OGM et santé, de la psychose aux faits
18
janv.
2006
Le Monde nous apprend que le projet de loi relatif aux organismes génétiquement modifiés a été rendu public aujourd'hui. Le journaliste Hervé Kempf écrit notamment ceci :
Dans son état actuel, le [projet de loi] laisse donc entendre que [les analyses toxicologiques menées sur les animaux] pourraient être confidentielles. Or, certaines d'entre elles, rendues publiques grâce à un arrêt de la justice allemande, semblent indiquer que des OGM soulèvent des problèmes biologiques chez les rats. (c'est moi qui souligne)
Que retient-on de la dernière phrase mise en gras ? Que les OGM sont dangereux pour la santé. Mais quel fait y apprend-on ? Strictement rien ! Les OGM soulèvent des problèmes sur les rats, bien. Mais quel type d'OGM ? Quel genre de problèmes ? Réversibles ou non ? A partir de quelle dose et fréquence d'ingestion ? Sous quelle forme d'ingestion ? Plus encore, est-ce que ces problèmes sont liés à leur nature même d'OGM ?
Lorsque l'information est si lacunaire, est-ce vraiment de l'information ? Est-ce que cela n'alimente pas plutôt certaines psychoses sans verser de l'eau au moulin des faits et faire preuve de pédagogie ?
Commentaires
L'article en entier se fonde sur des suspicions et des lacunes. On ne peut pas comparer ce texte à d'autres textes où les associations ont eu leur mot à dire, et d'ailleurs, dans quelle mesure avaient-elles eu leur mot à dire ? Il me semble normal qu'un projet en cours d'écriture ne soit pas rendu public s'il doit encore être modifié.
Enfin, le journaliste s'étonne que les peines prévues pour les faucheurs volontaires soient alourdies (d'ailleurs, est-ce encore un faible filet d'information qui a filtré ou une info fiable ?) alors que des jugements récents ont reconnu "l'état de nécessité". Je renvoie donc à un de tes précédents billets...
Huile sur le feu, quand tu nous tiens.
Il est évident que Le Monde ou n'importe quel journal généraliste ne remplacera pas un rapport complet et scientifique sur le sujet. Pas la place, et pas nécessairerement les compétences pour les journalistes.
Si l'on était aussi prudent avec le OGM qu'avec les médicaments... il n'y aurait même pas de culture sur notre territoire. La question n'est pas de savoir s'ils sont inofensifs ou non, mais si la démarche est bonne et objective. En science, plus qu'ailleurs, une conviction ne suffit pas.
D'accord avec la première partie de ce commentaire ; dans ce cas, à défaut de place pour développer, il me semble plus honnête pour le journaliste de ne rien dire au lieu d'effleurer simplement au risque de faire naître la psychose.
Concernant la deuxième partie, je ne suis pas sûr que nous sommes plus prudents avec nos médicaments, comme le prouve la récente affaire du Vioxx ou la plus ancienne de la thalidomide... Mais soit. Pour filer la comparaison, les médicaments étant testés in fine sur l'être humains, les OGM ne devraient-ils pas être l'être en plein champ ?
Pour conclure, je tends à être d'accord qu'en effet, la science établit des faits (ou des "convictions") mais que juger du bien-fondé de la "démarche" reste l'affaire des décideurs et experts (faisant intervenir par exemple le principe de précaution) et n'est plus du ressort de la science.