La science, la cité

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Mot-clé : accès libre

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Atelier "Nouveaux rapports des chercheurs aux publics" le 29 avril

Le C@fé des sciences est partenaire du colloque international "Le numérique éditorial et sa gouvernance : entre savoirs et pouvoirs" qui se déroulera à l'Institut national d'histoire de l'art (Paris) du 28 au 30 avril. Nous sommes heureux d'avoir contribué à mettre sur pied ces journées qui devraient être riches de présentations et d'échanges, autour de l'édition numérique, de la démocratie scientifique, des réseaux de savoirs, de la formation en ligne…

Colloque INHA

J'attire en particulier votre attention sur l'atelier "Nouveaux rapports des chercheurs aux publics" que j'animerai le jeudi 29 de 11h à 13h. Je recevrai Ghislaine Chartron (CNAM, INTD), Bastien Guerry (Wikimédia France), Olivier le Deuff (Université Lyon 3 et Prefics), Alexandre Moatti (Conseil scientifique du TGE-Adonis) et Joëlle Zask (Université de Provence) pour tenter de comprendre comment les réseaux sociaux, la publication en ligne, les plateformes de partage et les blogs — bref, le web 2.0 — transforment l'accès du grand public à l'information scientifique, l'organisation de la communauté des chercheurs et son rapport aux tutelles.

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Nouvelles du front (14)

Le 22 septembre 2008, Bruno Laurioux remettait à  Michel Callon la médaille d'argent du CNRS qui distingue un chercheur pour l'originalité, la qualité et l'importance de ses travaux, reconnus sur le plan national et international. Dans son discours, la directrice du Centre de sociologie de l'innovation Madeleine Akrich reconnaissait l'extrême diversité des chercheurs et doctorants recrutés par Michel Callon, avec des profils allant de l'histoire aux mathématiques en passant par les sciences politiques, l'ingéniérie, l'urbanisme, l'anthropologie, l'économie, la gestion etc. Et elle proposait cette lecture magnifique :

S'agirait-il de cette interdisciplinarité dont on entend beaucoup parler ? Je ne le crois pas. Il me semble que l'on se situe dans ce que j'appellerais maladroitement de l'adisciplinarité, qui correspond à  une volonté consciente et réfléchie d'échapper aux cadres disciplinaires. La grande différence étant à  mes yeux que l'interdisciplinarité part des disciplines pour essayer de converger sur un objet, alors que l'adisciplinarité se situe ailleurs, dans un autre espace que celui quadrillé par les disciplines, et permet de faire émerger de nouvelles approches par sa focalisation première sur des questions “ sans arrêt renouvelées par le contact avec les acteurs extérieurs à  la recherche “ plutôt que sur des réponses déjà  apportées par des champs disciplinaires. Cela n'implique évidemment pas de se priver des apports d'autres travaux, mais plutôt une manière particulièrement libre de circuler à  l'intérieur de ces corpus, de tenter des rapprochements, d'opérer des déplacements.

Le 13 octobre, la revue en accès libre PLoS Biology fêtait ses 5 ans. Personnellement, je me souviens du temps passé à  la bibliothèque de l'Agro à  suivre frénétiquement les premiers pas de cette révolution. Je photocopiais les articles de Nature où il était question du projet d'Harold Varmus et ses acolytes (notamment les articles d'août 2002 et octobre 2003), une idée que je trouvais magnifique malgré un nom qui me semblait bizarre (et vague) : PLoS, pour Public Library of Science. De l'eau a coulé sous les ponts et je n'aurais pu imaginer à  quel point l'accès libre est aujourd'hui omniprésent, et PLoS avec lui ! J'y vais donc de mon hommage : ce blog n'existerait pas sans ces premiers émois face à  la perspective de l'accès libre et au choc que fut la découverte de Bruno Latour et La vie de laboratoire, à  peu près à  la même époque. Merci à  eux !

En 2003, ma photocopie de l'article "Nature" qui annonçait le lancement de PLoS #iloveopenaccess

Le 5 novembre, Tom Roud se lançait dans un décortiquage en règle du classement de Wikio et, comme avec la chaîne "Why blog?", faisait ressortir l'expérimentateur en lui (caché pas si loin derrière le théoricien) en lui jetant en pâture un blog artificiel créé pour l'occasion.

Le 11 novembre, un article des physiciens français Gilles Chériaux et Jean-Paul Chambaret (rattachés à  l'Ecole Polytechnique) était rétracté, six mois après qu'un blogueur se soit rendu compte que c'était un plagiat éhonté d'un article déjà  paru.

Le 13 novembre, l'éditorial de la revue Nature soulignait le danger que représente la contestation devant les tribunaux de résultats scientifiques, à  l'opposé de la transparence et de la discussion qui sont censés organiser la communauté scientifique. Et de citer cette récente poursuite par l'entreprise Biopure de chercheurs ayant publié dans le Journal of the American Medical Association une méta-analyse défavorable à  l'un de ses produits (un substitut sanguin), l'entreprise arguant des pertes financières encourues à  cause de cet article erroné selon eux.

Le 20 novembre, à  l'initiative du département SHS du CNRS, la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme recevait une journée d'études sur "Pourquoi déposer dans HAL SHS ? Les enjeux des archives ouvertes".

Jusqu'au 30 novembre, l'INED vous invite à  participer à  son enquête sur l'usage des langues vivantes dans la recherche dont l'objectif est de dresser un état des lieux plus approfondi des pratiques et des opinions individuelles sur la question des langues dans les sciences et de donner la parole à  tous les acteurs de la recherche.

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L'accès libre, pour les étudiants aussi !

Nombreux sont les publics qui profitent de l'explosion des revues scientifiques en accès libre (open access). Les chercheurs eux-mêmes, le grand public mais aussi les étudiants. Comme le soulignait en 2004 Malcolm Campbell, c'est d'autant plus vrai que les cours font la part belle à  la littérature primaire.

Dans le cursus de biologie dirigé par Campbell au Davidson College, les supports de cours sont en effet rien d'autres que la littérature scientifique, rendant ainsi les cours plus concrets et apprenant aux élèves à  résoudre les problèmes en cherchant la solution plutôt que d'attendre la réponse du professeur... Dans ce cadre, l'enseignant se félicite de l'augmentation du nombre de revues en accès libre ainsi que des bases de données bibliographiques (Pubmed) et génomiques, protéomiques etc. Les élèves peuvent ainsi accéder aux mêmes articles que les Prix Nobel et les chercheurs des institutions les plus riches et accroissent leur autonomie dans l'apprentissage.

Les exemples abondent. Du coup, on ne peut que se réjouir de l'évolution de l'accès libre en France : je remarque que les équipes de recherche n'hésitent plus à  publier dans des revues open access tandis que le serveur d'auto-archivage HAL voit son usage exploser (graphiques ci-dessous : source)...

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Une éthique de la diffusion des résultats de recherche ?

Saviez-vous qu'il y a une éthique de la diffusion des résultats de recherche ? C'est pourtant le cas s'il on en croit l'intervention du Comité d'éthique du CNRS sur la question, pas plus tard que la semaine dernière. Intervention dont on trouve la justification suivante dans le rapport :

L’entrée dans une économie de la connaissance ouverte implique plus que jamais que soient pris en compte des principes éthiques qui, en dépit de la révolution des moyens de production et de circulation des documents, demeurent constants dans leurs grandes lignes : exigence de qualité, responsabilité des producteurs de documents, transparence des sources et accessibilité des objets publiés.

Et après quelques éléments historiques assez inhabituels, on trouve une réflexion sur la dynamique du libre accès, l'absence ou la présence d'un filtre scientifique, le référencement des publications, l'accélération de la transmission des connaissances via Internet ou les développements à  l'échelle européenne. Et une liste des enjeux éthiques à  prendre en compte :

  • l'accès de tous aux connaissances (notamment les pays du Sud), pour sortir de l'attitude élitiste de restriction de la diffusion des savoirs ;
  • les antagonismes et conflits d'intérêt entre diffusion électronique libre et revues traditionnelles ;
  • les notions de monopole ou d'impérialisme, avec des journaux dominants, un nombre assez limité des moteurs de recherche réellement consultés, une langue anglaise omniprésente ;
  • la décision de publication : Le travail est-il suffisamment abouti ? Quelles seront les répercussions de sa publication ? Le choix de la revue est-il totalement fondé et n’est-il pas le résultat d’un effet de mode ?.

Les recommandations ne sont pas révolutionnaires mais toujours bonnes à  dire, si ce n'est deux remarques qui peuvent être assez décisives :

Si l’incitation au dépôt des résultats dans des archives ouvertes peut convenir dans un premier temps, c’est l’obligation qui donnera au système toute son efficacité. Cette obligation sera d’autant mieux acceptée que l’explicitation aura été satisfaisante.

Envisager des formules pour contrebalancer la prédominance de l’anglais dans les systèmes de diffusion de connaissance en favorisant en particulier le bilinguisme et éventuellement dans certaines disciplines la traduction assistée par ordinateur. Ces démarches peuvent paraître vaines mais elles s’inscrivent dans le souci, qui doit demeurer permanent, de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles (Convention Unesco 2005).

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Nouvelles du front (5)

Quelques nouvelles un peu décousues, il y a sûrement des oublis importants que j'essayerai de rattraper lors du prochain opus.

En mai dernier, un éditorial de Nature incitait les chercheurs à  partager et ouvrir plus les cahiers de laboratoire à  leurs collègues, ce qui est parfois crucial en cas de querelle de priorité ou de fraude. Pour cela, il faut des cahiers bien tenus, compréhensibles, à  jour, accessibles, etc., ce que les institutions scientifiques promeuvent déjà  largement. Et l'éditorial de conseiller le passage aux cahiers électroniques, pérennes (quoique...), plus automatisés et intercompatibles. Pas mieux. Sauf que je me demande si ce n'est pas moins propice à  la prise de note "fulgurante", à  la compilation de données de sources hétérogènes et à  la sérendipité... Le cahier de labo électronique, aide ou handicap à  la recherche et à  la découverte ? Voilà  un beau sujet de thèse de sociologie des sciences, pour lequel il faudrait lire cet article de Frederic L. Holmes ;-)

A Stanford, une personne aucunement affiliée à  l'université et sans raison d'être là  assistait depuis 4 ans à  des séminaires de physique, utilisait les bureaux réservés aux doctorants et post-docs, avait son propre casier et s'était peut-être même procuré la clé pour accéder aux locaux en dehors des horaires d'ouverture. L'administration refusait d'agir, écoutant les explications d'Elizabeth Okazaki (une SDF ?) qui prétendait être une invitée (visiting scholar) venue des humanités, cherchant à  offrir une perspective interdisciplinaire sur la théorie des cordes (en prétendant notamment travailler avec un de ses plus fameux théoriciens, Leonard Susskind). Cette squatteuse, que d'aucuns appellent une "groupie" de la science, a finalement été exclue du campus quelques jours après que l'imposture a été dévoilée par le Stanford Daily !

Et du côté des éditeurs scientifiques :

  • BioMed Central vient de lancer une nouvelle revue en accès libre : le Journal of Medical Case Reports. Comme son nom l'indique, elle publie des cas médicaux, ce qui comble un manque du côté de la littérature biomédicale. En fait, il semble que cette revue n'aurait pas pu exister dans le "paradigme commercial" de la publication scientifique : en rapportant simplement des cas médicaux isolés, elle s'adresse à  une audience de médecins qui publie peu et cite peu à  son tour ! Or dans le cas présent, manque de citations (et faible facteur d'impact/viabilité commerciale) ne signifie pas manque d'intérêt…
  • Nature vient de mettre à  disposition des articles qu'il a publié sur le réchauffement climatique, en accès libre, sur un portail dédié : http://www.nature.com/climate (avec d'autres contenus également)
  • le même Nature lance un nouveau service innovant, Nature Precedings, sous la forme d'un site Internet. Il s'agit d'aider les chercheurs à  publier leurs résultats préliminaires en chimie, biomédecine (pas mal de bioinformatique pour l'instant) et sciences de la terre (pour à  la fois prendre date et pouvoir être cité ultérieurement) et de les discuter, grâce à  un système de vote, de tags et de forum. Bref, ça offre en quelque sorte à  la fois les services d'un blog et d'un serveur de pré-publications -- je suis curieux de voir si l'utilisation en sera aussi fructueuse que ce métissage le laisse l'espérer.
  • Nature et Science refusent les soumissions au nouveau format Microsoft Word 2007, incompatible avec leur flux éditorial. C'est ça aussi les formats propriétaires...

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