Vous avez déjà  lu Comment ça marche, La vie : une histoire de l'évolution ou Les étranges lunettes de Monsieur Huette ? Dans le monde anglo-saxon, les enfants intéressés par la science liront aussi How things work de David Macaulay ou Horrible Science et Uncle Albert and the Quantum Quest.

Alice Bell est doctorante à  l'Imperial College de Londres et elle a fait de ces histoires son objet d'étude. Avec un point de vue à  la fois éducatif, sociologique et des sciences de la communication, elle décrit ces livres, la manière dont ils interagissent avec leurs jeunes lecteurs et l'image qu'ils donnent de la science. Son blog revenait récemment sur leur structure narrative : traditionnellement, un livre sur la science a une structure "fermée" et suit un fleuve tranquille qui emmène le lecteur du début à  la fin. En espérant qu'il en sache plus à  la fin qu'au début ! Pour Ron Curtis, cela implique un fonctionnement très baconien de la science, qui vient à  bout du réel par l'effort et répond aux questions qu'elle se pose. Mais la science ouvre plus de questions qu'elle n'en ferme (combien de voies de recherche ouvertes à  partir d'une unique découverte ?). Elle fonctionne par un aller-retour constant entre questions et réponses, et improvise en permanence des passerelles (instruments, protocoles, heuristiques etc.) qui la sortent de son cours "naturel". Ainsi, d'autres possibilités narratives doivent exister, qui reflètent bien mieux cette science là . On commence en effet à  les retrouver aujourd'hui en librairie. Par exemple, le livre Pick me up offre une structure que Bell qualifie de "shufflepedia" : elle permet de passer facilement du blog d'un viking (sic) à  une illustration qu'on dirait sortie des années 1950 ou un jeu interactif, chaque concept en entraînant un autre sur un mode toujours différent (humour, interactivité, fantaisie, anachronisme).

Il y a également la possibilité du dialogue socratique, comme dans le livre Why is snot green? de Glenn Murphy.

Et comme précédemment, de nombreux renvois situés dans les notes de bas de page permettent de naviguer à  travers le livre au lieu de le lire en continu du début à  la fin...

Mais si les livres pour enfants ne vous intéressent pas, pensez aux histoires que racontent les médias : la science y est souvent présentée comme une enquête policière. On retrouve le même principe baconien de victoire sur le réel (une question conduit à  une réponse), et de nouvelles formes narratives devraient également se développer pour ce public !