Le prochain Café science & citoyens organisé par l'association Mille et une sciences aura lieu à  Lyon le lundi 6 février et sera consacré à  la question de la différence entre naturel et artificiel. Excellent thème : on ne compte plus les exemples de la vie courante où cette confusion est faite — quand "chimique" n'est pas utilisé comme synonyme encore plus péjoratif d'"artificiel", alors que le naturel aussi est "chimique". Comme le formule mieux que moi Richard-Emmanuel Eastes (document pdf, 192 ko):

Dans le langage courant, ce qui est « chimique » est en général connoté négativement : au mieux, c’est anti-naturel et au pire, une source de dangers pour la santé et l’environnement. C’est d’ailleurs les deux sens principaux qu’il convient de distinguer dans la perception de ce terme par nos concitoyens : « chimique » contient à  la fois l’idée d'artifice (Bernadette Bensaude-Vincent parlera de factice) et l’idée de risque. Ces deux conceptions se mêlant généralement pour conduire à  une vision simpliste qui revient à  donner à  l’acception courante du mot chimique le sens de : C’est artificiel, donc potentiellement malsain (…) : il convient ici de ne pas négliger l’importance du mot « potentiellement ». Car les détracteurs du « chimique » acceptent souvent bien volontiers de se soigner à  l’aide de médicaments ou d’utiliser des objets qui contiennent des matières plastiques. Ce qui est en cause ici n’est pas nécessairement de l’ordre du rationnel (ce qui complique encore la tâche des chimistes, rompus à  l’objectivité et à  la logique scientifiques) : ce sont essentiellement des valeurs et des peurs.

Et l'association Mille et une sciences d'annoncer :

Le clivage commun qui existe entre « naturel » et « artificiel » est foncièrement connoté d'un jugement de valeur : Ce qui est naturel est bon alors que ce qui est artificiel est mauvais. Quelle conception a-t-on de ce qui est naturel et de ce qui ne l'est pas ? Il sera intéressant de mieux comprendre ce qui se cache derrière ce jugement de valeur, ses fondements historiques ou culturels,… et leurs conséquences.

Une molécule de vanilline synthétisée, identique avec celle extraite du bâton de vanille, est artificielle parce qu'elle est créée par l'homme. Mais le bâton de vanille, n'est-il pas issu d'un plant de vanille arrosé, nourri et soigné par l'homme ? Ce bâton de vanille n'est-il donc pas lui aussi artificiel ?

Lorsque des croisements génétiques s'opèrent entre espèces, qu'une bactérie vient parasiter un autre organisme on considère qu'il s'agit de phénomène naturel. Lorsque c'est l'homme qui choisit de le faire, la mutation devient artificielle. L'homme est-il un être vivant « hors-nature » ? Pourquoi exclue-t-on son action du champ de la nature ? L'homme n'est-il pas non plus un « produit naturel » au même titre que le soleil, l'eau, l'air… ?

Avis aux lyonnais... et si l'un de mes lecteurs y participe, je publierai avec plaisir un compte-rendu ici ;-) !