Dans ma chronique radio ce mois-ci, je me suis attardé sur un billet qui a donné lieu à  une flopée de commentaires et une discussion aux nombreuses ramifications. Excellente illustration, à  mon goût, du fait que les commentaires sont une vraie valeur ajoutée du blog et que celui-ci est un vrai outil d'autonomisation (''empowerment''), où le lecteur est invité à  s'informer, suivre les références et liens pour se faire son opinion et discuter avec le reste du monde.

Notre histoire démarre avec cet article paru dans le quotidien suisse ''Le Courrier'' le 30 août, sur le projet de loi des Verts visant à  stopper les spéculations sur les meilleurs sites d'installation des éoliennes dans le pays. Selon un député écologiste cité dans l'article, la plus grande éolienne de Suisse mise en service récemment à  Collonges (Valais) rapportera 850 000 francs suisses par an, pour une production de 4,4 millions de kWh.

Dr Goulu, un ingénieur qui vit près de Genève, lit l'article et réagit sur son blog. Après une petite division, il constate que le prix de revient du kWh produit par cette éolienne est de 19,8 centimes, soit le double du prix du kWh produit par les installations hydroélectriques et le quadruple de celui des centrales thermiques, nucléaires ou à  gaz. Il explique que ce ne serait économiquement pas viable si le marché de l'éolien n'était subventionné et soutenu par une loi obligeant les distributeurs d'électricité à  acheter l'électricité éolienne (et solaire) à  prix coutant. Et de faire la comparaison avec le nouveau projet du barrage d'Emosson (Valais), qui fournit de l'électricité à  moins de la moitié du prix de l'éolien et de façon beaucoup moins aléatoire.

Les premiers commentaires vont dans le même sens que Dr Goulu, certains semblant découvrir cette question de la non-rentabilité des éoliennes, tandis que d'autres se félicitent qu'elle est enfin mise en avant et dénoncée. Pour notre blogueur, c'est aussi l'occasion d'élargir le débat, en évoquant l'énergie marémotrice, la question des éoliennes offshore ou le nucléaire. Et puis on commence à  avoir un son de cloche un peu différent, avec un lecteur qui met en avant la notion de marge de progression potentielle du solaire ou de l'éolien et s'interroge sur le vrai potentiel de l'hydroélectricité. Dr Goulu n'est pas surpris, il répond que le potentiel hydroélectrique est sous estimé par tout le monde et cite quelques chiffres concernant la France, sujet qu'il approfondit dans un deuxième billet. Dans ce billet, on apprend par exemple que l'hydroélectricité a deux avantages décifis sur toutes les sources d'énergie :

  • la turbine d'un barrage peut être mise en service en 3 minutes chrono, dès qu'un besoin apparaît
  • c'est le seul moyen de stocker de grosses quantités d'énergie, à  savoir la masse d'eau que l'on peut pomper en aval pour la turbiner le lendemain.

Nous sommes alors à  la fin septembre et la conversation semble terminée quand, un mois plus tard, elle se réveille avec un lecteur qui a beaucoup d'autres choses à  ajouter. Tout au long de ses échanges avec le maître des lieux, on apprend notamment que :

  • il faut distinguer le prix de rachat (qui tient compte des circonstances politiques et économiques, évalué par Dr Goulu à  19 centimes) et le prix de revient (lié purement à  la performance technique, estimé à  9 centimes)
  • les aides qui viennent gonfler le prix de rachat (au détriment du consommateur) sont destinées à  financer la recherche sur les éoliennes, et l'investissement de capitaux privés, et sont dégressives dans le temps
  • un projet soutenu par l'UE vise à  faire produire l'électricité éolienne au même coût de revient que le nucléaire, soit 6 centimes de franc suisse le kWh.

Ainsi, cette conversation qui s'est développée à  son propre rythme et avec des intervenants de multiples horizons, a permis d'éclaircir certains points, d'échanger des arguments, d'enrichir son point de vue et de prolonger largement un article de journal en forme de cul-de-sac.