- Est-ce que Olivier de Serres en parle dans son
Théâtre d'agriculture et Mesnage des champs (1600) ?
Ce livre a pour objectif de définir ce que devrait être, selon Olivier de Serres, un domaine organisé et géré en utilisant au mieux toute l'expérience et toutes les connaissances agricoles de l'époque. On y observe que la pratique agricole est déjà fort évoluée en ce début du XVII
e siècle. Cela s'explique aisément : plus de deux mille ans de tâtonnements avaient permis de tester différentes techniques et de retenir celles qui constituaient un progrès. C'était particulièrement vrai pour ce qui concerne les productions végétales. Il n'en reste pas moins qu'Olivier de Serres n'est pas un scientifique. "Olivier de Serres n'interprète pas lui-même les phénomènes qu'il observe, il accepte la théorie des anciens, quand elle ne choque pas trop son bon sens et se borne à décrire en détail toutes les opérations culturales sans chercher à en établir les fondements théoriques. En écrivant un traité complet d'agriculture, il fait œuvre de technicien, non de savant." (Raoul Cerighelli, professeur à la faculté des sciences de Marseille, 1947). Le 20 août 1789, Arthur Young fit un détour par le Pradel : "Je contemplai la demeure de l'illustre père de l'agriculture française, de l'un des plus grands écrivains sur cette matière qui eussent alors paru dans le monde…" (
Voyages en France) Ce que dit Olivier de Serres (dans la préface) des différents terroirs :
Je ne veux pas dire, qu'il n'y ait différence de terre à terre. Ce seroit avoir perdu le sens commun, d'esgaler tous terroirs en bonté et fertilité : mais bien, que l'expérience n'a pas, sans suject, faict recognoistre la vérité de ce proverbe, un pays vaut l'autre. La montagne où il y a des arbres et herbages, dont il se retire plusieurs commodités servans à divers sugaes de très-grand profit, ne cède en revenu à la vallée et campagne, qui ne rapportent le blé qu'avec beaucoup de despence et labeur. Cela se void assés sans en recercher la preuve ailleurs que dans notre contrée de Languedoc, d'où les plus grands et riches maisons, sont ès montaignes de Vivarets et Gévaudan.
Histoire de l'agronomie, date de création de l'INA : après le technicien Olivier de Serres, Duhamel du Monceau (1700-1782) sera l'agronome le plus important du XVIIIe siècle, savant membre de la Société d'agriculture de Paris et président de l'Académie des sciences, égal de Buffon et Lavoisier, un des fondateurs de la phytopathologie mais travaillant également sur la greffe des arbres fruitiers, la croissances des animaux, le transport d'espèces exotiques par bateau et des travaux de chimie sur le tartre, l'ammonium, le carbonate de soude mais surtout mettre au point les principes de la nouvelle culture dans laquelle on sème large en désherbant les entre-rangs, on sème des prairies artificielles… Même si en agronomie le siècle des lumières est le XIXe, Duhamel du Monceau aura apporté grand nombre d'idées nouvelles ainsi que l'approche expérimentale. L'agronomie se pratique, la Société d'agriculture de Paris et la Société royale d'agriculture existent mais les agronomes sont souvent chimistes (Lavoisier, Boussingault), botanistes (Duhamel du Monceau) ou pharmaciens (Parmentier) de formation. Jusqu'en 1850 et l'apparition du semoir en ligne, le semis se faisait encore à la volée d'où l'impossibilité de désherber mécaniquement, à part pendant la jachère, d'où l'obligation d'un assolement triennal ancien : froment ou seigle/orge ou avoine/jachère contre lequel s'élevait le nouveau système et son assolement plante sarclée/céréale/praire artificielle. Mais, placés dans des conditions de survie et condamnés à travailler sans interruption, les petits agriculteurs n'avaient guère le temps de réfléchir aux nouvelles techniques et les mettre en œuvre. Seuls des hommes de progrès issus de la bourgeoisie pourront à cette époque s'investir dans l'amélioration des méthodes de culture. L'École d'agriculture de Grignon ouvrira ses portes en 1828.
Agronomes ou jardiniers dans l'expédition de Bonaparte en Égypte ? -> aucun sur les 167 membres de la "Commission des sciences et des arts" = savants
Sources
Jean Boulaine et Jean-Paul Legros.
D'Olivier de Serres à René Dumont, portraits d'agronomes. 1998 (Lavoisier Tech & Doc)
Olivier de Serres.
Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs. 1996 (Actes Sud coll. Thesaurus)
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