On pouvait lire dans le numéro de Mars 2005 du magazine Cosinus un excellent article de la plume de Pascal Boisson sur la phyllotaxie et l'architecture des plantes. Cela m'a remis en tête un passage des Souvenirs entomologiques de Jean-Henri Fabre (connu sous le surnom de "Virgile des insectes"), présent dans la Dixième série parue en 1907. Le naturaliste y fait preuve, comme àson habitude, d'un remarquable sens de l'observation et de la narration.

Dans ce passage, Jean-Henri Fabre évoque la disposition des pièces florales de la rose, ses cinq sépales étant irréguliers : deux sont munis de prolongements foliacés, deux sont totalement dépourvus d'appendices et le dernier est un mélange des deux modèles précédents.

Ce ne sont pas làdes accidents fortuits, variables d'une fleur àl'autre ; toutes les Roses présentent le même dispositif, toutes ont leurs sépales répartis en trois catégories de barbiches. C'est une règle fixe, conséquence d'une loi qui régit l'architecture florale, de même que l'art d'un Vitruve régit nos édifices. Cette loi, d'élégante simplicité, la botanique la formule ainsi : dans l'ordre quinaire, le plus important du monde végétal, la fleur échelonne les cinq pièces d'un verticille sur une spirale serrée, presque l'équivalent d'une circonférence ; et cet arrangement se fait de telle façon que deux tours de spire reçoivent la série des cinq pièces.

Et Jean-Henri Fabre de conclure ainsi, après une démonstration mathématique :

Ainsi s'explique l'énigme de la Rose. La disparité des cinq pièces calicinales, en apparence structure irrationnelle, capricieuse anomalie, est en réalité le corollaire d'une loi mathématique, l'affirmation d'une immanente algèbre. Le désordre part de l'ordre, l'irrégularité témoigne de la règle.

A méditer, et àrelire !!