Mon billet précédent sur le peer commentary a fait beaucoup réagir, l'opinion dominante étant que le peer review ne sera jamais remplacé avantageusement par un système où chacun est invité à  commenter et à  réagir directement aux articles scientifiques. C'est plus ou moins la conclusion à  laquelle arrive également la revue Nature, dont la tentative d'open peer review s'est terminé en septembre. Bilan annoncé en décembre dernier :

  • 1369 articles candidats
  • 71 articles ouverts au public après accord des auteurs
  • 92 commentaires postés sur 38 articles, dont 49 sur 8 articles
  • 10 commentaires pour l'article le plus commenté, portant sur la sélection sexuelle post-accouplement
  • note moyenne attribuée par les auteurs aux commentaires reçus : 2,6/5 pour ceux portant sur le contexte de publication (editorial) et 1,8/5 pour les commentaires plus techniques.

Pour Nature, l'expérience n'est pas aussi concluante qu'ils l'espéraient, essentiellement en raison du nombre et de la qualité moyenne des commentaires. Ils n'envisagent donc pas immédiatement de la renouveler voire de l'adopter pour de bon : "les chercheurs ne sont pas encore prêts" affirme Timo Hannay.

Colorful scientific journals

Mais le 20 décembre était officiellement lancé PLoS ONE, qui penche résolument de l'autre côté et mise tout sur le peer commentary. Tous les articles soumis à  PLoS ONE sont relus par "au moins un des 200 chercheurs composant le comité de rédaction, uniquement pour vérifier l'absence d'erreur majeure dans les expériences effectuées ou leur analyse. A la différence de quasiment toutes les autres revues, les rapporteurs ne font pas attention à  la signification des résultats. A la place, les articles importants seront mis en avant par l'attention qu'ils susciteront après publication." (Jim Giles, "Open-access journal will publish first, judge later", Nature 445: 9, 4 janvier 2007). En l'absence de tri a priori des articles, ce ne sont pas moins de 40 à  60 articles qui seront publiés par mois dans toutes les disciplines, pour atteindre quelques centaines par mois à  moyen terme.

Comme l'affirme le rédacteur en chef de PLoS ONE Chris Surridge, le but est de "faire une revue où les articles ne sont pas une fin en soi mais le début d'une discussion" (Jim Giles, op. cit.). Pour ce faire, des outils avancés permettant de surligner et d'annoter directement dans le texte, de commenter et de noter les commentaires ont été ou vont être déployés (voir un exemple sur l'article "bac à  sable"). Plus largement, l'ambition des fondateurs du groupe PLoS dont Harold Varmus est véritablement de "tranformer la manière dont on publie la science" !

Le "match" est intéressant et le futur nous dira quelle est la meilleur option. Mais on peut aussi imaginer que les deux modèles continueront à  cohabituer, avec d'autres intermédiaires où le peer commentary s'ajoute au peer review sans le remplacer...

Photo © Getthebubbles