Après 3 ans de travaux ayant coûtée la bagatelle de 47 millions de livres, l'aile est du National Museum of Scotland à Edimbourg vient de rouvrir ce week-end. L'attente était à son comble et la campagne de promotion tournée autour du slogan "Discover the bigger picture" avait joliment entretenu le suspense.

  

Sur son blog, l'équipe du musée explique ce que recouvre cette idée conçue avec l'agence de communication Frame à Glasgow :

Discover the Bigger Picture is about encouraging you to look deeper into things. To find out more. We’re inviting you on a journey. We want you to uncover the surprising and inspiring connections behind each and every story. We want you to be curious. We want to make you question things. We want to inspire you. We want you to discover the bigger picture at the National Museum of Scotland.

"Découvrir la vision d'ensemble" c'est encourager à voir au fond des choses. En savoir plus. Nous vous invitons à un voyage. Nous voulons que vous découvriez par vous-même les connections surprenantes et inspirantes derrière chaque histoire. Nous voulons que vous soyez curieux. Nous voulons vous faire questionner les choses. Nous voulons vous inspirer. Nous voulons que vous découvriez la vision d'ensemble au National Museum of Scotland.

Après une inauguration en grande pompe le matin (photos / vidéo) devant 2.000 personnes rassemblées dans la rue, 22.000 visiteurs ont passé les portes du musée le premier jour !

Ce qu'ils ont découvert, c'est d'abord un bâtiment victorien calqué sur le Crystal Palace londonien, entièrement rénové. La "Grand Gallery", haute de 18 mètres, comprend 3 niveaux qui permettent de déambuler et de rejoindre les 16 salles attenantes.

Grand Gallery

Ce qui frappe ensuite, c'est le nombre d'objets présentés : plus de 8 000 dont 80 % sont montrés pour la première fois au public depuis la création du musée en 1866. Vous y trouverez notamment plusieurs salles consacrées aux sciences de la vie et de la terre, qui m'ont semblé les plus populaires. Les habitués du Museum à Paris ne seront pas dépaysés.

La Galerie consacrée au monde vivant (3 étages)  T-Rex

Mais plus qu'un musée d'histoire naturelle, c'est à un vrai musée d'histoire humaine et naturelle que nous avons affaire : l'art, l'industrie, la science, la technologie, les animaux, l'espace, la Terre, les cultures du monde… toute la planète semble s'être donné rendez-vous à Edimbourg, comme le montrent ces objets manufacturés et cette plaque d'un train à vapeur reliant Glasgow à Londres.

Princess Alice, un des trains à vapeur qui faisaient la liaison Glasgow-Londres

Parmi mes trouvailles et coups de cœur, voici un dodo et une superbe ironstone où le fer est oxydé, preuve de l'apparition de la photosynthèse (dans les stromatolithes) et du dégagement d'oxygène dans l'océan.

Dodo  Superbe "ironstone"

La science est présentée à travers quelques unes de ses réalisations récentes : la brebis Dolly (premier mammifère cloné, à Edimbourg justement) ou les miracles de la robotique qui permettent de redonner un bras ou une main à ceux qui l'ont perdu.

Dolly, la brebis clonée  Edimbourg, capitale des prothèses

On trouve aussi un modèle de la double hélice d'ADN, dont on raconte qu'il fut construit par Francis Crick lui-même pour un cours qu'il donna à l'université d'Edimbourg.

Modèle d'ADN

Cependant, les interrogations envers le "progrès" ne sont pas absentes, comme ce panneau consacré à l'énergie nucléaire qui rappelle Tchernobyl et… Fukushima !

Fukushima : voici de l'information récente pour un musée !

Bien que l'Ecosse soit la vedette de l'aile ouest du musée qui était restée ouverte pendant les travaux, elle apparaît également ici puisque de nombreux spécimens ont été ramenés par des savants, explorateurs ou notables écossais. Est ainsi mis à l'honneur Alexander Fleming, qui naquit le 6 août 1881 dans une ferme de Lochfield près de Darvel dans l'East Ayrshire. Dans cette vitrine sont montrées toutes ses médailles et récompenses, y compris son prix Nobel (au premier plan).

L'ensemble des médailles et récompenses reçues par Alexander Fleming

James Young Simpson, obstétricien et professeur à Edimbourg qui découvrit les propriétés anesthésiantes du chloroforme, était également amateur d'archéologie et collectionneur. Il fit don d'un bas relief assyrien vieux de 3 000 ans qui est montré dans le musée. On retrouve également Charles Darwin, qui étudia la médecine à Edimbourg, représenté ici à travers un exemplaire de L'Origine des espèces (deuxième édition, 1860), un oiseau qu'il a empaillé (Upucerthia dumetaria ou Upucerthie des buissons), et quelques scarabées épinglés par sa main.

Enfin, l'alliance entre art et science est également présente avec ces admirables "spécimens" entièrement soufflés en verre, qui font partie des dernières acquisitions du musée (malheureusement je n'ai pas noté le nom de l'artiste).

"Specimens" artistiques entièrement soufflés en verre.

Voici donc un somptueux musée entré de plein pied dans le XXie siècle. C'est un cabinet de curiosité plus grand que nature, dans un écrin architectural unique. Certes ce n'est pas l'Exploratorium de San Francisco et ses dispositifs interactifs, ni le Science Museum de Londres et ses questionnements sur la science en train de se faire. Néanmoins, les amateurs y trouveront leur bonheur et seront bien avisés d'envisager de prochaines vacances à Edimbourg.