La science, la cité

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Des neutrinos et des twittos

Un twitto, c'est un utilisateur de Twitter. Voici un échantillon de la réception par cette communauté de l'annonce de neutrinos supraluminiques.

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Nouvelles du front (13)

En juillet, Jà¶rg P. Dietrich complétait dans les Publications of the Astronomical Society of the Pacific son enquête sur le serveur arXiv et le nombre accru de citations dont bénéficient les chercheurs qui soumettent leur article au tout dernier moment de la journée et se retrouvent le lendemain en haut des listes (rappel). Cette fois, il a pu montrer qu'il y a deux effets qui se mélangent : d'une part, les chercheurs vont avoir tendance à  promouvoir leurs meilleurs articles en utilisant cette stratégie (or qui dit meilleure qualité dit plus de citations) et d'autre part, les articles rendus plus visibles par ce stratagème deviennent plus cités (indépendamment de leur qualité intrinsèque). Les administrateurs d'arXiv ont eu vent de cette faille du système et promettent une solution pour bientôt...

Le 8 août, un article de la revue Science se penchait sur l'effet des sanctions des chercheurs accusés de comportement déviants (falsification de données, plagiat etc.) par l'Office of Research Integrity (ORI) américain. La plupart de ces sanctions sont administratives et les auteurs constatent que la falsification ou fabrication de données sont punies plus sévèrement que le plagiat, celui-ci n'entraînant jamais de rétraction d'article. Parmi les 43 chercheurs sanctionnés de l'échantillon, une recherche bibliographique montre que le déclin du nombre de publications est significatif après la sanction, 51% d'entre eux publiant en moyenne un article par an et 12 ne publiant même plus. Sur les 28 chercheurs qui ont pu être retrouvés, la plupart avait changé de travail même si 43% sont restés dans le milieu académique. Certains racontent aussi que leur vie privée en a souffert...

La semaine suivante, Nature rapportait les problèmes éthiques et de procédure d'un travail publié dans le Lancet, touchant à  de la chirurgie urologique à  base de cellules souches. L'essai clinique n'avait pas été autorisé, les patients pas suffisamment informés de la nature de la procédure et pas assurés, le protocole expérimental mal conçu. Et comme souvent, on retrouve des co-signataires de complaisance, dont la publication dit pourtant qu'ils ont participé à  toutes les recherches et traitements.

Pablo Jensen a publié dans le numéro d'août de la revue Science and Public Policy l'étude qu'il présentait au colloque CNRS "Sciences et société en mutation" en février dernier. Laquelle montre que les scientifiques ouverts sur la société publient plus d'articles et que ceux-ci ont plus d'impact en termes de citations, mais aussi que l'implication dans des activités de diffusion n'est pas pénalisante pour la carrière.

Le 29 août, la revue Science rapportait un cas de fraude sur des travaux ayant démontré l'effet cancérigène des champs électro-magnétiques émis par les téléphones portabless. L'histoire est une des plus compliquée que j'ai jamais lu, avec de nombreuses controverses et, on s'en doute, de nombreux enjeux citoyens et économiques.

Le numéro de Nature du 25 septembre consacrait un dossier tout à  fait sérieux à  l'élection américaine. Malheureusement, la quatrième de couverture entrait étrangement en résonance avec la couverture (via Bora). Times Online en parle aussi mais ne dit pas s'il a trouvé l'information sur les blogs.

 OOPS!<br /><br />NATURE, 25 September 2008.<br /><br /><br />

Le classement des revues scientifiques par l'European Science Foundation fait quelques remous, certains comités éditoriaux s'émouvant de leur mauvaise note tandis que d'autres refusaient même de figurer dans le classement ! Dans un excellent texte (via Urfist Info via Pierre Mounier), Yves Gingras explique que ces revues d'histoire et de sociologie des sciences se sont concertées pour dénoncer ces classements superficiels et unidimensionnels et plus ou moins occultes quant à  leur méthode mais regrette la confusion qui existe entre évaluation et bibliométrie (la première étant anarchique et normative, la seconde étant méthodique et descriptive).

Les 1er et 2 octobre s'est tenu à  Paris un colloque sur la réforme et l'avenir de la recherche, sous l'égide de l'ASPERT (Association d'échanges et de réflexion sur l'analyse stratégique, la prospective et l'évaluation de la recherche et de la technologie). Quelqu'un a entendu parler des retombées ? Pas moi en tous cas…

Pour l'automne, le CNRS revêt une nouvelle robe et annonce un nouveau logo avec un choix précis de couleurs qui identifieront les nouveaux instituts à  venir – et ceux déjà  existants – dont le nom figurera juste en dessous du logotype. Son nouveau film institutionnel est quant à  lui signé Jean-Jacques Beineix.

[Mà J 17h45] : Le CNRS explique que pas tout à  fait ronde, novatrice, la forme du logo figure le processus même de la recherche, toujours en devenir, et évoque la matière mise à  la disposition de nos chercheurs par notre planète. ( ) Cette forme, qui le distingue clairement, permet aussi une meilleure visibilité aux côtés d'autres logotypes dans les cas de partenariats. J'espère pour eux qu'ils n'ont pas prévu de collaborer avec le Danemark !

Un premier pas vers le parlement des choses voulu par Bruno Latour ? On nous promet en effet le parlement des créatures pour novembre prochain : le parlement des créatures va faire ressortir les manières dont les plantes, animaux et champignons sont incorporés et exclus des mondes sociaux humains.

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Nouvelles du front (10)

Vous aviez entendu parler du classement de Shangaï, du classement de l'Ecole des mines mais pas du classement de Vincennes ? Les "Scientists of America" réparent cette injustice (attention, second degré !).

Si vous êtes un physicien, mathématicien ou biologiste théoricien, vous savez que mettre vos articles en accès libre sur arXiv donne un avantage compétitif et augmente la probabilité d'être cité. Mais comme ce comportement se banalise, il devient de plus en plus difficile de se démarquer des concurrents. Une solution : soumettre tout juste avant 21h00 (heure d'hiver de Paris), moment où la journée se termine pour les serveurs d'arXiv. Ainsi, vous apparaissez en haut des listes le lendemain et êtes plus cités, comme le montre un article paru en février dans les Publications of the Astronomical Society of the Pacific ! Evidemment, c'est plus facile pour les Américains que pour les Européens…

Le 29 février, Science reportait un cas de fraude en chimie analytique et environnementale. Le coupable, qui plagiait des articles très techniques et peu visibles, publiait à  un rythme effrené : 66 publications en 4 ans ! Son université indienne ne l'a pas démis de ses fonctions mais Pattium Chiranjeevi ne pourra plus endosser de responsabilités et son augmentation de salaire a été refusée. (lire également ici)

Rebelote deux semaines plus tard, à  propos cette fois d'un chercheur Coréen en vue qui avait fabriqué des expériences de toutes pièces pour ses articles parus dans Science et Nature Chemical Biology. Le plus embêtant : il avait créé une entreprise sur la base de ses pseudo-résultats, laquelle cherche déjà  comment se reconvertir...

Le 6 mars, le retrait d'un article publié dans Nature, dont les résultats se sont avérés non reproductibles, énerve. Des deux co-premiers auteurs, censés avoir fourni la même quantité de travail et partager la même responsabilité vis-à -vis de leur article, un seul est déisgné coupable et on nous dit que l'autre n'a quasiment pas contribué. Faudrait savoir… A lire chez Pablo aka blop.

Le 15 mars, dans sa chronique pour Le Monde 2, Pierre Assouline s'aventurait du côté de la neurofinance et notait : Elle a fait l'objet de quelques publications, mais exclusivement en anglais, preuve que le phénomène est inconnu chez nous. Quelqu'un peut-il dire à  Assouline que les chercheurs français publient aussi en anglais, et parfois même uniquement dans cette langue ? A titre d'exemple, Thami Kabbaj (université d'Orléans) est loin d'être un bleu en la matière, et avait déjà  analysé l'affaire Jérôme Kerviel sous cet angle

Le 22 mars, un article de Rue 89 racontait comment un article créationniste camouflé en une revue de littérature publiée dans Proteomics a été épinglé sur les blogs et comment les nombreux commentateurs de Pharyngula ont repéré tous les emprunts témoignant du plagiat. La double faute (créationnisme + plagiat) était caractérisée ! On se souviendra qu'en 2005, c'est sur un forum Internet que l'affaire Hwang avait décollé, ses participants s'exerçant à  démasquer les photos dupliquées et les données ADN d'embryons falsifiées. (via woody)

Une expérience prévue par le CERN en mai prochain pourrait détruire la Terre. Les internautes se mobilisent !

A l'opposé de 2006, 2007 aura été une année faste pour la communication scientifique en français : le prix Descartes a récompensé l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet dans la catégorie "Ecrivain de l'année" et Delphine Grinberg, une des conceptrices de la Cité des enfants au sein de la Cité des Sciences et de l’industrie et auteur de livres scientifiques pour enfants, dans la catégorie "Communicant de l'année".


Je suis en lice pour le festival de l'expression sur internet, dans la catégorie "Blog politique / Expression citoyenne". Vous aimez mon blog et mes billets ? Merci de voter pour moi avant le 31 mars !

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Et les maths ?

Selon Francis Rumpf[1], les revues Nature et Science publient des articles dans tous les domaines de la recherche fondamentale à  l'exclusion des mathématiques.

Pourquoi pas les mathématiques ? Autant le titre de la revue Nature peut expliquer un contenu orienté vers les sciences naturelles (en gros : biologie, physique, chimie), autant la revue Science semble sans restrictions (et couvre en effet un éventail assez large de disciplines). Pourquoi donc ne pas publier d'articles de mathématiques ? On pourrait penser que cette discipline fonctionne différemment et pourtant, la communication des résultats se fait de la même façon par des revues scientifiques.

Dans leurs instructions aux auteurs, les deux revues ne formulent aucune restriction de ce genre. Nature demande juste que les articles soient originaux, extrêmement importants et puissent intéresser un lectorat interdisciplinaire. Alors, pourquoi pas les mathématiques ?

Si vous avez une hypothèse (ou une explication avérée), j'aimerais la lire. D'avance, merci !

Notes

[1] Francis Rumpf (1994), "Panorama de l'édition scientifique" in Francis Agostini (dir.), Science en bibliothèque, Editions du cercle de la librairie, pp. 163-192

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Nouvelles du front (2)

Quelques nouvelles du front, cette fois-ci du côté de la communication de la science.

Le groupe Nature vient de lancer la revue Nature Education, destiné à  développer des ressources innovantes pour l'éducation et des outils pour les étudiants en science et leur professeurs.

Nature Education will take a non-traditional approach to the rapidly-evolving college education market, focusing primarily on creating leading edge, digitally-based, learning solutions in biology, chemistry and physics.

Les nominés du Prix Descartes pour la communication scientifique, décerné par la DG Recherche de la Commission européenne, ont été annoncés. La France figure en bonne place avec :

  • dans la catégorie "Scientifique professionnel impliqué dans la communication avec le grand public", Jean-Marie Pelt et Alain de Sedouy (nominés ensemble) et Jean-Marc Lévy-Leblond (notre favori !) ;
  • dans la catégorie "Vulgarisation scientifique par l'écrit", les livres de Jean-Claude Ameisen sur le suicide cellulaire (apoptose) et la "sculpture du vivant" ;
  • dans la catégorie "Vulgarisation scientifique par l'audiovisuel et le multimédia", les documentaires "Du baiser au bébé", "Paludisme : l'hécatombe silencieuse" et "Les Océanautes" ;
  • dans la catégorie "Action innovante de communication scientifique", "Les conseils du Professeur Chimico".

Peut-être une belle fournée de prix en perspective !

Enfin, dans la lignée de la sociologie des sciences qui contribue à  éclairer les heurts de la science souvent laissés dans l'ombre, un article de SciDev.Net regrette que les journalistes scientifiques les passent sous silence et donnent l'impression que la science est un processus linéaire. A lire !

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