Des journalistes qui font des erreurs, il y en a, et les blogs se font une spécialité (une joie ?) de leur tomber dessus quand ça arrive. Mais quand des blogueurs font eux-mêmes des erreurs ? Les autres blogueurs les reprennent, ou bien les lecteurs grâce aux commentaires. Et surtout, dans ces cas-là , on peut suivre la chaîne des évènements grâce au fin réseau des rétroliens, des fils de commentaires etc. La transparence est la plus totale possible.

En exemple nous en était donné récemment par Stephanie West Allen, qui corrigeait dans son blog les affirmations erronées de deux blogueurs scientifiques. Tout démarre avec une publication scientifique montrant par une méthode d'IRM fonctionnelle que notre cerveau est moins sollicité à  la lecture d'un texte qui utilise des pronoms que des noms. Malgré une ambiguïté accrue, mon cerveau va préférer la phrase J'ai acheté des fleurs à  Claire, je suis sûr qu'elle va les aimer à  la phrase J'ai acheté des fleurs à  Claire, je suis sûr que Claire va aimer les fleurs, qui le force à  représenter deux fois les concepts "Claire" et "fleurs". Grâce aux pronoms, je peux plus facilement suivre le fil de mes pensées et saisir le sens du texte.

Le premier blogueur, Roger Dooley, lit le communiqué de presse publié par l'université de Caroline du Sud et raconte que l'étude s'est penché sur la manière dont notre cerveau réagit quand il entend des textes avec ou sans pronom. Première erreur : il ne s'agit pas d'entendre mais de lire ! Puis Gerry Riskin reprend l'information de ce premier blog et, tout en décrivant l'expérience où l'on fait entendre des phrases, il commet un contresens : pour lui, l'utilisation répétée d'un nom au lieu d'un pronom stimule plus le cerveau et donc l'imprègne plus. Or les auteurs montraient bien que la sur-stimulation du cerveau induite par la répétition d'un nom nuit à  la compréhension générale. Deux blogueurs inexacts voire fautifs, repris par un troisième blogueur : voilà  le pouvoir des blogs en action.

Mais au-delà  de l'anecdote, je vois dans cet exemple une illustration de la nécessité de pouvoir accéder librement aux publications scientifiques, bref, de l'accès libre. Ainsi, on peut éviter l'effet du téléphone arabe en retournant facilement aux sources ou en tous cas, en donnant la possibilité aux lecteurs de vérifier par eux-mêmes ce qui est avancé. Car souvent même, l'erreur démarre dès l'étape du communiqué de presse et elle se propage quasi-inévitablement, tous médias confondus…