Une petite foire aux questions sur le modèle de celle de Tom Roud.

Alors c'est le GIEC qui a eu le prix Nobel de la paix ?

Oui, et il le partage avec Al Gore pour leurs efforts dans la construction et la dissémination des connaissances concernant le réchauffement climatique d'origine humaine, et pour poser les fondations des mesures qui sont nécessaires pour le contrecarrer.

Le prix Nobel de la paix à  une institution scientifique… c’est pas un peu fort de café ?

Pourquoi pas. La réchauffement climatique est effectivement un enjeu planétaire et le consensus scientifique construit par le GIEC aura permis d'attirer l'attention des autorités sur ce point. Cependant, bien qu'il s'en défende, le GIEC fait de la politique. Il construit une réalité, il fabrique un discours performatif, il brandit la menace d'un futur sombre. En cela, le prix Nobel prend tout son sens. Pour ses adversaires aussi, d'ailleurs...

Et pourquoi ne pas lui décerner le prix Nobel de physique ?

Parce que la science sur laquelle se base le GIEC n'est pas révolutionnaire en soi, c'est la mise en commun des moyens et des résultats qui l'est. Et la poursuite d'un but inamovible : faire la lumière sur les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, les conséquences possibles de ce changement et les éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Et puis a-t-on déjà  vu un groupe qui n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche obtenir un prix Nobel de physique ?

Mais finalement, il va à  qui ce prix ?

C'est une bonne question ! Le GIEC se définissant comme une agora qui n'emploie elle-même qu'une poignée de secrétaires, c'est chacune des parties prenantes qui va se sentir probablement gratifié et la communauté des climatologues qui va en ressortir grandie. Mais c'est aussi un prix qui va faire du bien aux fondateurs du GIEC : l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Mais avant ça, c'est une victoire de ceux qui ont cru dans la science du climat, de ces physiciens ou météorologistes qui se sont réunis dès 1873 au sein de l'Organisation météorologique internationale pour travailler ensemble. Et c'est aussi une reconnaissance de la science mondialisée, cette science capable de mesurer des variables à  un instant donné sur chaque point du globe, cette science capable d'échanger des données en temps record, cette science capable d'établir des normes et des procédures standardisées, cette science capable de reconnaître ses pairs d'où qu'ils viennent, bref cette science capable de nous faire saisir le globe dans sa totalité.

Et les écolos ?

Ils se félicitent déjà  du prix...

Mais le GIEC est amené à  disparaître, non ?

Une fois que le problème du réchauffement sera réglé ou que le consensus ne sera plus nécessaire ? Oui, ou même avant si l'on en croit le vice-président du groupe de travail n° 2 : The IPCC has done its job, now the future is in your hands.

Et pourquoi maintenant ?

On peut sans conteste y voir un signal fort avant la session de novembre du GIEC organisée à  Valence (Espagne), qui devrait déboucher sur le rapport "final" (Assessment Report 4) faisant suite à  celui de 2001. Lequel aura un poids d'autant plus fort lors de la conférences des Nations unies sur le réchauffement climatique à  Bali en décembre.

Et les dissidents ?

à‡a risque de devenir dur pour les critiques du GIEC de se faire entendre. On touche difficilement à  un prix Nobel de la paix ! Heureusement qu'il restera la sociologie des sciences pour se livrer à  une critique et un décortiquage subtils...