Deux mois et demi après la conférence de citoyens sur les nanotechnologies, j'aimerais revenir sur cet évènement démocratique et scientifique — ce que les médias traditionnels font rarement. Quel a été son impact ? Quels changements a-t-elle inaugurés ?

Affiche de la conférence de citoyens

Grâce au site Sciences et démocratie, nous savons par leur témoignage et leurs retours que les citoyens tirés au sort du panel semblent satisfaits de l'organisation des discussions (malgré un débat final animé par une personne nouvelle, venant un peu comme un cheveu sur la soupe), de la liberté et la confiance qui leur ont été accordées. Et même s'ils regrettent la langue de bois de certains invités/experts, ils reconnaissent avoir appris beaucoup. Evidemment, ça fait cher l'évènement pour intéresser 16 panelistes aux débats scientifiques et techniques de leur temps. Mais c'est déjà  ça, en attendant les retombées concrètes des recommandations qui ont été promises par le vice-président du Conseil régional en charge de l'Île-de-France en charge de la recherche. Mais on se souvient qu'en 1998, les recommandations issues de la conférence de citoyens organisée par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (composée de députés, excusez du peu !) étaient quasiment restées lettre morte (seules quelques lignes avaient bougé dans la composition de la Commission du génie biomoléculaire chargée d'évaluer les dossiers d'homologation des OGM).

Ainsi, sur l'excellent site de la Banque des savoirs, un article de Dorothée Benoit-Browaeys nous met en garde contre la prolifération de ces dispositifs participatifs sans effet sur la décision [qui] risque[nt] de créer plus de défiance que de construction démocratique (citation du sociologue Jean-Michel Fourniau). Pourtant, il apparaît que dans le cas de la conférence sur les nanotechnologies certaines recommandations sont objectivement difficiles à  satisfaire, soit parce qu'elles sont trop généralistes, soit parce qu'elles ne sont pas du ressort des personnes organisant la conférence (en l'occurrence, la Région).

Alors, impasse ? Sans doute un peu. Car les conférences de citoyens ont leur limite, également dans le sens où elles ne contraignent pas les pouvoirs publics et ne permettent pas de co-construire un travail de recherche (on a toujours des experts face à  des profanes). Et même si débattre pour le plaisir peut permettre de mettre au jour des décalages entre représentations expertes et représentations profanes, de faire ressortir des points de blocage inattendus, c'est avant tout des décisions que l'on attend... Sur les nanotechnologies comme sur les OGM, le nucléaire etc. Et cette période de campagne nous offre sans doute des raisons d'espérer...