Monsieur le Président Bernard Meunier,
Madame la Secrétaire perpétuelle Catherine Bréchignac,
Monsieur le Secrétaire perpétuel Jean-François Bach,

en tant que citoyen, je m’honore de contribuer à la culture scientifique de ce pays et de ses habitants. Depuis 10 ans, je tiens sur mon blog « La science, la cité » la chronique des bonnes et mauvaises relations entre science et société. Ce rôle de vigie, j’aimerais le partager avec notre assemblée la plus auguste, siégeant quai Conti.

Statutairement, l’Académie exerce cinq missions fondamentales : encourager la vie scientifique, promouvoir l’enseignement des sciences, transmettre les connaissances, favoriser les collaborations internationales et assurer un rôle d’expertise et de conseil. L’exemplarité éthique n’en fait pas partie mais c’est une responsabilité qui lui est reconnue de fait :

  • le rapport de Pierre Corvol propose de « mieux impliquer les Académies en matière d’intégrité dans les sciences et faire la promotion de leurs travaux dans la matière » (Proposition n° 13)
  • le Président Hollande, dans son discours de ce jour, désigne les scientifiques de l’Académie comme un rempart contre les « égarements » des « charlatans ».

Vous comprendrez ma colère et mon incompréhension du fait que l’Académie des sciences accueille en son sein un fraudeur notoire, à l’origine du plus grand scandale de fraude scientifique en France depuis l’affaire Bihain dans les années 1990. Olivier Voinnet, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été suspendu par [MàJ 16/10] ses employeurs, l’ETH Zürich et son employeur le CNRS. Mme la Secrétaire perpétuelle Catherine Bréchignac peut mesurer la gravité de cette décision puisqu’elle a dirigé pendant cinq ans le CNRS, et qu’elle n’a jamais eu à prononcer une telle sanction.

Par conséquent, je tenais à vous exprimer ma révolte et à lire la défense que vous voudrez bien m’opposer. Dans cette attente, je vous prie de croire, chers membres du Bureau de l’Académie des sciences, ma considération la plus distinguée.

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[MàJ 28/09] Ceux qui ont suivi l’affaire Voinnet et savent déjà qu’il est membre de l’Académie des sciences me demandent s’il y a du nouveau le concernant. La réponse est non. Ce qui a motivé mon courrier c’est que l’Académie, très exposée en cette année de son 350e anniversaire, se pare de plus en plus d’une probité qu’elle ne me paraît pas mériter. On me demande également s’il est possible d’exclure un membre de l’Académie. Ses statuts prévoient que tout Membre, à compter du jour où son élection a été approuvée par le Président de la République, jouit durant sa vie entière de la totalité des droits que lui confère son élection, sans limitation aucune sauf celle prévue à l’article 25 des présents Statuts.. Rien n’est donc prévu pour exclure les brebis galeuses ; et on ose nous parler d’exemplarité…

[MàJ 14/10] En toute discrétion (je le dois à FX Coudert qui l'a repéré et tweeté), l'Académie des sciences a publié un communiqué de presse où elle annonce qu'Olivier Voinnet a été élu à l’Académie des sciences en novembre 2014 avant la mise en cause de plusieurs de ses publications. À ce jour, il n’a pas été reçu sous la Coupole, acte solennel d’intronisation de tous les membres de l’Académie des sciences. Dès que les conclusions de la commission mixte CNRS-ETH seront connues, notre Académie prendra alors les décisions nécessaires. Pendant cette période d’attente, notre Compagnie s’abstiendra de tout commentaire. Ce que je ne comprends pas c'est que le chercheur sur lequel porte l'investigation CNRS-ETH en cours n'est probablement pas O. Voinnet (mais l'un de ses co-auteurs). Pourquoi donc attendre le résultat de cette enquête dont les détails ne sont pas connus alors que celle qui portait sur O. Voinnet est terminée et a conduit à sa suspension ?!