Cela faisait un petit moment que je voulais parler de Zatoichi. Mais difficile de traiter d'un film qui vous fait un première forte impression au cinéma et qui ne vous lâche plus une fois que vous l'avez en DVD. De Zatoichi, j'avais surtout retenu l'aspect "film de Samouraï" (Chambara plus exactement). Mais en le revoyant plusieurs fois, il y a tout le reste qui vous frappe. La beauté de la photo, la lenteur très japonaise du film, le mélange toujours intelligent entre humour et gravité.

Disons-le tout net, Zatoichi est un chef d'œuvre. Pour suivre Takeshi Kitano depuis quelques films, on le savait bon réalisateur, mais j'avais parfois du mal avec son humour très japonais (àl'image de ses shows télé) ou la musique liquoreuse de Joe Hisaishi. Mais je trouve qu'il s'empare ici magnifiquement de cette histoire de masseur aveugle maître en arts martiaux.

Il fallait être culotté pour jouer un aveugle, les yeux fermés, dans son propre film en tant que réalisateur. Il fallait oser baser un film sur la musique et le rythme (et c'est une trouvaille de génie) en terminant par une scène de claquettes japonaises. Sans parler des scènes de combats, des effets spéciaux de sang et de toute la construction du film, très maîtrisée sans tape-à-l'œil. Kitano ne flatte jamais le spectateur, il ne le prend pas pour un idiot.

Et surtout il y a les personnages. Touchants, humains, magnifiquement interprétés. Les tics du visage de Kitano n'ont jamais autant apporté àun personnage (même pas Aniki).

Bref, mêlant la tradition du cinéma japonais avec une grande dose de modernité, le mélange éblouit dans Zatoichi. Chapeau, Kitano !