Histoire de blogs : vol 447 pour Paris
24
juin
2009
Ma chronique blogs ne sera pas reconduite à la rentrée, et j'ai donc livré en ce mois de juin un dernier volume consacré à l'accident du vol Rio-Paris. Cela ne m'empêchera peut-être pas de continuer la série sur le blog (en podcast ?), ou ailleurs si d'autres chaînes sont intéressées.
Cet accident nous a tous frappés, et il a particulièrement inspiré les blogueurs de science avec énormément de billets publiés sur le sujet. Pour ma part, je dois avouer que je n'ai presque suivi le déroulement de l'enquête que sur les blogs, où les hypothèses des enquêteurs étaient présentées au fur et à mesure avec très souvent des explications qu'on ne trouvait pas ailleurs. C'est un peu ce déroulement que l'on va retracer maintenant.
Première réaction : les probabilités de catastrophes aériennes
On est le 1er juin, jour de l'accident, et le blogueur Tom Roud repense à ce que l'on entend souvent, que l'avion est le moyen de transport le plus sûr au monde, et au lieu de le répéter bêtement il se plonge dans les chiffres et nous aide à y voir plus clair. Il montre qu'il s'agit d'un calcul rapide (un voyageur sur 10 millions meurt dans un accident d'avion), qui est correct, mais qui cache de grosses disparités. Puisque ça dépend notamment à quelle fréquence vous voyagez et par quel moyen de transport : si vous prenez l'avion toute les semaines et jamais la voiture, alors l'avion devient le mode de transport le moins sûr pour vous ! On touche là non seulement au mode de calcul des probabilités, qui peuvent être absolues ou conditionnelles, mais aussi à notre perception du risque. Ainsi, après le 11 septembre 2001, les Américains ont troqué l'avion pour la voiture et il y a eu une surmortalité sur les routes (1000 morts de plus en 3 mois). Donc de nombreux Américains qui pensait échapper au terrorisme sont morts d'avoir pris leur voiture. Bref, ces chiffres sont à manier avec précaution, tout comme les conséquences que nous en tirons…
Hypothèse 1 : la foudre
Si vous vous souvenez, la première hypothèse qui a été proposée concernait la foudre, puisque l'avion aurait disparu dans la zone du Pot au noir, connue pour ses turbulences. Le 2 juin, donc, le blog "En quête de sciences" nous parle de cette piste mais la présente comme très peu vraisemblable, vu qu'un avion est foudroyé en moyenne toutes les mille heures de vol. Et de nous expliquer que la carlingue joue le rôle d'une cage de Faraday, ce qui en principe la protège.
Interlude : à la recherche des boîtes noires
Pendant ce temps, on se lance à la recherche des fameuses boîtes noires, ces enregistreurs de vol, et le blog Xenius nous explique le 3 juin que tout va être fait pour les retrouver. Comme elles se sont abîmées dans l'océan, probablement à plus de 4.000 mètres de profondeur, la France envoie ses submersibles uniques au monde, qui peuvent aller jusqu'à 6.000 mètres avec trois personnes à leur bord. Il s'agit, vous l'aurez reconnu, du Nautile, crée en 1984 déjà par l'IFREMER.
Mais une question se pose quand même. Pourquoi ne prévoit-on pas que les boîtes noires puissent flotter en cas d'accident ? C'est un un lecteur qui pose la question, et d'autres vont y répondre en expliquant que ces enegistreurs de vol sont pris dans la carlingue et ne peuvent pas se détacher.
Interlude (suite) : des boîtes noires qui flottent
Le lendemain, sur le même blog, on trouve un billet qui raconte que justement, certaines entreprises développe une boîte noire éjectable qui est en est encore à l'étude de faisabilité. L'invention est pour l'instant américaine et l'Europe, qui semble se rendre compte de l'utilité potentielle de cette invention, va sans doute lui succéder !
Je pourrais continuer encore longtemps comme ça, avec par exemple l'hypothèse suivante évoquée par les enquêteurs qui a mis en cause les sondes de Pitot. Est-ce que vous savez ce que c'est ? Eh bien les journalistes non plus, qui se sont rués sur Wikipédia et ont parfois mal traduit le terme (MàJ : David Monniaux a retiré son billet du blog). Tom Roud, encore lui, se souvient de ses travaux dirigés de mécanique des fluides et nous explique tout ça… Etc. etc.
Conclusion
Ce que l'on constate, c'est que les médias ont dû s'escrimer à tenter d'informer malgré le peu d'éléments dont ils disposaient. Les blogs, eux, ont pu couvrir l'événement à leur façon, en apportant des compléments scientifiques ou techniques…
Commentaires
Je pense qu'on devrait lancer une émission scientifique sur le Web, comme arrêt sur images. Bon, évidemment, cela demanderait du temps et de l'énergie, donc de l'argent, mais bon... on peut rêver ;)
Bonjour,
Je pense que cette chroniques est incomplete sans reference a l'enquete d'eurocokpit, un site web de professionel de la navigation civile qui analyse en detail ce qu'on sait de l'accident et qui fait le lien avec un grand nombre d'incident similaire.
C'est plus technique que purement scientifique. Mais la limite entre les deux n'est pas toujours claire.
un site web a lire donc : http://www.eurocockpit.com/
et bravo pour ce blog.
Il serait temps de tordre le cou à cette légende de la 'cage de Faraday'.
Cette notion est exclusivement du domaine de l'électrostatique: les charges électriques (fixes!) ne peuvent subsister qu'à la surface d'un corps conducteur, et le champ électrique (statique!) régnant dans ce corps est nécessairement nul.
En présence de courant électrique, on n'est plus du tout dans le domaine de l'électrostatique! On peut très bien appliquer un champ à l'intérieur d'un conducteur, qui comme son nom l'indique ... conduit le courant: les charges (mobiles: électrons) s'y promènent volontiers! Toutefois la charge globale reste nulle, dans le cas d'un courant continu et constant.
Enfin dans le cas d'un champ/courant hautement variable (foudre), c'est sacrément plus compliqué! Les charges se déplacent mais peuvent aussi s'accumuler (temporairement), le champ magnétique intense provoque des courants induits, etc. Une enceinte métallique peut alors jouer un rôle de 'bouclier électromagnétique', mais pour certaines fréquences seulement, et imparfaitement, à moins d'avoir été conçue pour ça (pas vraiment le cas d'un avion).
Si on ne risque pas grand chose dans une voiture ou un avion, c'est surtout parce que la décharge circulera bien plus volontiers par la carcasse métallique conductrice que par le contenu, qui l'est moins. Plus précisément, l'ensemble de la carcasse aura tendance à être 'équipotentielle', donc la 'tension aux bornes' (d'un passager) reste faible. N'empêche ... Alex Hermant, dans son livre 'Traqueur d'orages', relate quelques bon coups de jus dans sa voiture: ça fait mal quand même.
@sebl Merci pour le signalement mais ma chronique ne s'intéressait qu'aux blogs — ce qui d'ailleurs n'empêche pas qu'elle soit très incomplète !
@Manu Merci pour ces précisions, j'avais vérifié mes infos sur Wikipedia qui liste bien les carcasses de voiture et avion comme exemples de cage de Faraday. Mais si je comprends bien maintenant (et le schéma sur la page Wikipédia est assez clair), ce concept s'applique strictement aux champs électriques. Il y a bien un effet de la carlingue en cas de courant électrique, mais il relève d'autres phénomènes que vous expliquez bien. Merci en tous cas de continuer à démontrer que sur les blogs, la lumière peut apparaître !