article, le journaliste Jim Giles aborde un grand nombre de thèmes et fait le constat suivant (ma traduction) :

Il y a quarante ans, l'immunologiste et Prix Nobel Peter Medawar déclarait que tous les articles scientifiques étaient frauduleux, dans le sens où ils décrivent la recherche comme un doux passage des hypothèses aux conclusions en passant par les expériences, quand la réalité est toujours moins nette que cela. Les commentaires, blogs et trackbacks, en élargissant le domaine de la publication au-delà  des limites de l'article traditionnel, pourraient rendre la littérature scientifique un peu moins frauduleuse ” dans le sens de Medawar comme dans le sens plus général. Ils pourraient aussi aider les nombreux scientifiques frustrés qui luttent pour reproduire des découvertes alors que, peut-être, ils ne devraient pas se donner tant de mal. La réplication, malgré toute son importance conceptuelle, est une affaire sociale, chaotique (messy) ; il se pourrait qu'elle ait besoin d'un médium social, chaotique.

Une profession de foi que je fais mienne, assurément !

J'ai aussi récemment vu une exhortation à  publier des thèses controversées dans des journaux en accès libre, en l'occurrence PLoS ONE, afin qu'elles puissent être discutées ouvertement et sérieusement : le physicien atypique Vincent Fleury est ainsi apostrophé par OldCola (pseudonyme d'un biologiste). Une autre convergence entre préoccupations finalement pas si éloignées...

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Les scientifiques ont décidément du mal avec Popper !

Inductions, conjectures, vérifications, déductions... se retrouvent dans (et fondent) les pratiques scientifiques mais servent aussi à  décoder le discours de ces mêmes scientifiques... pour s'apercevoir qu'ils racontent pas mal de bêtises ! J'ai déjà  pointé du doigt le piège de la distinction entre conjecture non réfutée et connaissance vérifiée (ou prouvée), voici qu'un autre exemple nous est fourni aujourd'hui par un courrier des lecteurs paru dans Nature.

Dans icelle, Gerdien de Jong et Gert Korthof entendent donner tort à  un chercheur polonais dont une lettre publiée dans Nature avait fustigé le biais pro-évolutionniste de la revue.

De plus, où est le biais dont parle Giertych ? Le fait même que sa lettre ait été publiée montre que Nature n'a aucun biais contre ceux qui critiquent l'évolution.

Les chercheurs ici s'appuient sur un unique contre-exemple pour réfuter l'affirmation de Giertych. Cela serait tout à  fait cohérent si cette affirmation était réfutable avec un seul cas à  l'appui. Mais Giertych parle de "biais", et les biais sont toujours statistiques : ce qui compte ce n'est pas que sa lettre ait été publiée mais la proportion de lettres ou d'articles acceptés pour publication qui critiquent la théorie de l'évolution par rapport aux lettres ou articles pro-évolutionnistes. Un cas ne réfute rien, il faut des grands nombres, il faut des répétitions, il faut un intervalle de confiance etc.

Quand je vous disais que les scientifiques ne maîtrisent pas bien leur Popper !

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