La science, la cité

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Trouver l'auteur : sociologie de la sociologie des sciences

Presque 9 ans après la précédente, je vous soumets cette devinette estivale. Qui a écrit cette abîme, cynique, de sociologie des sciences (en VO) :

The question of what institutional and economic and political interests actually benefited from social science research into science was itself a small but thriving area of social science research, and the question of who benefited from that research was a smaller area still. The one researcher who had taken the next logical step and investigated who benefited from research into research into research into research had concluded that the only beneficiary of his research was himself, a result so significant that its publications had ensured him a professorship at the University of Edinburgh.

J’attends de lire vos idées en commentaires :-) (moteurs de recherche interdits !)

[MàJ 18/08] : Il s’agit du roman de science-fiction dystopique Intrusion, de Ken MacLeod. Une des personnages y mène une thèse en sociologie des sciences, l’auteur ayant été inspiré par son séjour comme writer in residence dans l’unité de recherche ESRC Genomics Policy and Research Forum à l’université d’Edimbourg. On y trouve également cette réflexion :

And, of course, she was keeping a careful record of her own activities, for possible future use. I’ll take reflexiviy to a whole new level! she’d said. The political economy of the promise of the political economy of the promise of promise!

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Trouver l'auteur : Science et historiographie

Ce quizz est une réponse à  Tom Roud, qui écrivait : la science n’est tout simplement pas capable d’expliquer des événements contingents ou aléatoires, car la science se préoccupe uniquement des événements reproductibles et des lois générales (c’est pour cela que l’histoire n’est pas une science, au contraire de l’économie).

Comme toutes les Sciences, l'Histoire est en elle-même et par elle-même une activité désintéressée. Elle ne se croit pas chargée d'approvisionner pour les vivants d'aujourd'hui et de demain un large compte en banque de "précédents" propres à  déterminer leur conduite. La seule leçon qu'elle prétende donner, c'est qu'il n'y a pas de leçons de l'Histoire. C'est que l'Histoire n'oblige pas. Sans quoi... — Sans quoi on prétendrait que, pour conjurer en 1945 une attaque combinée de tanks et d'avion, de V2 et de bombes atomiques — il eût fallu d'abord étudier les campagnes de Gustave-Adolphe, de Turenne, de Napoléon 1er ou même de Foch.

[Mà J 09/12, 10h19] : Bravo à  Oldcola qui a reconnu Lucien Febvre, dans son "Avant-propos" aux Trois essais sur histoire et culture de Charles Morazé (Librairie Armand Colin, p. vii, 1948). On touche là  à  l'école des Annales, d'émanation strasbourgeoise, qui renouvela le travail historique en France en sortant du recueil des faits et des biographies pour s'intéresser au "temps longs", aux mouvements sociaux. Selon un des principes de ce mouvement, l'historien doit oublier qu'il connaît l'issue des évènements qu'il étudie pour ne pas tomber dans une explication téléologique. On retrouve cela en histoire des sciences : Pasteur triompha-t-il de Pouchet parce qu'il avait raison ? C'est oublier qu'à  l'époque, il n'avait pas "raison" de la même façon qu'on le dirait aujourd'hui et qu'aucun de ses contemporains ne le "savait". Il a donc bien dû mener un combat, qu'il faut décrire et expliquer... Pablo a engagé une discussion sur ce sujet, promis, je lui réponds dès que j'en trouve le temps ! ;-)

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Trouver l'auteur : le propre du vrai savant

C'est bien antérieur à  Claude Allègre mais il pourrait en prendre de la graine. A qui doit-on ce passage ?

C'est là  le propre du vrai savant. Plus il a rassemblé de données positives, plus il a fait de conquêtes dans le champ de l'inconnu, plus il est réservé sur celles de l'avenir. Au contraire, plus un homme a vécu d'idées systématiques et chimériques, plus il a d'audace pour affirmer, parce que le propre des habitudes de sa pensée est de ne pas connaître de règle.

Mà J 12/04 : Bravo à  Audrey H. qui a reconnu Louis Pasteur en 1870, un passage extrait du tome VII de ses oeuvres complètes, ou "Mélanges scientifiques et littéraires'' (p. 30).

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Trouvez l'auteur : Sociologie des sciences

Voici ce qu'un scientifique (pur et dur ?) écrit de la sociologie des sciences, dans un texte destiné au grand public :

Or je ne puis, en tant que chercheur, que considérer ce vaste champ d'étude de l'analyse sociale de la science comme non seulement important et respectable, mais aussi salutaire pour les scientifiques. Ils songent trop rarement aux fondements historiques et au contexte sociale de leur recherche, et bénéficieraient grandement d'une meilleure compréhension de ces influences non scientifiques sur leurs croyances et leurs pratiques.

Qui est-ce ?

[Mà J 24/04, 23h00] : Bravo à  anon et Timothée qui ont reconnu Stephen J. Gould dans Le Renard et le hérisson (trad. française 2005, Le Seuil, p. 109). On retrouve ici une image très simpliste de la sociologie des science, qui ne s'intéresserait qu'aux influences non scientifiques sur la production scientifique. Passés Lyssenko et l'Homme de Piltdown, le sociologue des sciences s'acharnerait donc à  montrer que l'électron est de gauche et le gène, colonialiste. Il y aurait d'un côté la science et de l'autre le contexte historique et social, le second influant forcément sur la première. Caricature que cela ! Et, alors, on ne s'étonnera pas des critiques récurrentes envers la sociologie des sciences, à  laquelle Gould apporte malgré lui sa pierre !!

Pour montrer ce que fait réellement la sociologie des sciences, intéressons-nous plutôt (en dehors des innombrables exemples publiés ici-même) à  la manière dont Bruno Latour étudie la contribution d'Archimède à  la nation du roi Hiéron II[1]. On se souvient qu'Archimède avait provoqué le roi Hiéron en affirmant qu'avec un point d'appui, il pourrait soulever la Terre. Le roi le met alors au défi de mettre en mouvement une grande masse par une petite force, et Archimède tient sa promesse et ramène à  terre un navire de la marine royale, grâce à  l'utilisation de poulies. Le roi fait donc travailler Archimède à  son compte et le charge de missions les plus diverses, intégrant la science (la "géométrie") à  son gouvernement. Alors, pour la sociologie des sciences,

il ne s'agit pas d'aller chercher comment la géométrie "reflète" les intérêts de Hiéron, ou comment la société de Syracuse "se trouve contrainte" par les lois de la géométrie.

Il ne s'agit pas d'expliquer la géométrie par la société mais de constater que désormais, la société de Syracuse est une société nouvelle, "à  géométrie". Il n'y a pas d'un côté un contexte social ou historique et de l'autre une science, mais deux mondes qui s'interpénètrent et se fécondent l'un l'autre. Le contexte n'est pas donné, il est fabriqué par la science ! Or la société va nier avoir "enrôlé" la géométrie, ou ne réalisera pas qu'elle l'a fait, et c'est précisément à  la sociologie des sciences de désintriquer ces fils.

Et aujourd'hui, on a d'autant plus besoin de la sociologie des sciences que les fils sont plus noués, notre société étant basée sur la science, la technologie et le risque...

Notes

[1] B. Latour (1991), Nous n'avons jamais été modernes, La Découverte, pp. 147-150.

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Trouvez l'auteur : Science et nouvelle science

Pour une fois, ce n'est pas tant l'auteur de cet extrait qui est intéressant (mais quand même...) que la personne qu'il décrit et la discipline naissante dont il fait ici l'apologie. Je vous laisse réfléchir !

Il y a environ treize ans qu'un homme du génie le plus vigoureux exercé aux méditations profondes, déjà  connu par d'excellents ouvrages et par ses succès dans un art où la grande habileté consiste à  observer et à  respecter la nature, devina qu'elle ne borne pas ses lois physiques à  celles qu'on a jusques (sic) à -présent étudiées dans nos Collèges et dans nos Académies ; et que lorsqu'elle donne aux fourmis, aux abeilles, aux castors la faculté de se soumettre d'un commun accord et par leur propre intérêt à  un gouvernement bon, stable et uniforme, elle ne refuse pas à  l'homme le pouvoir de s'élever à  la jouissance du même avantage. Animé par l'importance de cette vue, et par l'aspect des grandes conséquences qu'on pouvait en tirer, il appliqua toute la pénétration de son esprit à  la recherche des lois physiques, relatives à  la société ; et parvint enfin à  s'assurer de la base inébranlable de ces loix (sic), à  en saisir l'ensemble, à  en développer l'enchaînement, à  en extraire et à  en démontrer les résultats. Le tout formait une doctrine très-nouvelle, très-éloignée des préjugés adoptés par l'ignorance générale, et fort au-dessus de la portée des hommes vulgaires, chez lesquels l'habitude contractée dans leur enfance d'occuper uniquement leur mémoire, étouffe le pouvoir de faire usage de leur jugement. (p. 8)

[Mà J 29/03, 8h50] : Personne n'a reconnu ici le portrait de François Quesnay par Pierre Samuel du Pont de Nemours (le père du créateur de l'entreprise éponyme) dans De l'origine et des progrès d'une science nouvelle (1768). Quesnay est l'un des fondateurs de la première école en économie, l'école des physiocrates, et c'est donc cette discipline dont Du Pont de Nemours salue la naissance. Personnellement, j'aime beaucoup la légitimation d'une discipline en arguant qu'elle est fort au-dessus de la portée des hommes vulgaires ! Ce sont nos économistes blogueurs qui apprécieront...

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