La science, la cité

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Mot-clé : journalisme scientifique

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Addendum : Journalisme scientifique, #NoFakeScience et idéologie

Moins de 24h depuis la parution de mon billet précédent, j’ai beaucoup échangé sur Twitter avec celles et tous ceux qui ont bien voulu réagir. De nombreuses personnes m’ont remercié pour avoir mis des mots sur un ressenti, ou pour leur avoir montré qu’il y avait plus dans #NoFakeScience que ce qu’ils y voyaient en signant la tribune. J’en suis évidemment ravi.

Néanmoins, de nombreux points ont été soulevés qui m’ont fait réfléchir et je reviens donc sur le sujet avec cet addendum. Ayant reçu plusieurs centaines de mentions, j’ai fait le choix de ne pas citer ni faire de lien vers celles et ceux dont je reprends la prose ci-dessous — à la fois par simplicité, et pour éviter de relancer 200 nouveaux débats et mentions ;-)

Il m’a été reproché de ne pas traiter du fond de la tribune, uniquement de ses militants. J’estime que c’est faux dans le sens où tout discours doit être analysé à la lumière de ce qu’il produit, et même des personnes qu’il rassemble autour de lui. On ne peut pas s’en tenir aux mots ; d’ailleurs, ceux-ci ont déjà été largement analysés lorsque la tribune est sortie, et mon intention était d’aller au-delà. Mais ce qui m’intéresse, c’est bien le message de la tribune #NoFakeScience et l’idéologie, consciente ou non, qu’elle véhicule à travers ses porte-paroles.

Justement, qui sont ces porte-paroles ? En parlant du mouvement #NoFakeScience, je parlais de ceux qui s’activent (en l’occurrence sur Twitter) pour défendre le point de vue de la tribune en corrigeant des articles de presse, en blâmant le traitement médiatique des sciences, etc. Pour certains, #NoFakeScience n’est pas “une communauté”. C’est une tribune qui rassemble ponctuellement des gens aux objectifs/idéologies différents (et même aux interprétations différentes de la tribune). Ce qui permet quand même d’étudier un groupe, sans blâmer ses auteurs d’origine comme certains m’en ont fait le reproche. Pour d’autres enfin, #NoFakeScience n’existe pas en dehors des rédacteurs de #NoFakeScience (je paraphrase) : c’est réductionniste mais ça se défend… quitte à frustrer le diplômé en sociologie que je suis, qui ne peut s’empêcher d’observer des groupes sociaux (avouez qu’observer 20 personnes c’est vraiment pas intéressant et ne nous apprendra pas grand chose).

En bref, pour synthétiser ces deux longs paragraphes : ce qui m’intéresse c’est le message de la tribune tel qu’il est repris et véhiculé par les personnes qui s’en réclament, sans l’imputer directement aux auteurs et à leur intention première. Un classique de la sociologie, méconnu ou mal compris de mes interlocuteurs d’un jour…

Surtout, on m’a reproché de me focaliser sur deux personnes : Pierre-Antoine alias UnMondeRiant, co-auteur de la tribune et qui incarne donc tout à fait la tribune ; et Zebodag, figure de proue du mouvement “ze” d’obédiance libertarienne. Je reconnais que j’ai manqué de rigueur car Zebodag ne participe pas, de près ou de loin, à #NoFakeScience. Beaucoup m’ont fait remarquer que les #NoFakeScience se démarquaient largement des Ze, dont ils dénoncent la récupération. Je dois avouer que ça m’avait échappé, même si UnMondeRiant a le mérite d’épingler sur son profil Twitter un tweet anti-libertarien. En effet, Zebodag et moi avons plusieurs abonnés en commun, que je connais bien et qui sont dans (ou proches de) #NoFakeScience. Mais “être abonné” ne signifie pas être d’accord avec et je confesse mon erreur.

Néanmoins, un twitto fait remarquer, même si ces deux milieux #NoFakeScience et libertariens doivent être distingués, ils ont en commun d’être pro-science, de souvent mépriser le politique et la sociologie, et d’avoir des références culturelles et des obsessions communes : les biais cognitifs, Daniel Kahneman, Richard Dawkins, Gérald Bronner… Ils peuvent donc parfois se retrouver ensemble sur des conversations Twitter.

J’ai donc proposé, pour objectiver cette parenté, d’étudier par une cartographie les comptes Twitter de ces deux communautés, ce qui n’a pas toujours été bien compris. Mon intention serait de compiler les tweets des #NoFakeScience et les tweets des Ze, pour documenter leurs interactions : est-ce qu’ils interviennent dans les mêmes threads, est-ce qu’ils se répondent directement, et si oui sur quels sujets. Tant qu’à faire, j’en profiterais pour documenter les “effets de meute”, c’est-à-dire si certains threads ramènent plus de x participants (x étant un seuil à définir) et sur quels sujets. Ce travail serait mené dans un esprit de recherche, en anonymisant les comptes : en effet, on peut visualiser un réseau avec des comptes représentés par des nœuds et 2-3 couleurs selon le groupe auquel ils appartiennent, et analyser dans le corps du texte quelques exemples choisis — sans citer le contenu des tweets ni leurs auteurs. Une des réactions a été de m’accuser de manquer d’objectivité pour faire ce travail. Outre que cela me blesse un peu, la suite de la conversation a démontré surtout une méconnaissance des méthodes en SHS. D’autres étaient tout simplement offusqués par ce procédé, alors que je doute qu’ils se soient manifestés contre Chèvre pensante utilisant cette même méthode pour défendre les critiques d’Envoyé spécial accusés de trollisme.

Concernant Jean-Marie Lehn et Jean-Pierre Sauvage, il est vrai que certains co-auteurs et signataires avaient dénoncé leur attitude climato-sceptique. Mais pourquoi les avoir sollicités et acceptés comme premier signataires, et ainsi publié leur nom à L’Opinion ? Vous aviez la possibilité de les évincer (gentiment ou non) et vous ne l’avez pas fait. L’image que ça renvoie est très très mauvaise, même si la tribune réaffirme le consensus sur l’origine antropique du changement climatique.

Sans doute victime d’une bulle de filtre, je me suis avancé dans un tweet en disant que Mac Lesgy, Géraldine Woessner, Emmanuelle Ducros étaient les journalistes préférés des #NoFakeScience : j’ai été surpris qu’on me cite plutôt la rédaction santé du Figaro avec notamment Soline Roy et Cécile Thibert, Florent Gouthière, Jean-Baptise Malet, les Décodeurs avec Samuel Laurent, CheckNews avec Olivier Monod… Est-ce partagé par le collectif ? Il faudra bien se mettre d’accord pour faire la curation des très bons journalistes scientifiques dont parlait Pierre-Antoine dans mon précédent billet. Et je m’interroge sur le fait que ce n’est pas ce qui est renvoyé dans ma timeline.

À ce sujet, autre chose me perturbe : en décembre 2017, un autre collectif mené par Olivier Monod justement avait fait paraître une tribune “Les fausses informations scientifiques sont des fake news comme les autres” dont beaucoup de signataires ont critiqué par la suite la tribune #NoFakeScience, malgré leur air de famille évident (rappelé par Virigine Tournay). Pourquoi ? Qu’est-ce qui fait qu’ils n’ont pas soutenu cette version de la même idée ? Ceci mériterait d’être approfondi.

Concernant Stéphane Foucart, je vois que les positions sont irréconciliables. Certains ont balayé d’un revers de la main tout mon billet à cause de ce seul paragraphe, d’autres me disent qu’ils l’exècrent. Le tribunal de l’Histoire jugera… Certains faits spécifiques sont remontés concernant les articles de Stéphane Foucart. Deux avancées quand même : S. Foucart a concédé que son tweet sans commentaires avec les deux graphiques sur les néonicotinoides aurait dû être accompagné d’un commentaire ; et j’ai découvert un fil de Yannick Nassol retweeté par @scienti_geek, qui arbore le hashtag #NoFakeScience et qui est très Foucart-compatible. Mais à quel point est-ce que les signataires de la tribune, ou ses rédacteurs, l’approuveraient ? Bonne question… car le collectif semble admettre plus facilement un biais pro-OGM ou pro-nucléaire qu’un biais anti-agences d’évaluation.

Enfin, concernant le ton : certains #NoFakeScience manient le sarcasme, ou attaquent très vivement. Ceci est très dommageable, même si je peux comprendre l’agacement. Mais heureusement que la très grande majorité a été très patiente et constructive.

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Journalisme scientifique, #NoFakeScience et idéologie

Je ne me suis pas exprimé sur la tribune #NoFakeScience, laquelle réclame un meilleur traitement scientifique des faits journalistiques, car j’étais gêné par ce texte dont je devrais pourtant partager les objectifs. Après tout, moi aussi j’ai ouvert ce blog pour corriger des erreurs manifestes des médias (voir par exemple ce billet de 2006) ! Mais au fil du temps, en observant le comportement des signataires voire des auteurs de la tribune, mon malaise s’est accentué et j’ai pu commencer à mettre des mots dessus.

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À quand un "Journal du CNRS" sous licence libre ?

La nouvelle version du Journal du CNRS, désormais en ligne, a été saluée lors de son lancement le 3 mars dernier : voilà un webzine de haute volée, avec une approche éditoriale et une conception technique et graphique à la pointe. Les louanges ont plu, sur Twitter ou (par exemple) dans L’Express. Le site offrait, semble-t-il, tout ce qu’on pouvait attendre du CNRS.

CNRS_le_journal

Sauf que le lendemain, le Wellcome Trust (fondation à but non lucratif et plus grand financeur privé de la recherche en Grande-Bretagne) lançait également son nouveau webzine : Mosaic. Avec un plan média un peu plus poussé (présent sur Twitter, il compte déjà près de 5 000 abonnés) et surtout, surtout, une licence libre :

If you like our written stories, feel free to take them and republish them – they’re all licensed under Creative Commons. This means you’re likely to see our stories cropping up on various other sites around the web, including major media outlets.

Si vous aimez nos articles et reportages, vous êtes libres de les reprendre et les republier — ils sont tous placés sous licence Creative Commons. Ce qui signifie que vous croiserez probablement nos articles sur d’autres sites web, y compris d’importants médias en ligne.

Et effectivement, les articles de Mosaic ont déjà été repris par BBC Future, The Guardian, Gizmodo, CNN, The Independent

A priori, les prétentions du Journal du CNRS sont du même ordre (je souligne) :

Avec le lancement de CNRSlejournal.fr, et conformément à sa mission de diffusion des connaissances, le CNRS sort de sa réserve pour investir l’univers des médias numériques. L’objectif est clairement affiché : partager largement avec les amateurs de science, les professeurs et leurs élèves, les étudiants et tous les citoyens curieux, des contenus que nous destinions jusque-là à la communauté des agents du CNRS, chercheurs, ingénieurs et techniciens, ceux des labos comme ceux des bureaux. Avec ce nouveau site, le CNRS opère une petite révolution pour toucher le plus grand nombre (…).

Pour traduire ces paroles en actes et diffuser réellement des connaissances au plus grand nombre, vous comprendrez comme le Wellcome Trust que rien ne vaut une licence libre. Surtout quand on est un organisme public. Et pourtant, ce n’est pas le cas.

Je ne dis pas que l’équipe de Mosaic a fait ce choix facilement, sans se poser de questions. Ils racontent sur leur blog que la décision a fait débat, pour plusieurs raisons :

  • les licences Creative Commons sont très peu employées dans le journalisme (ils citent deux contre-exemples : Propublica et The Conversation)
  • si un article est repris et (mal) modifié, ça pourrait déformer le sens de l’article original ou faire du mal à la réputation des auteurs
  • si une enquête est co-financée par d’autres organisations, cette licence pourrait ne pas leur convenir.

Heureusement, la vision bienveillante selon laquelle une licence CC-BY permet à n’importe qui de republier un article sur son site/blog ou dans son magazine, de le traduire dans une autre langue, d’en publier une version raccourcie… était plus forte.

Et des protections existent : si une adaptation est jugée mauvaise, la citation du texte original et l’obligation de signaler en quoi il a été adapté protègent les auteurs. De plus, leur droit moral leur permet d’interdire une republication qui porterait préjudice à leur honneur ou réputation. Quant aux auteurs des articles, leur rémunération est compétitive et ils seront satisfaits de gagner ainsi un lectorat supplémentaire.

Il semble donc que la communication scientifique institutionnelle a su se hisser dans les deux pays à la hauteur des attentes du public en matière de beau et de bon… mais que la France est encore accrochée au schéma classique du contenu “fermé” et propriétaire. Interpellé à ce sujet sur Twitter, le directeur adjoint de la communication du CNRS et rédacteur en chef du Journal du CNRS, ne m’a pas répondu. J’espère que les futurs choix stratégiques du Journal du CNRS, ou de ses pairs, sauront corriger ce travers !

Mise à jour du 2 juin : Précision concernant le statut juridique du Wellcome Trust.

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Journalisme scientifique et grands médias

Ce texte est la traduction autorisée d'un billet paru sur le blog de John Hawks (professeur d'anthropologie à  l'Université du Wisconsin-Madison), que je remercie. Son point de vue m'a semblé intéressant et j'espère qu'il suscitera des discussions !

La médiatrice sortante du Washington Post, Deborah Howell, a signé un éditorial sur le journalisme scientifique. Elle y répond aux réactions des lecteurs et professionnels suite à  la publication d'un article d'envergure en novembre, lequel rapportait que les statines pourraient réduire de 44% l'incidence des crises cardiaques, même chez les personnes sans antécédents de maladie cardiaque ou accident vasculaire cérébral.

Le problème fondamental, souligné notamment par l'ancien directeur des NIH Harold Varmus, est qu'une réduction de 44% d'une valeur très faible (1,36%) n'est pas grand chose. Pour dire les choses différemment, près de 97% des personnes utilisant le médicament ne verraient aucune différence.

Howell se concentre essentiellement sur le manque de transparence des financements privés derrière les études cliniques — un vrai problème, mais qui dissimule souvent une volonté de supplanter l'argent de l'industrie par les subventions publiques. (Après tout, pourquoi pas les deux ?)

Mais dans un passage beaucoup plus intéressant, elle cite le chef de la rubrique "Science" du Washington Post, à  qui revient l'ultime décision sur quoi publier et à  quelle place :

Nils Bruzelius, le chef de la rubrique "Science" du Washington Post, explique : J'ai pensé que l'article et sa place en couverture étaient justifiés parce que son impact potentiel était significatif, bien que je comprenne les critiques. Il y a une tension inévitable entre le désir des journalistes et rédacteurs de bien placer leurs histoires et le besoin d'éviter la mode et la surenchère, et nous ressentons cela très fortement avec les histoires scientifiques ou médicales, car les avancées, même celles qui se révèlent faire partie de quelque chose de très gros, viennent généralement par étapes incrémentales. J'ai longtemps cru que les histoires scientifiques et médicales ont un certain désavantage dans cette compétition. Je n'ai sûrement aucune preuve mais je soupçonne la plupart des rédacteurs de haut rang qui décident de ce qui va en couverture d'être moins attirés vers ces sujets que le lecteur moyen car, à  quelques exceptions près, ils sont un groupe auto-sélectionné qui est arrivé là  où il est à  la force de sa familiarité avec des sujets tels que la politique, les relations internationales, la guerre et sécurité nationale — et non la science.

Voilà  une affirmation qui en dit long. Je ne crois pas que la science soit unique de ce point de vue, malgré tout — après tout, la plupart des processus politiques sont incrémentaux, et impliquent bien plus de sujets obscurs comme la procédure parlementaire, la comptabilité du budget et les officiels dans les arcanes. Un article sur la réforme du système de soins doit décrire toutes ces choses de la même façon qu'une histoire sur la génomique personnelle. S'il y a une différence, elle tient à  ce que les sujets scientifiques reçoivent largement moins d'attention, si bien qu'il y a peu de gens qui suivent les étapes incrémentales. Cela signifie que chacune des histoires peu fréquente doit contenir toujours le même matériau de fond ou bien être très superficielle. A l'autre extrême se trouve le journalisme sportif — pour lequel de nouveaux résultats tombent constamment et dont la plupart des lecteurs connaissent les équipes principales, les joueurs et les règles du jeu.

Le problème réel n'est donc pas la nature du sujet, c'est la nature des chefs de rubrique — voir la dernière partie de la citation de Bruzelius. Ils comprennent la politique. Ils ne comprennent pas la science. N'ont aucune formation en la matière. Sentent difficilement ce qui est réaliste et ce qui est fantaisiste. Et contrairement à  la politique — pour laquelle peu de journalistes ont peur d'éditorialiser — il y a peu de tentative de tenir une posture éditoriale cohérente.

(via Bora Zivkovic, "A blog around the clock")

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Nouvelles du front (12)

Le 7 juin, au Salon européen de la recherche et de l'innovation, le freezing est devenue une arme politique du mouvement Sauvons la recherche. Sauf qu'ils ont encore du progrès à  faire, on voit un gars bouger à  la 37e seconde et une nana à  la 54e et à  mon avis, la vidéo serait bien plus percutante si elle s'ouvrait sur la mise en place du freezing

Le 3 juin, un candidat américain promettait vaguement de renewing our commitment to science and innovation. Mais ces quelques mots prononcés par Obama ne sont pas passés inaperçus tant les américains en veulent aux républicains d'avoir fait du mal à  leur science.

En juin, le magazine ''research*eu'' de la Commission européen (DG Recherche) nous gratifait d'un beau lieu commun : dans une époque surchargée de communiqués de presse, blogs et autres wikis, personne n'est à  l'abri de l'inexactitude, encore moins lorsqu'il s'agit de science (p. 14).

Le 19 juin, la revue Nature frôlait le numéro spécial sur la fraude scientifique avec un éditorial, l'annonce de la suspension d'un chercheur mal intentionné à  l'Université de Pennsylvanie et une enquête montrant que seulement 58 % des 201 comportements frauduleux observés par les 2,212 chercheurs interrogés ont été signalés à  la hiérarchie ces trois dernières années. Et les 24 cas soumis chaque année en moyenne par les institutions de recherche à  l'Office of Research Integrity américain ne sont que le sommet de l'iceberg... Ce qu'il manque, affirment les auteurs de l'étude ? Une culture de l'intégrité dans les labos.

Le 23 juin, un article du rédacteur en chef de Wired, le père de la "longue traîne" Chris Anderson, annonçait la fin de la théorie et le début de la science empirique basée sur les quantités colossales de données dont on dispose désormais. Un peu comme Google qui ne fait aucune hypothèse et modèle mais rend compte de nos habitudes et notre langage en moulinant des pétaoctets de données dans des serveurs équipés d'algorithmes surpuissants. Mais à  la question qu'est-ce que la science peut apprendre de Google ?, Alexandre Delaigue apporte une réponse très réservée tandis que Gloria Origgi de l'Institut Nicod s'enthousiasme beaucoup plus.

Les deux élèves-ingénieurs français tués à  Londres le 29 juin étaient des… spécialistes de l'ADN selon l'article du Monde. Or une enquête rapide montre que Laurent Bonomo étudiait un parasite qui se transmet des chats aux foetus c'est-à -dire Toxoplasma gondii, probablement dans ce labo. Gabriel Ferrez, lui, étudiait des bactéries capables de créer de l'éthanol utilisable comme biocarburant, probablement dans cet autre labo. On est loin de simples spécialistes de l'ADN, une dénomination qui équivaut sans doute pour Le Monde à  un synonyme de "biologiste"...

En juillet, nous apprenions l'étonnant destin de l'article en français le plus cité de la base bibliographique Scopus (plus de 500 citations), lequel posait les bases de la vertebroplastie en 1987.

Le 11 juillet paraissait dans Science un article (en accès libre ici) de sociologues des médias étudiant l'attitude des chercheurs face aux journalistes scientifiques. Le résultat selon lequel 46 % des chercheurs interrogés ont une expérience plutôt positive d'un tel contact, venant à  l'encontre d'autres études, a été longuement commenté.

Dans son numéro suivant, Science frappait à  nouveau un grand coup avec un article de James Evans montrant que la mise en ligne des publications scientifiques entraîne un appauvrissement des citations bibliographiques (les articles cités sont de plus en plus jeunes et de moins en moins variés). Selon l'auteur, ce serait parce qu'en naviguant en ligne on a plus tendance à  être guidé vers les articles clés d'un domaine (en mode suivi des liens hypertextes "Voir aussi...") et à  faire un choix plus strict des références à  citer (puisqu'elles sont accessibles et vérifiables en ligne). Fini notamment l'heureux hasard ("sérendipité") qui permettait, en potassant les sommaires d'une revue, de faire des rapprochements inattendus et d'explorer des voies de traverse. Le consensus se construit désormais à  vitesse grand V. Le magazine The Economist y voit la fin de la longue traîne dans les citations (via l'Agence Science-Presse). Stevan Harnad, en tous cas, fait le tri entre les diverses explications de ce phénomène, tout comme un commentaire de la revue Science...

Le 20 juillet à  l'Euroscience Open Forum de Barcelone, des experts ont appelé à  la prise en compte des risques toxicologiques des nanotechnologies. Il semble en effet que des résultats scientifiques récents mettent en évidence l'existence de risques brandits depuis longtemps...

Le 29 juillet, un éditorial de la revue Genome Biology se moquait gentiment du facteur d'impact en imaginant que le même système est appliqué pour décider si l'on est envoyé au paradis ou en enfer (via Pawel). Extrait :

Genome Biology : Ecoutez, une fois que le facteur d'impact a dominé l'évaluation de la science, les chercheurs créatifs ont été maudits. Les bureaucrates n'ont plus eu à  connaître quoi que ce soit ou avoir un semblant de sagesse ; tout ce qu'ils avaient à  faire était de se fier à  quelques nombres arbitraires. Et maintenant vous me dites que vous faites cela pour déterminer qui va au paradis ?

Saint Pierre : Oui, c'est beaucoup plus simple. Peu importe si vous avez été gentil ou avez fait de votre mieux ou avez bien travaillé ou avez été pieux ou modeste ou généreux. La seule chose qui compte c'est de calculer si vous avez eu un gros impact.

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