Nouvelles du front (5)
30
juin
2007
Quelques nouvelles un peu décousues, il y a sûrement des oublis importants que j'essayerai de rattraper lors du prochain opus.
En mai dernier, un éditorial de Nature incitait les chercheurs à partager et ouvrir plus les cahiers de laboratoire à leurs collègues, ce qui est parfois crucial en cas de querelle de priorité ou de fraude. Pour cela, il faut des cahiers bien tenus, compréhensibles, à jour, accessibles, etc., ce que les institutions scientifiques promeuvent déjà largement. Et l'éditorial de conseiller le passage aux cahiers électroniques, pérennes (quoique...), plus automatisés et intercompatibles. Pas mieux. Sauf que je me demande si ce n'est pas moins propice à la prise de note "fulgurante", à la compilation de données de sources hétérogènes et à la sérendipité... Le cahier de labo électronique, aide ou handicap à la recherche et à la découverte ? Voilà un beau sujet de thèse de sociologie des sciences, pour lequel il faudrait lire cet article de Frederic L. Holmes ;-)
A Stanford, une personne aucunement affiliée à l'université et sans raison d'être là assistait depuis 4 ans à des séminaires de physique, utilisait les bureaux réservés aux doctorants et post-docs, avait son propre casier et s'était peut-être même procuré la clé pour accéder aux locaux en dehors des horaires d'ouverture. L'administration refusait d'agir, écoutant les explications d'Elizabeth Okazaki (une SDF ?) qui prétendait être une invitée (visiting scholar) venue des humanités, cherchant à offrir une perspective interdisciplinaire sur la théorie des cordes (en prétendant notamment travailler avec un de ses plus fameux théoriciens, Leonard Susskind). Cette squatteuse, que d'aucuns appellent une "groupie" de la science, a finalement été exclue du campus quelques jours après que l'imposture a été dévoilée par le Stanford Daily !
Et du côté des éditeurs scientifiques :
- BioMed Central vient de lancer une nouvelle revue en accès libre : le Journal of Medical Case Reports. Comme son nom l'indique, elle publie des cas médicaux, ce qui comble un manque du côté de la littérature biomédicale. En fait, il semble que cette revue n'aurait pas pu exister dans le "paradigme commercial" de la publication scientifique : en rapportant simplement des cas médicaux isolés, elle s'adresse à une audience de médecins qui publie peu et cite peu à son tour ! Or dans le cas présent, manque de citations (et faible facteur d'impact/viabilité commerciale) ne signifie pas manque d'intérêt…
- Nature vient de mettre à disposition des articles qu'il a publié sur le réchauffement climatique, en accès libre, sur un portail dédié : http://www.nature.com/climate (avec d'autres contenus également)
- le même Nature lance un nouveau service innovant, Nature Precedings, sous la forme d'un site Internet. Il s'agit d'aider les chercheurs à publier leurs résultats préliminaires en chimie, biomédecine (pas mal de bioinformatique pour l'instant) et sciences de la terre (pour à la fois prendre date et pouvoir être cité ultérieurement) et de les discuter, grâce à un système de vote, de tags et de forum. Bref, ça offre en quelque sorte à la fois les services d'un blog et d'un serveur de pré-publications -- je suis curieux de voir si l'utilisation en sera aussi fructueuse que ce métissage le laisse l'espérer.
- Nature et Science refusent les soumissions au nouveau format Microsoft Word 2007, incompatible avec leur flux éditorial. C'est ça aussi les formats propriétaires...
Commentaires
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(...)àa existe encore, ça ? ;-) Y'a vraiment des gens qui ont envie de se compliquer la vie...
Excellent l'histoire de Word. Encore un effort, et tout le monde sera sous Latex ! Sinon, cette histoire de SDF japonaise qui squatte les labos ne m'étonne pas du tout. Dans beaucoup de labos, il y a des gens qui viennent passer le temps dont on ne sait pas trop l'origine. Parfois, il s'agit juste de chercheurs à la retraite qui s'ennuient, parfois il s'agit de chercheurs qui aimeraient effectivement travailler dans ce labo précis et donc y passent tous leur temps, parfois, on ne sait juste pas qui ils sont... Une fois, j'ai trouvé dans la salle du café de mon labo de thèse une brochure expliquant pourquoi le Coran contenait toute la physique moderne qui avait dû être déposée par un tel zonard de la science. Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai un avion à prendre. Ciao !
Excellent sujet, en effet, que le cahier de labo électronique. Savez-vous s'il existe déjà des templates ou des outils numérique de gestion du cahier de laboratoire? Personnellement, je pense que ce serait une aide précieuse, notamment pour lier les "entrées" les unes avec les autres. La démarche est rarement linéaire, ce serait bien de relier le nouveau avec l'ancien et quel plaisir pour dessiner des figures, croquis et autres dessins techniques (et les rendre lisibles à la relecture). D.
Inactuel > Pour ce qui est des cahiers de labo électroniques, je connais au moins une solution commerciale (française) et des logiciels libres comme WETLAB ou ASAPfolder. Nature avait publié un article sur le sujet en 2005 mais même sans avoir accès à l'article (payant), on peut retrouver tous les liens (et plus encore) compilés par son auteur, Declan Butler.
> Inactuel: faire des liens entre differentes pages, c'est le principe fondamental du wiki. Tu peux essayer un wiki "personel", comme wikipad par exemple: http://www.jhorman.org/wikidPad/
Merci à vous deux de vos réponses. D.