Quand les articles sont rejetés
23
avr.
2008
Comme le soulignait Jean-François Bach (secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, 3'15) lors du colloque consacré à l'évolution des publications scientifiques, les idées les plus nouvelles, les plus grandes innovations ont plus de mal, ont souvent du mal à passer la barrière de l'expertise
ou revue par les pairs. Et Bach de donner l'exemple de la découverte des hybridomes et des anticorps monoclonaux, dont la publication a été d'abord refusée par Nature avant d'être finalement acceptée, sous forme de lettre alors qu'un article complet avait été soumis…
Les autres exemples ne manquent pas : Fermi, Joule, Avogadro et de nombreux prix Nobel ont parfois eu du mal à faire paraître leurs travaux les plus novateurs (Juan Miguel Campanario fournit une énumération truffée de témoignages qui va faire chaud au cœur à blop et Timothée).
Un exemple en forme de clin d'oeil, tiré d'un autre article de Campanario, destiné à ceux qui avaient apprécié le billet du C@fé des sciences sur l'inactivation du chromosome X :
Mais alors, que faire ? Ne peut-on pas distinguer le cancre (rejeté) du génie (rejeté lui aussi) ? Ce système est-il à jeter à la poubelle ?
Cela dépend des raisons pour lesquelles ces articles sont rejetés. Parfois, et même pour un prix Nobel, un article peut-être entaché d'erreurs, imprécis ou pas suffisamment mûr. C'est le lot commun des chercheurs de se faire rejeter des articles, les motifs qui reviennent le plus souvent avec le plus de force touchant à la théorie décrite, à la conception du travail de recherche (design) et à la discussion des résultats obtenus. La question de la théorie arrive en premier, les rapporteurs étant en effet attentifs à l'apport du manuscrit à la théorie en cours ou la qualité de la nouvelle théorie proposée. Avec les travers cités plus hauts (une théorie avant-gardiste aura peu de chances de convaincre les gardiens du temple), qui font dire à certains que la revue par les pairs est plus faite pour réguler la science normale (au sens de Kuhn) que pour permettre les changements de paradigme. Ce que certains chercheurs saluent dans le sens où changer de paradigme tous les quatre matins aurait un coût énorme !
En fait, face à un rejet, le génie sera peut-être celui qui suit ce conseil d'un chercheur cité par Joseph Hermanowicz :
Vous devez être créatif. Vous devez avoir de bonnes idées et les amener jusqu'au bout. Vous devez sans aucun doute être suffisamment intelligent pour avoir des idées, suffisamment tenace pour pousser sans arrêt, et suffisamment confiant pour savoir que vous êtes sur la bonne voie, et aussi pour vous réorienter quand vous faites une erreur."
Nous faisons tous des erreurs et nous nous faisons tous rejeter des articles mais il y a celui qui croit en ses résultats et celui qui se décourage aussitôt ! Si vous êtes dans le premier cas et souhaitez faire entendre raison à vos pairs, voici un guide pratique des stratégies les plus fréquemment utilisées d'après un sondage auprès de chercheurs pour qui ça a marché :
Commentaires
Ton billet tombe bien, le comité Nobel vient de m'appeler pour couronner l'ensemble de mon oeuvre. Ils voulaient me donner les prix Nobel de physique, de médecine voire même d'économie (parce que post-doc ça paye pas) mais, malgré mon insistance, ils ne voulaient pas me donner le prix Nobel de littérature pour mon blog. J'ai dit "c'est tout ou rien". Ca sera rien.
Mais ils le regretteront quand je serai maître de l'univers !!
Enro, tu dis : 'Nous faisons tous des erreurs et nous nous faisons tous rejeter des articles mais il y a celui qui croit en ses résultats et celui qui se décourage aussitôt !"
Ce n'est pas vrai ; tu sembles analyser des comportements de scientifiques en t'acharnant a occulter tout ce qui fait d'eux des scientifique, et que le sondage que tu cites aurait du te rappeler.
Il n'y a pas d'un cote ceux qui CROIENT en leurs resultats et ceux qui abandonnent. Ceux qui croient en leurs resultats, cad qui ne les remettent pas en cause sont d'apres le sondage entre 5 et 10 sur 65, 14 sur 65 adoptant une strategie d'attente face aux attaques, et 41 sur 65 adoptant une approche constructive en continuant a travailler, ou en retravaillant la publi en tenant compte des critiques.
On est loin, tres loin d'un choix entre l'abandon et la confiance en ses resultats (attitude pas tres scientifique, n'est-ce pas ?).
Pour le reste, il est clair qu'avec les medias dont l'on dispose maintenant on pourrait ameliorer drastiquement le processus de relecture en l'ouvrant plus, et en le basant sur un examen public et ouvert plutot que sur l'avis plus ou moins bien argumente de deux trois reviewers. Mais pour faire bouger la machine, il faudrait soit que l'impulsion vienne de journaux a haut impact factor, soit qu'on arrive a modifier en premier lieu ce systeme d'impact factor ou a en sortir.
Enro, tu dis : 'Nous faisons tous des erreurs et nous nous faisons tous rejeter des articles mais il y a celui qui croit en ses résultats et celui qui se décourage aussitôt !"
Ce n'est pas vrai ; tu sembles analyser des comportements de scientifiques en t'acharnant a occulter tout ce qui fait d'eux des scientifique, et que le sondage que tu cites aurait du te rappeler.
Il n'y a pas d'un cote ceux qui CROIENT en leurs resultats et ceux qui abandonnent. Ceux qui croient en leurs resultats, cad qui ne les remettent pas en cause sont d'apres le sondage entre 5 et 10 sur 65, 14 sur 65 adoptant une strategie d'attente face aux attaques, et 41 sur 65 adoptant une approche constructive en continuant a travailler, ou en retravaillant la publi en tenant compte des critiques.
On est loin, tres loin d'un choix entre l'abandon et la confiance en ses resultats (attitude pas tres scientifique, n'est-ce pas ?).
Pour le reste, il est clair qu'avec les medias dont l'on dispose maintenant on pourrait ameliorer drastiquement le processus de relecture en l'ouvrant plus, et en le basant sur un examen public et ouvert plutot que sur l'avis plus ou moins bien argumente de deux trois reviewers. Mais pour faire bouger la machine, il faudrait soit que l'impulsion vienne de journaux a haut impact factor, soit qu'on arrive a modifier en premier lieu ce systeme d'impact factor ou a en sortir.