Les experts vus par la Commission européenne
29
août
2006
Pour revenir sur le sujet des experts, voici ce qu'écrit noir sur blanc la Commission européenne dans sa "Communication sur l'obtention et l'utilisation d'expertise par la Commission" (novembre 2002). Un pragmatisme bienvenu (c'est moi qui souligne) :
C'est un truisme d'affirmer que personne n'est totalement "indépendant": il est impossible de faire totalement abstraction des acquis personnels - famille, culture, employeur, etc. On peut néanmoins attendre de la part des experts qu'ils agissent d'une manière indépendante dans la mesure du possible. Les experts peuvent bien évidemment toujours apporter avec eux des connaissances qu'ils possèdent du fait de leurs attaches familiales ou de leur nationalité: certains ont même d'ailleurs parfois été choisis précisément pour cette raison. Néanmoins, le but est de minimiser le risque de voir les intérêts personnels fausser les avis émis grâce à la mise en place de pratiques qui promeuvent l'intégrité, en énonçant explicitement tous les liens de dépendance, et en reconnaissant que, selon les cas, certains de ces liens auront plus d’impact que d'autres sur le processus d’élaboration des politiques.
Le critère final de la qualité est le pluralisme. Dans la mesure du possible, il importe de veiller à la diversité des points de vue recueillis. Cette diversité peut découler de différences d'approche scientifique, de type d'expertise, de différentes attaches institutionnelles, ou d'opinions divergentes sur les hypothèses fondamentales concernant la question.
En fonction de la question et de l'étape du cycle de l'élaboration des politiques, le pluralisme se traduit également par la prise en compte de l'expertise multidisciplinaire et multisectorielle, ainsi que des avis minoritaires et non-conformistes. D'autres facteurs peuvent également jouer un rôle important, tels que les paramètres géographiques et culturelles, ainsi que les perspectives en matière de genre.
On note même ce soucis de l'organisation pratique :
Conseil pratique : Une approche consiste à assurer que les tenants d'écoles de pensée différentes soient représentés parmi les experts. Une autre est d'organiser des rencontres pour permettre aux partisans d'idées "non orthodoxes" de dialoguer avec les partisans d'idées plus classiques.
Tout en réaffirmant que les avis ne doivent pas tous avoir le même poids pour les politiques lors de la décision finale, on ne peut que saluer la Commission pour son esprit d'ouverture... Ouverture vers le grand public également :
Pour les groupes d'experts permanents, on pourrait envisager de permettre l'accès du public à au moins une réunion par an. L'accès du public pourrait être limité lors des parties de réunions où sont examinées des informations confidentielles. Il pourrait également être nécessaire de prévoir un laps de temps suffisant pour que les experts puissent établir des relations de confiance mutuelle en dehors des feux de la rampe.
Commentaires
Le critère essentiel pour l'expertise me paraît être l'absence de conflit d'intérêt. Il se peut naturellement que les conflits d'intérêts apparaissent après l'expertise, mais quand ils sont révélés et qu'ils ne se passe rien, on peut simplement douter de la valeur de toute expertise en France.
En 1997, en tant qu'expert Axel Kahn a failli imposer en France la culture des OGM, après avoir volontairement tu tous les avis scientifiques défavorables. Quelques mois après, il a été payé par Rhône-Poulenc, société développant des OGM (Rhône –Poulenc a été par la suite condamnée aux Etats-Unis à retirer de la vente son maïs transgénique pour pollution aux herbicides). Malgré cela, Axel Kahn est resté membre du Conseil national d’Ethique, et été nommé directeur de l'Institut Cochin. Cela ôte tout crédibilité à l'expertise en France.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Kahn