Au C@fé des sciences, on blogue largement sur les à -côtés de la science : histoire, anecdotes, pratiques, conseils, actualité etc. Mais on fait peu de science en tant que telle, alors que c'est possible…

Quelques cas d'école, évoqués dans un article récent de The Scientist (mais pas tous), montrent que le blog est aussi un support de publication scientifique et de discussion sur des travaux scientifiques en cours. Ainsi, Bora Zivkovic publiait en février 2005 un billet sur l'horloge circadienne (le sujet de sa thèse) et la méthodologie propres à  ces travaux. Quelques mois plus tard, le billet se retrouvait cité comme publication scientifique (référence # 16) dans un article tout ce qu'il y a de plus normal, paru dans Biological Procedures Online. Le 6 avril 2006, le même Bora publiait un billet sur l'influence du rythme circadien sur le statut de dominance et l'agressivité chez l'écrevisse. Comme il l'explique dans l'article du Scientist, il s'agissait d'un travail de recherche de Master qu'il était impossible de continuer et se trouvait finalement mieux sur un blog qu'à  prendre la poussière quelque part ! Voilà  l'usage n°1 : le blog comme support de publication scientifique.

Dans un autre domaine, Jean-Claude Bradley de l'Université Drexel (Etats-Unis) met à  disposition des lecteurs de son blog tout ce qui sort de son laboratoire de chimie anti-paludique (exemple). Avec son équipe, il maintient aussi un wiki, plus adapté au partage d'informations en tous genres pour lutter contre cette maladie négligée, et d'autres. Voilà  l'usage n°2 : le blog comme "cahier de laboratoire" public.

Les physiciens sont habitués à  poster leur preprints sur ArXiv ou sur leurs propres sites institutionnels comme HAL en France. Autant d'outils qui permettent de mettre à  jour la version en ligne en fonction de commentaires ou de nouvelles données. Pour les commentaires, la rapidité et l'interactivité des blogs peut jouer un rôle : c'est ainsi qu'un article posté en juin 2005 a été mis à  jour en février 2006 après des discussions qui se sont tenues en juin et en août 2005 sur le blog de Dave Bacon (Université de Washington). Autre belle histoire : en mars 2005, Reed Cartwright (alors en thèse de bio-infomatique) réagit sur son blog au fameux article sur la découverte d'une hérédité non-mendelienne chez Arabidposis thaliana qui vient de paraître dans Nature. Quelques mois plus tard, Luca Comai (université de Washington) qui est sur le point de publier un article dans Plant Cell proposant une hypothèse alternative, se rend compte en faisant une recherche sur Google qu'il a été devancé par ce blogueur ! Et de proposer à  Reed d'être co-auteur de son article à  paraître… Voilà  l'usage n° 3 : le blog comme vecteur de discussions.

Etonnamment, la plupart de ces cas remontent à  2005 — l'enfance des blogs scientifiques ! C'est sans doute un biais dû aux délais assez longs de fabrication et "cristallisation" de la science et on peut espérer que ces pratiques continuent aujourd'hui. Il est vrai que la crainte du "vol d'idées" est encore très forte, comme celles de contrevenir aux habitudes centenaires de la communauté scientifique — osons les dépasser ! Et parions sur le bon côté de la visibilité que les moteurs de recherche donnent à  ce mode de divulgation.

Allez, puisqu'on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, après avoir mis en ligne une de mes productions écrites, je vais essayer (modestement) de dévoiler le contenu de mon mémoire de Master en train de se faire ! Rendez-vous ici-même bientôt…