Blogs, YouTube : expériences de communication en science
8
juil.
2007
Des blogs de scientifiques, il y en a (beaucoup en anglais, moins en français). Des scientifiques qui bloguent des vidéos, cela existe. Mais un article récent de la revue Chemical and Engineering News rapporte des expériences de communication qui passent par ces outils, des expériences institutionnelles et non plus individuelles.
Tout démarre après le buzz des vidéos sur l'expérience Coca + Mentos, que certains ont vu comme de la science populaire (essayer avec d'autres bonbons ou boissons, changer les variables une par une et observer le résultat) et a d'ailleurs suscité l'intérêt des chercheurs qui s'interrogent toujours (comme en témoignent de récents courriers des lecteurs dans La Recherche ou Science & vie). Le Museum of Science de Boston y a rapidement perçu un moyen de toucher un nouveau public et en a profité pour demander aux internautes de voter pour leur explication préférée des concepts d'échelle nanométrique et nanoscience. Dilemme que les scientifiques du musée eux-mêmes avaient du mal à trancher (voir la vidéo gagnante).
L'American Association for the Advancement of Science (qui édite la revue Science) a également posté une vidéo sur les effets du réchauffement climatique, préparée à l'occasion de leur colloque annuel mais qui pouvait bien, après tout, toucher le plus large public possible. Le succès de la vidéo n'a pas été à la hauteur des espérances d'où une leçon : il faut rester concis et faire court. Leçon mise en application avec une seconde vidéo sur l'évolution...
Les laboratoires du projet européen nano2hybrids (dont un français), qui vont travailler pendant trois ans sur des combinaisons de nanotubes de carbone et de nanoparticules de métal, ont choisi une autre option, celle de tenir un journal filmé sur l'avancement des recherches, un video diary. Il ne s'agit plus de communiquer des résultats mais de partager la science en train de se faire, à raison d'une vidéo par semaine, postée d'abord sur YouTube puis bientôt intégrée à leur propre site. En parallèle, les chercheurs tiennent aussi des blogs pour apporter d'autres informations comme des bibliographies.
YouTube a pour lui l'avantage de la visibilité et d'une communauté déjà forte. Mais des solutions comme Sciencehack permettent d'accéder uniquement aux vidéos à contenu scientifique, qu'elles viennent de YouTube ou d'ailleurs. Un début de "Fête de la science 2.0" que j'appelais récemment de mes vœux ?
Commentaires
J'apprécie beaucoup ton blog que j'ai d'ailleurs placé dans mon agrégateur " Actualités Mathématiques " même si les notes ne concernent pas exclusivement les mathématiques. J'émettrai juste une remarque sur le lien pointant vers le C@fé des Sciences illustrant le peu de blogs de scientifiques français. C'est vrai qu'il y en a peu mais ils ne sont pas tous répertoriés à cette adresse non plus ! En ce qui me concerne, le caractère trop éclectique et peu technique de mon blog ne me semble pas correspondre à "l'esprit" du C@fé des sciences. Je considère néanmoins faire partie des blogs scientifiques. Au travers de mes visites, j'ai découvert de nombreux blogs ayant seulement une des parties dédiée aux mathématiques ( qu'il m'est d'ailleurs impossible d'agréger seule, c'est dommage ). Faire un blog exclusivement sur la science demande beaucoup de connaissances, de la passion, et est souvent réservé à des scientifiques professionnels passionnés ayant du temps. Ces trois contraintes sont suffisamment fortes pour raréfier le vivier! Il faut de plus, être solide et compétent sur tous les sujets traités, qui doivent être en nombre suffisant pour alimenter le blog et être pédagogue ! Je dirai aussi qu'il faut se dégager de ses complexes pour affronter un lectorat qui peut vous mettre en difficultés et qu'en matière de complexe "scientifique", je dirai qu'en France nous sommes servi, ce qui peut aussi expliquer cette différence quantative avec d'autres pays. Je ne pense pas avoir fait le tour de la question mais c'est un début. Bonne poursuite et à bientôt.
Beverlycool > Merci de ton commentaire. C'est vrai que tous les blogs sur la science en français ne sont pas présents dans le C@fé des sciences, qui n'a pas pour vocation d'être exhaustif ! Le lien était juste là parce qu'il permet de pointer facilement vers quelques uns de ces blogs, malheureusement pas aussi nombreux qu'on l'espérerait… Difficile de dire si ce sentiment est justifié sans données chiffrées mais on s'aperçoit que les blogs en anglais fleurissent (entre 1000 et 1200 selon Bora Zivkovic). Au-delà du fait que la taille de la blogosphère scientifique francophone est proportionnelle à la taille de la blogosphère francophone tout court, y aurait-il une explication franco-française à ce résultat ? Ton hypothèse du "complexe scientifique" tient la route, je ne saurais proposer mieux en tous cas ! ;-)
Dans la liste des blogues rédigés par des scientifiques en français, il ne faudrait pas oublier les pionniers du genre, "Science! on blogue!" (http://blogue.sciencepresse.info). Créé en octobre 2005, ce site rassemble maintenant six blogues sur autant de thématiques différentes.
Pascal > Tout à fait, merci de l'avoir rappelé ici ! Je me permets du coup une remarque : il est dommage qu'on ne sache pas qui écrit ces blogs (sont-ce bien des scientifiques comme vous l'indiquez ?) puisque les pages "A propos" sont vides, par exemple pour Yvan Dutil ou Normand Baillargeon (que l'on connaît bien sûr par ailleurs, mais il n'empêche). Ni d'ailleurs comment ces blogueurs sont affiliés avec l'Agence Science-Presse...
Exact, hélas. C'est le résultat d'un manque chronique de temps et de ressources: l'Agence Science-Presse est un média à but non lucratif, et une bonne partie de nos énergies, côté rédaction, vont au suivi de l'actualité scientifique. Les blogueurs, quant à eux, sont tous des bénévoles, qui ont tous par ailleurs des emplois à temps plein dans leurs établissements respectifs. C'est ce qui explique que, pour l'instant, seuls les blogueurs d'origine (Robert Lamontagne, Normand Mousseau, etc.) aient des biographies complètes, mais pas les autres comme Yvan Dutil.
Pour répondre à votre question, ils n'ont aucune affiliation avec l'Agence Science-Presse: Robert Lamontagne, par exemple, est astronome à l'Université de Montréal, professeur et chercheur. Nous l'avons approché en 2005, il a accepté d'être blogueur sur le blogue Astronomie, et depuis, il a toute liberté d'écrire ce qu'il veut quand il le veut: nous n'intervenons d'aucune façon dans ses textes.
Pascal Lapointe, rédacteur en chef, Agence Science-Presse