Conflits d'intérêts à la FDA
3
déc.
2006
Pour rester dans le thème des déclarations d'intérêts et des conflits d'intérêts que l'on rencontre parfois, je découvre via le blog "What's new doc" un article de 2006 paru dans le Journal of the American Medical Association, à propos des conflits d'intérêts au sein de la FDA.
Les chercheurs ont analysé 221 réunions tenues par 16 commissions d'experts entre 2002 et 2004, depuis que les déclarations d'intérêts ont été instituées par la FDA. Dans 73 % des réunions, au moins un des experts ou consultants — qui ont aussi le droit de vote — a révélé un conflit d'intérêts. Seulement 1 % des membres ont été récusés. Au total, sur les 2947 participants, 28 % ont déclaré un conflit d'intérêts. Pourtant, résultat rassurant, l'analyse a montré qu'il n'y a pas de corrélation statistiquement significative entre les conflits d'intérêts et les schémas de vote. Et l'exclusion des membres qui avaient déclaré un conflit d'intérêts aurait défavorisé le médicament examiné, mais sans changer l'issue du vote.
Le résultat n'est donc pas bouleversant ou inquiétant mais montre que la transparence est nécessaire et utile pour exercer une surveillance (scientifique, politique et citoyenne) continue.
Commentaires
Un point sur la situation en France, selon le très récent rapport au Sénat de Mme Mme Marie-Thérèse Hermange (Sénateur de Paris, membre de la commission des affaires sociales, de la Délégation pour l'Union européenne et du Groupe Union pour un Mouvement Populaire) :
« Les autorités européennes ont imposé aux agences en charge de la sécurité sanitaire des produits de santé de nouvelles obligations en matière de transparence de leurs travaux. Outre l'élaboration d'un rapport d'évaluation des résultats des essais menés sur un médicament et leur actualisation, à partir des informations obtenues dans le cadre de la demande d'AMM, elles doivent désormais rendre accessibles au public leur règlement interne et celui de leurs comités, l'ordre du jour des réunions et leurs comptes rendus assortis des décisions prises, des détails des votes et des explications de vote, y compris des opinions minoritaires. »
Actuellement, l'Afssaps et la Haute Autorité de Santé font appel à des experts extérieurs, essentiellement des praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires, considérés comme les « meilleurs spécialistes en contact régulier avec des patients et dotés d'une compétence de haut niveau résultant de leur collaboration avec l'industrie pharmaceutique et les agences sanitaires. »
« Toutefois, ce dispositif n'est concevable que si l'indépendance des experts et la transparence de leur procédure de nomination garantissent la crédibilité des travaux. »
« Le recours massif à l'expertise externe contraint les agences à gérer d'éventuels conflits d'intérêts. Le dispositif actuel prévoit, d'une part, le dépôt d'une déclaration publique d'intérêt, d'autre part, l'établissement de critères d'identification des conflits d'intérêts. Son efficacité repose toutefois sur la capacité des agences à contrôler ces déclarations. Or, il apparaît que 10 à 15 % des experts ne respectent pas toujours leurs obligations. Cette situation sera sans doute corrigée grâce aux nouvelles modalités de recrutement des experts, puisque la déclaration fera partie des pièces justificatives accompagnant leur candidature. En outre, l'agence a entrepris d'identifier les divers types d'intérêts et de classer les situations conflictuelles pour en tenir compte avant l'examen d'un dossier ou la remise d'une mission d'expertise. »
La suite :
What's new doc > Tout à fait, merci. J'évoquais récemment un autre aspect de ce rapport dans un billet consacré à l'industrie pharma...