Un Nobel pour la recherche financée par le tiers secteur
6
oct.
2006
Comme le souligne Tom Roud, les deux lauréats 2006 du prix Nobel de physiologie/médecine ont seulement 46 et 47 ans. C'est exceptionnellement jeune mais surtout très tôt après l'article de Nature de 1998 qui a posé les bases de leur découverte : les ARNi ou ARN interférents.
De fait, c'est probablement le premier prix Nobel attribué à la recherche des années 1990, cette "recherche entre marché et « citoyens » dans la société du risque"[1].
Or qu'observe-t-on ? Si l'on se réfère à l'article original, il apparaît que cette recherche nobelisée était financée par le traditionnel organisme américain (public) pourvoyeur de fonds en biologie, le NIH (à travers ses sous-instituts que sont le NICHD et le NIGMS). Mais également par des organismes issus du tiers secteur, ni public ni privé mais citoyen : le Pew Charitable Trust, l'American Cancer Society et la March of Dimes. Cette dernière a d'ailleurs publié un communiqué de presse pour l'occasion.
La science qui remet sa plus prestigieuse récompense à la nouvelle recherche poussée par le tiers secteur citoyen, voilà une victoire bien symbolique et riche de promesses pour l'avenir...
Notes
[1] Selon Christophe Bonneuil dans "Les transformations des rapports entre sciences et société en France depuis la Seconde Guerre mondiale". Bonneuil poursuit en caractérisant cette recherche des années 1990 par l'émergence, "à côté de la recherche publique et du secteur privé", d'un "tiers secteur de la recherche associative, de l'expertise citoyenne et de l'innovation coopérative".
Commentaires
Salut, je ne serais pas si optimiste que toi : je doute beaucoup de l'efficacité à long terme d'une recherche financée en gros pas la charité. Je viens de faire un billet sur mon blog, uniquement basé sur mon expérience personnelle, et donc un peu subjectif : mon constat assez simple est que tout le monde donne aux mêmes organisations caritatives (en gros celles qui luttent contre le cancer), et c'est donc très dur de trouver des financements si tu sors un peu de ce cadre - j'en ai malheureusement fait l'expérience. A contrario, les centres de recherche contre le cancer (aux US en tous cas) ne savent plus quoi faire de leur fric (j'exagère à peine) et ont le moyen de financer la construction d'immenses tours en plein coeur de Manhattan ! Autrement dit, je pense au contraire que le rôle du public en particulier est capital pour financer des recherches fondamentales, sans but direct, mais qui peuvent se révéler à terme plus innovante (comme le dit si bien SLR, on n'a pas inventé l'électricité en cherchant à améliorer la bougie).
Tom > Je te réponds dans un prochain billet, promis...