Je suis actuellement plongé dans De grandes espérances de Dickens et j'avoue, qu'après Jane Eyre, je prends goût aux Bildungsromanen façon époque victorienne. Il s'y mêle la description d'un milieu social, la richesse des anecdotes et détails sur la jeunesse et l'adolescence et une écriture délicieusement surannée.

Je vois un autre point commun àces deux romans : l'atmosphère fantastique. On se souvient que dans Jane Eyre, la femme d'Edward Rochester est une folle enfermée dans une pièce du château dont l'apparition est longuement retardée afin de laisser le lecteur dans le mystère des rires, des bruits et du secret que devine l'héroïne. Une fois même qu'elle apparaît, la raison de sa folie reste dans l'ombre et son personnage continue àprovoquer des frissons. Dans De grandes espérances, c'est Miss Havisham qui est décrite comme une femme recluse, une vivante presque morte ou une morte encore vivante (voir la gravure ci-dessous par Charles Green, 1877) . Elle ne manque pas d'impressionner le jeune héros Pip, et encore plus le lecteur grâce àla magie de la distance et du mystère ménagés par l'écriture.