Le président Chirac l'avait promis le 25 septembre dernier, il vient de tenir parole (si si !) :

Pour permettre une meilleure diffusion, dans la société, de la culture scientifique et technique, j'ai demandé au gouvernement de créer, avant la fin de l'année un Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST).

L'IHEST, inscrit dans le Pacte pour la recherche[1], existe donc depuis le mois dernier. Concrètement, son fonctionnement est assez flou, malgré le site Internet dédié. Il semblerait que l'institut organisera un cycle annuel de formation, destiné à  une cinquantaine de membres de la société civile... choisis sur leur CV et lettre de motivation, après contribution de 3000 € (qui peuvent être pris en charge par l'employeur au titre de la formation continue).

La forme est originale, a le mérite de considérer la culture scientifique dans un sens assez large et fera probablement quelques heureux. Mais si c'est avec cette initiative isolée et centralisée que l'on espère promouvoir "une culture de la recherche et de l’innovation dans la société", je reste perplexe. Pourquoi ne pas s'être appuyé sur les nombreux Centres culturels scientifiques, techniques et industriels (CCSTI) qui parsèment notre territoire depuis une dizaine d'années maintenant, et ont acquis depuis une certaine expérience ?...

Bref, éléphant blanc peut-être, mais il ne faut pas cracher dessus non plus. En fervent partisan de la "mise en culture" de la science[2] chère à  Jean-Marc Lévy-Leblond, je ne refuse aucun dispositif nouveau et croit en la diversité des initiatives. Pourtant, nous avertit Lévy-Leblond, il faut pour cela aller "à  l'encontre d'une politique technocratique ou paternaliste". C'est pas gagné...

Notes

[1] D'après le Pacte pour la recherche adopté en novembre 2005, "l'IHEST assurera une mission de formation et contribuera à  la diffusion de la culture scientifique dans la société (pouvoirs publics, entreprises, associations, syndicats, chercheurs, enseignants, journalistes) et à  l'animation du débat autour de la science et de ses progrès".

[2] Pour "mettre en culture la science et la technique", "il ne s'agit pas seulement de partager le savoir, mais de le changer. Multiplier les échanges des milieux scientifiques techniques avec le corps social doit modifier, et la science et la société. On ne peut mettre la science en culture sans la mettre en question." ("Pour des centres culturels scientifiques et techniques" in L'Esprit de sel, Points Seuil, 1984) (voir l'extrait complet sur mon wiki)