Dans son numéro de janvier, le magazine de l'université Louis-Pasteur rapporte quelques témoignages de chercheurs sur l'ANR, qui fête ses 3 ans (pp. 18-19). Où il apparaît que des progrès ont été faits concernant les explications par les évaluateurs des projets refusés et que les projets "blancs" (sans thème imposé) permettent de belles réussites. A condition de trouver les bons gestionnaires ou consultants capables de répondre aux exigences administratives et financières de l'Agence… Et on retrouve toujours cette préoccupation : l'ANR finance surtout des projets appliqués, ce qui n'est finalement que le prix à  payer pour une aide financière conséquente. Mais quand un chimiste reçoit 80.000 € sur deux ans pour une étude pré-clinique permettant d’empêcher une molécule brevetée par l'université en 2004 de tomber dans l’oubli, il se demande : nous avons apporté des réponses aux questions des industriels, mais est-ce bien notre métier de faire de la recherche appliquée ?

Une nouvelle revue scientifique pour les créationnistes : Answers Research Journal (via P.Z. Myers). Qui commence déjà  à  publier des travaux "intéressants". Nature aussi en parle, se faisant le porte-voix de ceux qui conseillent de ne pas trop attaquer ce journal frontalement mais d'essayer plutôt d'informer le public...

Atlas of Creation par Harun Yahya ©© gravitywave

Le pape Benoît XVI a dû annuler une visite officielle à  l'université romaine La Sapienza, qui avait été organisée à  l'initiative de son recteur. Ceci face à  la fronde d'une fraction d'enseignants-chercheurs qui avaient exprimé leur mécontentement, rappelant qu'en 1990, le pape (qui n'était que cardinal) avait cité le philosophe des sciences Paul Feyerabend pour qui à  l'époque de Galilée, l'Eglise a plus obéi à  la raison que Galilée lui-même. Le procès contre Galilée était raisonnable et juste. (via physicsworld.com, je renvoie à  ce blog en anglais pour une discussion de l'affaire)

Le 15 janvier, un excellent article de Frank Furedi nous apprenait que dans le monde anglo-saxon, certaines personnalités comme Sir David Read (vice-président de la Royal Society) ne parlent plus de "science" mais de "the science" (la nuance est intraduisible mais disons que l'article "the" est inutile car la science est une entité abstraite, comme "freedom"). Ce que cela signifie ? Incontestablement, que le discours scientifique se pare de vertus moralisatrices et politiques… (via Kinga)

On a beaucoup parlé de comportements déviants aussi : la revue Nature a publié un article où deux chercheurs de l’université du Texas ont passé au crible d'un logiciel de comparaison de texte un échantillon de la fameuse base Medline. Ils cherchaient des similitudes, ils ont trouvé un peu plus de 400 cas de haute ressemblance (pour lesquels les sanctions ont commencé à  tomber). En extrapolant à  la base entière, il y aurait donc un peu plus de 1% de plagiat ou publications doublonnées dans la littérature scientifique. Puis Le Monde nous apprenait qu'une initiative française sous les auspices du CNRS vise à  établir un diagnostic sur la fraude scientifique dans le pays et proposer des remèdes.

Dans la revue Nature Biotechnology, deux chercheurs écrivaient en janvier en se demandant où la méthode scientifique s'en est-elle allée ? A leur grand regret en effet, il est de plus en plus difficile de trouver des descriptions claires et complètes des protocoles expérimentaux mis en oeuvre par les auteurs publiant dans les revues les plus en vue. Où le "choc" du résultat l'emporte sur la norme scientifique... La rédaction de la revue a répondu en lançant le débat. (via Nautilus)

Enfin, le C@fé des sciences s'agrandit avec deux nouveaux membres : le blog de ICE, placé sous le signe du réchauffement climatique, et le Webinet des curiosités, placé sous celui de l'éclectisme. Bienvenue à  eux et bonne lecture à  vous !