La science, la cité

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Mot-clé : Claude Allègre

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Trouver l'auteur : le propre du vrai savant

C'est bien antérieur à  Claude Allègre mais il pourrait en prendre de la graine. A qui doit-on ce passage ?

C'est là  le propre du vrai savant. Plus il a rassemblé de données positives, plus il a fait de conquêtes dans le champ de l'inconnu, plus il est réservé sur celles de l'avenir. Au contraire, plus un homme a vécu d'idées systématiques et chimériques, plus il a d'audace pour affirmer, parce que le propre des habitudes de sa pensée est de ne pas connaître de règle.

Mà J 12/04 : Bravo à  Audrey H. qui a reconnu Louis Pasteur en 1870, un passage extrait du tome VII de ses oeuvres complètes, ou "Mélanges scientifiques et littéraires'' (p. 30).

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Petites réflexions sur l'affaire Allègre (ou les conférences de citoyens contre Claude Allègre)

L'affaire Allègre, c'est ce géophysicien émérite, médaille d'or du CNRS et ancien ministre, qui prend la plume et la parole pour :

  • contester le phénomène du réchauffement climatique (chronique dans L'express du 21 septembre) ;
  • avant de contester la part des gaz à  effet de serre dans le réchauffement climatique (sur France inter le 11 octobre) ;
  • et finalement réclamer le droit au doute (tribune dans Le Monde du 26 octobre).

Les médias se sont un peu enflammés (en particulier Libération) mais surtout les chercheurs (SLR, le LGGE etc.) et les Français eux-mêmes (111 réactions à  l'heure actuelle sur le site du Monde !!). L'affaire est intéressante de ce point de vue, plus que du point de vue scientifique : Allègre n'a fait aucune recherche sur ce sujet et ne met pas particulièrement en avant de percée majeure qui nécessiterait de réviser nos connaissances scientifiques. Il semble même avoir fléchi ses positions après que de nombreux spécialistes ont corrigé ses citations et arguments. Par contre, il s'engage dans l'arène politique, au seul nom de sa gloire passé (un autre exemple du mandarinat que je stigmatisais chez Axel Kahn) et en profitant de l'ambiguïté, alors qu'il pourrait très bien, en tant que membre de l'Académie des sciences, travailler avec ou contre le GIEC et contester leurs résultats dans l'arène scientifique. Son agenda, si on essaye de le décoder, pourrait être de modérer la politique de modification de notre mode de vie et surtout de promouvoir l'"écologie réparatrice par opposition à  l'écologie dénonciatrice". Une question de vision du monde, donc.

Bref, Claude Allègre ne fait pas de la science mais de la politique, il ne sert à  rien de vouloir lui rétorquer des arguments scientifiques (même si je sais gré au travail de "critique de science" exercé par les médias et chercheurs cités plus hauts qui me permettent d'écrire ceci aujourd'hui). Il revendique sa place de martyr contestataire, tel un Pasteur ou un Wegener (je cite). Passe encore. Cela fonctionne plutôt bien, on fait attention à  lui, tant mieux pour lui. Mais les profanes se sentent parfois un perdus : Allègre qui critique le réchauffement climatique, quand même !!

Or en 2002, une conférence de citoyens a rendu un rapport sur le changement climatique. Pour rester dans le politique, donc, on pouvait y lire :

Nous citoyens, à  la lumière des données scientifiques actuelles, sommes convaincus que c’est notre mode de vie qui génère une quantité de gaz à  effet de serre supérieure à  ce que notre planète peut absorber de façon naturelle. Ce surplus est responsable du réchauffement de notre atmosphère. Il en résultera des changements climatiques mondiaux qui deviendront de moins en moins maîtrisables dans le temps. Attendu que

  • les émissions de GES sont dues principalement à  la consommation d'énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) ;
  • les sources d’énergie fossile sont en voie d’épuisement et leur prix ne tient pas compte des effets induits par les émissions de GES ;
  • l’énergie nucléaire présente des risques à  l’exploitation, génère des déchets radioactifs, et présente, en cas de transfert aux pays en voie de développement, deux dangers principaux : danger de prolifération (arme atomique) et risques liés à  l’exploitation et au manque de stabilité politique ;
  • il existe de nombreuses sources d’énergie potentiellement utilisables (vent, soleil, mouvement des marées, géothermie, biomasse, etc.),

nous pensons que

  • la réduction des gaz à  effet de serre est fortement dépendante de la consommation et des choix énergétiques ;
  • il est inéluctable de promouvoir d’autres sources d’énergie ;
  • le nucléaire ne peut être qu’une solution transitoire étant donné les risques encourus.
Il faut donc développer des sources d’énergies renouvelables, pour lesquelles il faut passer au stade de production industrielle. (...)

De quoi fournir une base raisonnable pour réfléchir calmement et échapper aux hystéries de certains. Certes, les experts qui conseillent nos gouvernements ne suivront probablement jamais Allègre et nous pouvons dormir sur nos deux oreilles. Mais quid d'un Jospin s'il avait été élu ? Quid de certains hommes politiques qui voudraient faire du zèle et endosser l'alibi Allègre pour satisfaire des lobbys économiques et industriels ? Quand je dis que les conférences de citoyens ont du bon, c'est qu'elles fournissent une base saine aux débats et engagent la société civile dans la définition de son avenir, loin des prises de becs et jeux de coudes !!

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