Voici donc mes citations choisies et croisées sur le thème de la peste. Commençons par des considérations générales sur l'épidémie...

Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. (Albert Camus, La Peste)

Ici, nous pouvons observer — et j'espère qu'il ne sera pas mal àpropos de le noter — que la perspective d'une mort prochaine aurait vite fait de réconcilier entre eux les hommes de bons principes et que c'est surtout àcause des conditions faciles de notre existence et de l'habitude que nous avons d'écarter ces questions de notre pensée que sont fomentées nos divisions, que s'entretiennent les rancunes, les préjugés, les manquements àla charité et àl'unité chrétiennes que l'on voit si tenaces et si poussées parmi nous. Une autre année de peste réconcilierait toutes ces querelles ; des rapports assez proches de la mort ou avec certaines maladies menaçant de mort écumeraient l'amertume de nos humeurs, feraient disparaître nos animosités mutuelles et nous feraient voir les choses d'un œil tout différent. (Daniel Defoe, Journal de l'année de la peste)

Et deux allusions acerbes àun évènement récurrent, la fuite de la cour, du roi ou du parlement de Londres, en période d'épidémie :

De même que l'on fuyait àprésent loin de la ville, je dois faire remarquer que la Cour était partie de bonne heure, dès le mois de juin, et s'était installée àOxford, où il plut àDieu de la préserver. La maladie n'en toucha, que je sache, aucun membre; mais il faut avouer que jamais on n'en vit le moindre faire montre de reconnaissance, et guère de réformation personnelle, en dépit de tous les avertissements signalant àtous ces gentilhommes — sans entorse àla charité — que leurs vices criants n'avaient sans doute pas peu contribué àattirer ce terrible jugement sur la nation entière. (Daniel Defoe, Journal de l'année de la peste)

In later years, Reading seems to have been regarded as a handy place to run down to, when matters were becoming unpleasant in London. Parliament generally rushed off to Reading whenever there was a plague on at Westminster; and in 1625, the Law followed suit, and all the courts were held at Reading. It must have been worth while having a mere ordinary plague now and then in London to get rid of both the lawyers and the Parliament. (Jerome K. Jerome, Three Men in a Boat)