Qui connaît les conférences de citoyens ?
12
juin
2009
Ceci est un billet paru sur mon nouveau projet de blog collectif, STS en action, destiné à la communauté de recherche en Science, technologie, société. Je le republie ici en guise de produit d'appel mais aussi pour vous faire patienter : je déménage demain (à quelques kilomètres seulement, certes) et donc je risque de ne pas avoir un accès facile à Internet les premiers temps. Merci de votre patience !
Cela ne fait-il pas des années que la communauté STS française travaille et publie sur la notion de "conférences de citoyens" (y compris encore récemment dans la revue Nature) ? N'a-t-on pas eu une conférence de citoyens sur les OGM, puis sur le réchauffement climatique, les nanotechnologies ? La Fondation Science citoyennes, à laquelle participent des historiens et sociologues des sciences comme Christophe Bonneuil, ne milite-t-elle pas activement en faveur de ce mode de participation du public ?
On pourrait donc croire que les conférences de citoyens font partie du bagage indispensable de tout scientifique ou décideur de ce pays. Que nenni. Si les États généraux de la bioéthique qui se déroulent actuellement y ont fait appel, c'est presque en raison d'un sacré concours de circonstances. Jean Leonetti, le président du comité de pilotage des États généraux, raconte dans Le Monde :
Nous ne voulions pas que ce débat soit confisqué par les experts, les politiques ou les lobbys. Nous voulions faire intervenir les citoyens mais nous ne savions pas sous quelle forme. Un jour, dans un débat, Noël Mamère a évoqué les méthodes scandinaves des panels citoyens. Je suis allé le voir à la fin de notre échange, nous avons discuté et cette idée a finalement été retenue.
Là encore, c'est presque un échec collectif de la communauté des STS, qui n'a pas réussi à publiciser suffisamment son travail. À moins qu'il faille retenir que le politique (ici, Noël Mamère) reste le dernier maillon, indispensable à l'action ? À méditer
Commentaires
Et si l’échec des conférences de citoyens était inscrit dans leur intitulé ?
Au fond, le problème de la science en France est qu’elle est l’enjeu d’une lutte de pouvoir, pouvoir qui a toujours conservé une structure hiérarchique, par nature incompatible avec la science. Le citoyen, c’est notre révolutionnaire, qui menace les privilèges, et, d’une certaine façon, ne rêve que de s’en emparer.
Il faut commencer par prendre conscience que la démocratie, comme la science, a des règles, qui ne sont pas réduites à « qui a le pouvoir ? ». Il est clair que l’expertise est le seul moyen de faire face à la complexité des situations, mais que faire quand la hiérarchie y est intriquée ? Quand la notion même de conflit d’intérêts n’est pas comprise et que le hiérarque prétend à la fois incarner l’expertise et l’intérêt du bon peuple ? Quand la nature même de la méthode scientifique est ignorée de nos concitoyens qui l’assimilent à un discours d’autorité (contre lequel, de temps à autres, ils se révoltent) ? Quand la grande autorité morale et scientifique de notre pays est Axel Kahn, expert en conflit d’intérêts ?