Décidément, rien ne va plus au royaume des hormones végétales. En avril 2007, un travail mettant le doigt sur le signal à  l'origine de la floraison (appelé florigène) faisait l'objet d'une rétractation ; le mois dernier, c'est un travail identifiant le récepteur de l'acide abscissique et publié dans la revue Nature qui a été effacé des tablettes de la science. Comme le raconte l'éditorial de la revue, ce travail avait été cité 120 fois malgré un accueil plutôt froid (c'est en tous cas ce qu'on raconte aujourd'hui), les résultats annoncés allant à  l'encontre de ce qu'on savait déjà ... Comme souvent, le postdoc qui a fait les expériences douteuses a quitté le laboratoire et est introuvable !

L'article original était paru en janvier 2006. La rétractation, elle, a été demandée en juin par les chercheurs du laboratoire et publiée en décembre par la revue Nature. Soit 33 mois plus tard, ce qui est relativement long, même si les chercheurs concernés par la nouvelle étaient probablement déjà  au courant grâce aux bruits de couloir ou annonces sur listes de diffusion comme cela se fait parfois. Il n'empêche. Selon une enquête de John P. Ioannidis (le poil à  gratter de la recherche biomédicale qui avait affirmé en 2005 que la plupart des résultats scientifiques sont faux), la rétractation d'un article paru dans une revue en vue (facteur d'impact supérieur à  10 et recevant plus de 30.000 citations par an) prend autour de 34 mois (médiane).

Mais ce n'est pas tout : Ioannidis et ses collaborateurs se sont rendu compte que la rétraction prend 79 mois quand un chercheur senior est impliqué dans la recherche frauduleuse contre 22 mois quand il s'agit de chercheurs juniors. Une différence significative qui reste encore encore à  expliquer. Et enfin, pour une revue donnée, les articles rétractés ne diffèrent en rien des autres articles vis-à -vis du nombre de citations reçues dans la première année, le nombre d'auteurs, le pays, l'origine du financement ou la discipline, mais sont deux fois plus susceptibles d'avoir des auteurs de différents pays ! Ce qui n'était pas le cas ici, cette exception confirmant la règle.