Image et notoriété du CNRS en France
10
janv.
2007
Le CNRS a publié en novembre 2006 les résultats d'une enquête de notoriété qu'il a commandée à TNS-Sofres (une demande provenant du Département Stratégies d'opinion, si si !!). Que faut-il en retenir ?
- Les Français estiment que la science apporte plus de bien que de mal (48 % , contre 46 %
autant de bien que de mal
), ce qui correspond à un regain d'optimisme ; - 78 % des Français connaissent le CNRS
au moins de nom
, ce qui en fait le plus connu des organismes publics de recherche en France. En deuxième vient l'Inra avec 65 %, ce qui le place devant l'Inserm, le CNES ou le CEA et me paraît un bon point pour la recherche agronomique souvent délaissée pour la recherche médicale[1]. Soit parce que le débat OGM et les grandes questions d'orientation agricole intéressent les Français (ou au moins les touchent médiatiquement)[2], soit parce que l'Inra pénètre dans la vie de tous les Français grâce à ses innovations ou ses préoccupations ; - le CNRS obtient un meilleurs indice TRI*M que l'indice moyen des entreprises françaises ou les services de santé français. Encore un point pour la confiance constante envers les chercheurs du public…
- les thèmes scientifiques du CNRS qui interpellent le plus sont l'environnement et le développement durable, les sciences humaines et sociales (alors que c'est de plus en plus un parent pauvre du CNRS !!) et les sciences du vivant (idem, on se souvient des propos de C. Bréchignac, la Présidente) ;
- les adjectifs les moins souvent associés au CNRS, et donc là où il est le plus perfectible, sont : le dépôt de brevets (pas suffisant), l'ouverture (!!), la contribution au développement économique et le partage de connaissances. Evidemment, on aimerait en savoir plus sur chacun de ces points mais non, nous resterons sur notre
finfaim en attendant (peut-être) la prochaine enquête…
Commentaires
Signalons au passage que cette étude a été très critiquée, y compris d'un point de vue méthodologique, par certains sociologues du CNRS...
Timothée > Merci, je ne savais pas... As-tu des références ou des liens ?
On reste sur sa faim, oui :)
Je ne connais pas les critiques circulant à l'égard de l'enquête mais on peut tout de suite signaler quelques biais. A-t-on demandé au "public" ce qu'il pense de l'Inserm ? A peu de choses près, j'attendrais des résultats identiques en termes de satisfaction et de confiance. L'enquête n'a pas effectué ce type de comparaison : au lieu de cela, elle compare ce qui ne l'est pas : qu'est-ce qu'un service de santé ? L'expression est vide de sens, sauf pour les juristes. Les enquêtés doivent-ils y mettre la CPAM ? la clinique mutualiste ? ou juste le CHRU ? les urgences psychiatriques ? lesquels ont-ils fréquenté de toute manière ? etc.). Pour en revenir à l'Inserm, celui-ci a plusieurs centaines d'unités dans les "services de santé". Bref, cette question s'appuie sur pas grand chose de fiable (ou alors c'est la mesure d'un vague sentiment, ce qui ne sert pas à grand chose non plus).
Ensuite, que la science fasse "autant de bien que de mal" pour près d'un enquêté sur deux, c'est très inquiétant ! Si l'on soustrait les réponses données par désirabilité sociale, on peut considérer que 50% de la population est très sceptique vis-à -vis du bien-fondé des recherches du CNRS.
Dernier point : il faut lire les résultats potentiellement contradictoires. Les enquêtés sont très intéressés par l'environnement : c'est indéniablement positif, nous allons tous mourir de notre négligence à ce niveau et nos carnets de santé commencent à refléter nos erreurs diverses à ce niveau (je dramatise). En revanche, personne ne s'intéresse à la chimie, alors que que la biochimie joue un rôle crucial dans la découverte des agents pathogènes ?
Je trouve surprenant que ce soit le CNRS qui demande cette enquête de notoriété. Les scientifiques sont bien placés pour accorder peu de crédit aux enquêtes d'opinion. Que va-t-il faire des résultats de l'enquête?
Woody > Comme je l'écris dans mon billet, c'est le département Stratégies d'opinion du CNRS qui a commandé cette étude. Or ce département 1) ne doit pas regorger de scientifiques et 2) s'il ne faisait pas d'étude d'opinion, travaillerait un peu dans le vide… Mais ta réaction de surprise prouve bien que l'on n'est pas habitué à ce genre d'opérations de la part des organismes de recherche. Une nouvelle tendance ?
Je vais essayer de chercher les différentes remarques émises sur la liste de diffusion de SLR... Vu la masse de mails quotidiens, ca va prendre un peu de temps...
A propos de valorisation de la science, un article du monde qui relaie les conclusions d'un rapport de l'inspection générale des finances et de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-855431@51-855435,0.html
et pendant que j'y suis, à quoi correspond le M dans TRI*M ?
PAk > C'est une bonne question, et je n'en ai aucune idée. Le principe de TRI*M n'est en fait pas explicité du tout dans ce rapport... Quant à l'article du Monde, oui, il devrait faire réagir quelques blogueurs du C@fé des sciences, moi ou d'autres !