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mardi 27 juillet 2004

Où Freud éclaire d'un jour nouveau la fantasy

Je ne connais pas grand chose àla psychanalyse, et je ne lis Freud que très rarement. Or il faut reconnaître que certains de ses écrits, surtout lorsqu'ils traitent de domaines annexes àla psychanalyse, éclairent d'un jour nouveau la problématique du créateur littéraire et de l'activité imaginative, ce que lui appelait "der Dichter und das Phantasieren".

Bref, dans le texte du même nom, Freud considère l'idée suivante :

"N'omettons pas de revenir sur cette classe d'oeuvres littéraires dans lesquelles nous sommes obligés d'apercevoir non des créations libres, mais les remaniements de matières déjàprêtes et connues. Dans ce cas aussi, il reste àl'auteur une marge d'autonomie qui est autorisée àse manifester dans le choix de la matière et dans la modification de celle-ci, qui va souvent assez loin. Mais dans la mesure où les matières sont données, elles sont issues du trésor populaire des mythes, des légendes et des contes. Or, l'investigation de ces formations relevant de la psychologie des peuples (völkerpsychologischen) n'est nullement close, mais il est extrêmement probable, par exemple àpropos des mythes, qu'ils correspondent aux vestiges déformés de fantasmes de souhait propres àdes nations entières, aux rêves séculaires de la jeune humanité."

Cette réflexion sur les mythes fait beaucoup penser àRobert Paul Holdstock. Dans son livre La forêt des Mythimages (également traduit sous le titre La forêt des Mythagos), celui-ci décrit une forêt britannique qui a un pouvoir particulier : elle héberge des créatures étranges, les Mythimages, qui sont chacune modelées par l'esprit d'un visiteur de la forêt mais qui puisent leurs racines dans l'inconscient collectif. Ainsi se promène dans cette forêt une Guiwenneth qui pourrait bien n'être qu'une réincarnation de Guenièvre/Gwenhwyfar. Chacune de ces créatures fait partie d'un ensemble et participe àla construction d'une histoire, qui se déclinera toujours et toujours au fil des siècles. Ainsi, dans notre univers, l'histoire d'Oedipe ou le conte du Graal n'ont peut-être été que les manifestations de vestiges séculaires enfouis extrêmement profonds, qui pourraient ressurgir plus tard sous une forme légèrement différente.

Il s'agit làd'une réflexion sur les mythes, qui montre en particulier que ceux-ci meurent mais finissent par renaître, différents, mais toujours liés àleurs prédecesseurs. On n'est donc pas si loin, dans ce roman de fantasy, de Freud ! Qui l'eût cru ?!

lundi 12 juillet 2004

Qu'est-ce qu'un grand roman ou un grand film ?

Lu aujourd'hui :

"Imaginons Madame Bovary, par exemple, réduit àson histoire. Nous n'aurions plus affaire qu'àun roman de gare. Un grand roman ne se laisse pas "résumer" : c'est sans doute même le critère qui en fait un grand roman."
(J.-B. Pontalis, préface àL'inquiétante étrangeté et autres textes de Sigmund Freud)

Comment ne pas être d'accord ? Tous les livres qui m'ont marqué, de La vie mode d'emploi aux romans de Vian en passant par Ubik et Belle du seigneur vérifient cet axiome... Je pense que c'est aussi vrai pour les films (je ne citerai que La règle du jeu ou La vie est belle de Capra dont un simple résumé serait risible !!).

Bon, et alors ? Eh bien, c'est quelque chose àgarder en tête ; sinon, en feuilletant la programmation de la Cinémathèque française pour cet été, on pourrait passer àcôté de grands films comme Eve, Paris, Texas ou La strada dont les résumés donnent assez peu envie. Et je crois bien que c'est ce qui va m'arriver, puisqu'àla place j'ai sélectionné Boudu sauvé des eaux, Drôle de frimousse et Le faucon maltais. Le rendez-vous avec ces grands films n'est que partie remise, je l'espère...