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mercredi 18 juillet 2007

Plaidoyer pour le son et le mouvement

J'étais comme Béné, j'avais aimé Persepolis (le film) et pensais que c'était le cas de tout le monde. Mais je me trompais, comme je l'appris ce matin en lisant le blog de Philippe de Jonckheere. Lui n'a pas aimé, et le fait savoir. Alors j'ai éprouvé le besoin de prendre la plume pour rajouter quelques commentaires, dérisoire ajout àce qui a déjàété trop écrit...

Ce qui m'a paru extraordinaire, au sens propre du terme, c'est de voir surgir ces images que l'on ne connaissait que figées (en BD). Certes, elles se mettent en mouvement, deviennent des "images mouvantes". Mais surtout, Marjane Satrapi et son co-réalisateur donnent du corps àla BD en créant une ambiance qui touche tous nos sens. Ainsi, l'ouïe se trouve gratifiée non seulement d'une bande originale, mais de superbes trouvailles sonores...

Il y a notamment cette scène où la jeune Marjane répète "A bas le Shah !" en tournant en rond dans la pièce. L'intonation de la voix, la vitesse de la diction sont parfaits. Voilàque tout d'un coup, les mots sont portés hauts et forts et ils s'incrustent dans notre tête. Il y aussi la version que donne Chiara Mastroianni de "Eye of the tiger", chantée comme un casserole et sur laquelle on a déjàtant jasé. Cette chanson en dit long sur le personnage, elle prend réellement vie et n'a plus rien àvoir avec les clés de sol brisées que dessinent d'ordinaire les bédéastes pour montrer les fausses notes.

Ce n'est pas seulement une question de passage d'un média àun autre. C'est une question de réincarnation de l'histoire. Alors si rien ne différencie ce film de n’importe quel autre film selon les mots de de Jonckheere, cela au moins le différencie des autres "mises àl'écran". Je sais que je revisualiserai au moins ces deux moments quand je relirai la BD, parce que le son sera devenu image et vice-versa. Et ça, c'est magique !

mercredi 30 mai 2007

Dentelles Vador

Luke, je suis ta mère ton père !

jeudi 3 mai 2007

« La gratuité c'est le vol » déclare le ministre des finances

Un texte signé de l'écrivain Roland C. Wagner, copiable àvolonté selon les termes de la licence Creative Commons by-nc-nd 2.0.

« La loi sur le préservation de l’économie et la diminution de la dette publique est une loi juste, digne d’une grande démocratie comme la France, » appuie le président. « Il faut préserver notre industrie, notre commerce et nos services contre les ravages de la gratuité. Les revenus des auteurs et des compositeurs ne sont-ils pas en train de plonger àcause de la concurrence déloyale exercée par les artistes qui mettent leur musique en libre accès, contrairement àtoutes les règles du marché ? Les ventes des quotidiens ne sont-elles pas en chute libre en raison de la multiplication des sources d’informations gratuites - et, disons-le, le plus souvent douteuses ? Nos artisans ne sont-ils pas menacés par le travail au noir non rémunéré qui se multiplie en catimini ?
« Il devenait urgent de mettre un terme àces abus qui mettent en péril le pays tout entier. C’est pourquoi, après avoir écouté avec attention les différents acteurs économiques, le gouvernement a décidé d’interdire toute offre de service ou de produit gratuit dès lors qu’il existe une solution payante équivalente. Par conséquent, le don, le prêt et àplus forte raison la copie des produits culturels est interdite, dans le souci de défendre les créateurs contre la véritable spoliation dont ils sont victimes chaque fois qu’une de leurs œuvres est consommée sans contrepartie financière. De même, il est désormais défendu aux associations caritatives de procurer gratuitement nourriture, vêtements ou services pour ne pas concurrencer les commerces et entreprises au bord de l’asphyxie financière. Recourir aux services de l’État sera désormais facturé àl’acte, afin de donner àchacun la possibilité du libre choix dans tous les domaines, y compris celui de la sécurité des biens et des personnes.
« À partir du premier janvier de l’année prochaine, la vente de produits de seconde main sera interdite, afin de protéger les producteurs. Seuls les objets de collection d’une valeur supérieure àcent euros échapperont àcette règle. De fait, brocantes et vide-greniers sont appelés àdisparaître en faveur de foires ne proposant que des objets neufs, dans le but de préserver les emplois de ceux qui fabriquent les objets en question. À cette même date entrera en vigueur l’article 17 de la loi qui condamnera sévèrement le travail gratuit, cette plaie de notre société. Aider quelqu’un à, par exemple, refaire le papier peint de son salon sera dés lors passible de 5 ans de prison et de 375 000 euros d’amende, sauf bien entendu àl’intérieur du cercle familial restreint tel qu’il a été défini par la loi sur la famille du mois dernier - c’est àdire limité aux personnes possédant au minimum 50 % d’ADN en commun, les individus prédisposés génétiquement àla malhonnêteté et àl’incivilité étant bien entendu exclus.
« C’est ainsi, mes chers compatriotes, que nous sauverons la France et reviendrons àune croissance positive dès l’année prochaine. En supprimant àjamais l’illusion scandaleuse de la gratuité. »

DÉPÊCHE AFP : « Un boy-scout qui avait aidé une vieille dame àtraverser la rue sans lui réclamer son chèque emploi service a été condamné àtrois ans de prison dont deux avec sursis et 10 000 euros d’amende par le tribunal de Nice. Le ministre de l’intérieur, qui estime la sanction bien légère, a demandé au parquet de faire appel. »

Dix-sept autres courtes nouvelles de science-fiction sur le même sujet (N. Sarkozy pour ne pas le nommer) sont àlire sur le site du Cafard cosmique.

dimanche 29 avril 2007

Il se concentra sur une scène àdix minutes dans le futur…

Cris Johnson, mutant, tente de s'évader du centre de détention où l'a placé l'autorité américaine de contrôle des mutants. Sauf qu'il possède un don bien commode :

Il se concentra sur une scène àdix minutes dans le futur. Elle lui montrait, telle une photo en trois dimensions, une arme lourde au bout du corridor, braquée sur l'autre extrémité. Des hommes allaient prudemment de porte en porte, fouillant chaque pièce comme ils l'avaient déjàfait àplusieurs reprises. À la fin de cette demi-heure, ils auraient atteint le placard et regarderaient àl'intérieur. Mais àce moment-là, il serait déjàparti, naturellement. Il ne figurait pas dans cette scène. Il était passé àune autre, la suivante.

Celle-ci montrait une sortie. Des gardes formaient un cordon impénétrable. Pas d'issue. Dans cette scène-là, il était présent. Caché àl'écart, dans un renfoncement proche de la porte. Il vit aussi la rue, des étoiles, des lumières, le contour des voitures et des passants.

Dans le tableau suivant, il avait battu en retraite. La sortie était barrée. Dans un autre encore, il se voyait devant d'autres issues, véritable légion de silhouettes dorées inlassablement reproduites, explorant l'une après l'autre les régions situées en avant. Mais toutes les portes de sortie étaient surveillées.

(…) Il l'oublia et passa àl'examen des autres tableaux. Ils l'entouraient par myriades, formant un labyrinthe qu'il se mit àapprofondir tronçon par tronçon. C'était comme s'il plongeait son regard dans une maison de poupée aux pièces innombrables, sans fin, chacune avec ses meubles et ses petites poupées toutes rigides, immobiles. Un même cadre répété àperte de vue. Lui-même y figurait souvent. Il y avait aussi ces deux hommes sur la plate-forme. Et cette femme. Les mêmes combinaisons réapparaissaient invariablement ; la pièce se rejouait sans cesse, avec les mêmes acteurs, les mêmes décors réarrangés de toutes les manières possibles et imaginables.

Description très visuelle — mais si peu cinématographique àla fois. Or cette nouvelle de Philip K. Dick ("L'Homme doré") est actuellement sur les écrans sous le titre de Next. Avoir rendu l'univers de ces possibles futurs est un de ses seuls attraits, l'autre étant les acteurs (Nicolas Cage, Julian Moore).

lundi 25 décembre 2006

Sous le drapeau des pirates

J'en avais parlé il y a un an, sa gestation a été longue, mais le numéro 3 de l'e-zine Utopies vient de sortir... pile pour Noël !! Au compteur : 220 pages, 99 Mo, de très belles illustrations et d'excellents articles dont "Libertalia, une utopie pirate" et "Les héritiers de L'île au trésor" par votre serviteur... À lire pendant les vacances et avant d'aller voir le film "L'île au(x) trésor(s)" d'Alain Berberian, sur les écrans en janvier !

Et Enroweb est fier d'y être désormais présenté comme partenaire !!

jeudi 30 novembre 2006

Happy Feet

Le 6 décembre vont débouler sur nos écrans les manchots danseurs de claquettes de "Happy Feet", un film d'animation qui a démarré en fanfare aux Etats-Unis... Je suis personnellement très impatient de voir ce film, surtout depuis que je sais que c'est Savion Glover qui incarne le jeune manchot Mumble : Glover est le plus grand danseur de claquettes àl'heure actuelle. Voici un exemple de ses performances :

Et pour en savoir plus sur la manière dont Glover a dansé et été filmé en motion capture, jetez un coup d'oeil au making-of qui donne une bonne idée de la "véracité" des pas et de la chorégraphie des manchots :

vendredi 10 novembre 2006

Françoise

Le nouveau Dupuy-Berberian, Françoise, est un petit bijou visuel, narratif et musical (puisque la bande-originale du livre est fourni avec ; écoutez-en des extraits sur la page MySpace du duo). Difficile àdécrire, si ce n'est que j'adore les illustrations plus que tout ce que Dupuy et Berberian ont pu faire jusqu'àprésent (si si !!). Et tout ça autour d'une belle histoire d'amour...

Par contre, l'argument du livre rédigé par Electre est on ne peut plus absurde :

Histoire d'amour impossible racontée du point de vue du narrateur et la naissance d'une nouvelle icône, fantasme de la parisienne éternelle. Tout comme le narrateur, le lecteur regarde évoluer Françoise, jeune fille ultrasensible et coeur solitaire.

Vous en connaissez beaucoup, vous, d'histoires qui ne sont pas racontées du point de vue du narrateur ??

P.S. Attention, l'album peut se trouver rangé au rayon "jeunesse" de votre libraire préféré (c'est ainsi qu'il est vendu par les gens de chez Naïve), mais c'est un livre pour absolument tous les âges. Ne vous laissez pas avoir...

lundi 16 octobre 2006

Questionnaire en chaîne

Pour sortir ce blog de sa comateuse léthargie, Holly a la bonne idée de me faire suivre son questionnaire culturel et personnel. L'exercice est toujours intéressant (attention, il y aura peut-être des scoops àla clé) donc je m'y plie avec plaisir !!

1) Attrapez le livre le plus proche, allez àla page 18 et écrivez la 4ème ligne :

Terres vivantes de René Dumont :

L'encargado ou contremaître, célibataire, est illetré, comme 80 % des ruraux en 1950. Il gagne 350 bolivars par mois, autant que son collègue de Colombie en pesos, ce qui représente plus du double. Mais la différence de pouvoir d'achat est bien moindre.

2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?

20 h 32

3) Vérifiez !

20 h 33 (j'y étais presque parce que je viens de regarder l'heure pour la cuisson de mes légumes àcouscous !! :-) )

4)Que portez-vous ?

Une chemise de couleur indéfinissable (non pas qu'elle soit moche, hein !!), un pull 100% laine mérinos et un pantalon beige. Et un tablier Snoopy pour la cuisine !

5) Avant de répondre àce questionnaire, que regardiez-vous ?

Mes légumes et mon poulet.

6) Quel bruit entendez-vous àpart celui de l'ordinateur ?

Un podcast de France culture : "Science publique" du 29/09 (j'ai des émissions de retard...)

7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?

Je suis allé faire les courses (décidément, tout ceci est bien Desperate househusband !!)

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?

Pas que je m'en souvienne. Je ne m'en souviens jamais d'ailleurs, pas de chance pour ma carrière littéraire :-p

9) Quand avez-vous ri la dernière fois?

J'ai beaucoup rigolé samedi soir lors d'une soirée entre amis.

10) Qu'y a t'il sur les murs de la pièce où vous êtes ?

Du papier peint blanc et des étagères de livres. Mais surtout, pour la déco, une photo anonyme de studio d'Audrey Hepburn (pour le film Diamants sur canapé) et un calendrier 2005 (sic) illustré par Schuiten.

 Still photograph from Breakfast at Tiffany's.

11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?

Un des appartements Soho de Jean Nouvel àNew York (carte).

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

Kebab Connection, un excellent film allemand, entre comédie romantique et comédie ethnique façon Joue la comme Beckham.

13) Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?

Un brouillard àcouper au couteau ce matin, alors que rien ne le laissait présager dans la météo des derneirs jours...

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?

Comme pour les blagues qui font le tour de la planète, je me demande qui l'a rédigé le premier...

15) Dites-nous quelque chose de vous que ne savons pas encore :

J'ai un trouble obsessionel compulsif : je vérifie au moins quatre fois mon réveil avant de me coucher le soir... :-/

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?

Alice

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?

Arthur

18) Avez-vous déjàpensé àvivre àl'étranger ?

Bien-sûr, c'est prévu... Montréal, Londres, l'Allemagne, les possibilités et les envies ne manquent pas !

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

Vous enfin ! (parce que je veux vivre vieux, cela va de soi...)

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

Je remplacerai l'homme par sa version génétiquement modifiée appauvrie en testostérone...

21) Aimez-vous danser ?

Oui, j'adore !! J'adore faire des claquettes même si je suis encore trop timide et coincé, loin de l'aisance d'un Fred Astaire ou d'un Gene Kelly. J'adore danser en boîte ou en soirée aussi, je pourrais y passer des heures, toujours les yeux fermés parce que je vis ça àl'intérieur ! Et j'ai fait de la danse classique quand j'étais jeune...

22) Georges Bush ?

Je préfère George Abitbol !

23) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée àla télévision ?

"Le maillon faible" spécial "Star Academy", par la faute de Béné (non pas qu'elle regarde ce genre d'émissions, mais c'est chez elle que j'ai assisté àce spectacle lamentable...).

24) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?

Béné bien-sûr, Em_lady si elle a un peu de temps, David pour qu'il arrête de faire son geek et Iokanaan parce que son blog aussi a besoin d'être réveillé !

jeudi 14 septembre 2006

Surface, saison 1

Il y a moins d'un mois, je vous promettais de dire quelques mots de la série américaine "Surface". Je comptais écrire tout le bien que j'en pensais, les émotions àla "Abyss" et "Sphère", le ton entre potache et sérieux, le jeu intelligent sur les préoccupations de la cryptozoologie, etc.

Mais voilà... Après avoir regardé quelques épisodes de plus, il faut reconnaître que la série se noie rapidement dans la théorie du complot et accumule les clichés, dans le scénario comme dans le dialogue !! Même les clins d'œil scientifiques ne vont pas plus loin qu'une surprise cachée dans un exemplaire de L'Origine des espèces ou une histoire de thèse de doctorat plagiaire. Malgré tout, je reconnais être bon public pour les énigmes faites de bases azotées ou de classification décimale de Dewey... ;-) Et les personnages caricaturaux sont parfois sympathiques, sauf Miles souvent (trop) entêté !!

Aux États-Unis, la production et la chaîne MSNBC ont décidé d'arrêter la série àla fin de la première saison sans lui donner la chance de poursuivre. Et ce, malgré la quantité de fans battant le rappel et signant des pétitions àtour de bras. Bref, il n'est peut-être pas trop tard pour s'abstenir de regarder cette série diffusée depuis le 10 septembre sur Canal +...

samedi 2 septembre 2006

Le petit monde de Michel Gondry et Sofia Coppola v. 2

Je ne parlerai pas ici de La Science des rêves (qui ne se raconte pas mais se voit, un point c'est tout !), je n'ai pas dit non plus tout le bien que je pense de Marie-Antoinette. Ma seule contribution àces sorties sera de mettre àjour ma cartographie du petit monde de Michel Gondry et Sofia Coppola.

Le petit monde v. 2

Quelques éléments font leur apparition, comme Charlotte Gainsbourg et le groupe Phoenix. Enjoy !!

mardi 4 juillet 2006

Cybernétique et robots

Bernard Werber, sur France Inter en ce moment, ne dit que des bêtises : "Le mot robot vient du russe et signifie àl'origine gouvernail parce que c'est le premier instrument qui fonctionnait tout seul". Mouarff !!! :-D Le nouveau gourou des futurs possibles et des idéologies scientifico-humanistes s'est planté !

Le mot "robot" a été inventé par le grand frère de Karel Capek pour une pièce de ce dernier nommée R.U.R. (Rossum's Universal Robots) (1920). Il vient du tchèque "robota" qui signifie "travailleur".

À ne pas confondre avec le mot "cybernétique" (1948) qui vient du grec "kybernetes" pour "gouvernail".

Ca fait longtemps que Werber n'a pas relu ses notes de quand il était apprenti écriveron, m'est avis !!

samedi 10 juin 2006

Start worshipping the French!

 USA Today, May 19

Une excellente publicité lue dans USA Today le 19 mai dernier, contre le Da Vinci Code, financée par le Séminaire théologique de Westminster... Ou comment tirer profit du dégoût des Américains pour la France et les Français pour les éloigner du livre du Dan Brown ! C'est ironiquement drôle vu depuis ce côté-ci de l'Atlantique, et montre surtout comment aux États-Unis tout commence et tout finit par la publicité et le marketing...

samedi 3 juin 2006

Duet en labo photo

Allez, je me lance dans les "Regards croisés" façon Contrechamp...

Audrey Hepburn et Fred Astaire dans Funny Face (1956), scène culte (au moins pour moi), touchante par sa drôlerie, sa grâce et sa musicalité. Et qui doit beaucoup àson décor de labo photo.

Six Feet Under, saison 4, épisode 10 (2004). Très belle scène entre Claire Fischer (jouée par Lauren Ambrose) et Billy Chenowith (Jeremy Sisto).

mercredi 31 mai 2006

La peste (3)

Concluons avec des remarques d'ordre médical et scientifique...

Au XIVe siècle, nul n'avait entendu parler des microbes. Les gens ignoraient le mode de propagation des maladies et pensaient que la peste noire était une punition divine, répandue par des brumes empoisonnées qui flottaient sur la campagne, par le regard d'un mort, par magie. (Connie Willis, Le Grand Livre)

(…) je ne puis voir sans étonnement certaines gens, maintenant que la contagion est passée, en parler comme d'un coup directement envoyé du Ciel, sans aucune entremise, avec pour mission de frapper telle ou telle personne en particulier et nulle autre, ce que je considère avec mépris comme l'effet d'une ignorance et d'un fanatisme manifestes ; de même que l'opinion de certaines autres qui prétendent que l'infection est propagée par l'air seul, transportant une multitude d'insectes et de créatures invisibles qui pénètrent dans le corps avec la respiration ou même par les pores avec l'air ; là, ils engendreraient ou émettraient des poisons des plus intenses ou des ovae ou œufs empoisonnés qui se mêleraient au sang, infectant ainsi le corps ; discours plein d'une docte niaiserie, comme le montre l'expérience générale. (Daniel Defoe, Journal de l'année de la peste)

Ecoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. (Albert Camus, La Peste)

lundi 29 mai 2006

La peste (2)

Quelques citations sur la vie avec la peste au jour le jour...

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
À chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie,
Ni loup ni renard n'épiaient
La douce et l'innocente proie ;
Les tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie. (Jean de la Fontaine, "Les Animaux malades de la peste" in Fables)

Dans le souvenir de ceux qui les ont vécues, les journées terribles de la peste n'apparaissent pas comme de grandes flammes interminables et cruelles, mais plutôt comme un interminable piétinement qui écrasait tout sur son passage. Non, la peste n'avait rien àvoir avec les grandes images exaltantes qui avaient poursuivi le docteur Rieux au début de l'épidémie. Elle était d'abord une administration prudente et impeccable, au bon fonctionnement. (Albert Camus, La Peste)

Tous sont terrifiés, mais ils font de leur mieux. [Le père] Roche est admirable. Il a tenu la main de l'épouse du bailli pendant tout le temps qu'il m'a fallu pour l'examiner. Il ne renâcle jamais devant les tâches les plus rebutantes: nettoyer la plaie de Rosemonde, vider les vases de nuit, laver le clerc. Rien de tout cela ne semble l'effrayer. Je me demande où il puise tant de courage. (Connie Willis, Le Grand Livre)

Mais le plus dangereux effet de l'épuisement qui gagnait, peu àpeu, tous ceux qui continuaient cette lutte contre le fléau, n'était pas dans cette indifférence aux évènements extérieurs et aux émotions des autres, mais dans la négligence où ils se laissent aller. Car ils avaient tendance alors àéviter tous les gestes qui n'étaient pas absolument indispensables et qui leur paraissaient toujours au-dessus de leurs forces. C'est ainsi que ces hommes en vinrent ànégliger de plus en plus souvent les règles d'hygiène qu'ils avaient codifiées […]. Làétait le vrai danger, car c'était la lutte elle-même contre la peste qui les rendait alors le plus vulnérable àla peste. Ils pariaient en somme sur le hasard et le hasard n'est àpersonne. (Albert Camus, La Peste)

Tel est le tempérament irréfléchi de notre peuple [londonien] (je ne sais s'il en va de même ailleurs dans le monde et ce n'est pas mon affaire de le savoir, mais je l'ai bien vu paraître ici) : tout comme dans la première terreur de l'infection les gens s'évitaient les uns les autres et s'enfuyaient des maisons et de la cité avec une peur irraisonnée et, àmon avis, inutile, àprésent que l'idée se répandait que la maladie ne s'attrapait plus aussi facilement et que, même si on la contractait, elle n'était plus aussi mortelle, àprésent que l'on voyait journellement se rétablir nombre de gens qui avaient été réellement malades, l'on se prit avec empressement d'un tel courage, l'on devint si insoucieux de soi-même et de l'infection que l'on ne fit pas plus de cas de la peste que de quelque fièvre ordinaire, sinon même moins. Non seulement on osait se rencontrer en société avec ceux qui avaient des tumeurs et des pustules suppurantes et par conséquent contagieuses, mais même on mangeait et on buvait avec eux ; que dis-je? on allait les voir dans leur propre maison et, m'a-t-on dit, jusque dans leur chambre de malade. (Daniel Defoe, ''Journal de l'année de la peste'')