J’ai lu très exactement 36 romans en 2016, en baisse de 6 ouvrages par rapport à mon bilan de 2015 ! De tous ces romans, goût personnel oblige, un nombre non négligeable est à consonance scientifique. Voici une sélection personnelle de ceux dont je recommande la lecture (et, pour mémoire, les listes de 2014 et 2015) :

N° 7 : When it changed dirigé par Geoff Ryman, 2009

Cette anthologie de science-fiction propose des nouvelles inédites d’auteurs débutants ou confirmés, inspirées par les recherches de chercheurs britanniques. L’histoire que cette rencontre leur a inspirée est suivie d’un bref commentée du chercheur concerné. Cette initiative originale donne un résultat mitigé, pas mémorable, à l’exception du “Enigma” de Liz Williams qui met en scène de manière touchante Alan Turing et Ludwig Wittgenstein.

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N° 6 : Seventeen Coffins de Philip Caveney, 2014

Il s’agit du deuxième tome d’une série pour adolescents, non traduite en français. Pourquoi est-ce que je lis ça ? Parce que ça se passe à Edimbourg, à différentes périodes de l’Histoire selon les voyages dans le temps du personnage principal. Ce tome nous entraîne en 1830, quand Charles Darwin est connu par les habitants d’une manière décalée : Our University professer told me about him. He reckons he’s an idiot. He was studying medicine under Dr Munro, here in Edinburgh, but he threw it all up in the second year and moved to England to study natural history, of all things. (…) Ruined a promising career.

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N° 5 : Épépé de Ferenc Karinthy, 1970

Voici une fable étrange qui oscille entre Swift, Kafka et Perec, avec les tribulations d’un linguiste perdu dans une ville dont il n’arrive pas à comprendre la langue. Un choc pour ce spécialiste qui croit en son intuition, en sa rapidité de compréhension, en sa faculté d’approfondissement, en son inspiration, qualité indispensable à la recherche scientifique, et peut-être en la chance qui généralement a accompagné jusque-là sa carrière, ce qu’il a commencé il a le plus souvent pu l’achever. Il est rompu à la réflexion méthodique, c’est son métier, son gagne-pain (p. 107).

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N° 4 : Histoire des siècles futurs de Jack London, 1908-1912

Ce recueil de nouvelles, d’un écrivain plutôt connu pour ses romans d’aventures, surprend. Il n’a rien à envier aux pionniers de l’anticipation que furent J.H. Rosny aîné ou H.G. Wells. Deux nouvelles en particulier m’ont intéressé pour leur personnage principal de scientifique. Dans L’Ennemi du monde entier, un savant fou qui fut maltraité dans son enfance, un des hommes de génie les plus infortunés du monde, doué d’une merveilleuse intelligence, la met au service du mal au point de faire de lui le plus diabolique des criminels. Dans Goliath, un génie bienfaiteur, surhomme scientifique découvreur de l’Energon qui n’est rien d’autre que l’énergie cosmique contenue dans les rayons solaires, force tous les gouvernements du monde au désarmement, à la nationalisation des moyens de production et à la justice sociale. Même les professeurs de sociologie, ces vieux balourds, qui s’étaient opposés par tous les moyens à l’avènement de l’ère nouvelle, ne se plaignaient plus. Ils étaient vingt fois mieux rémunérés qu’autrefois et travaillaient beaucoup moins. On les occupa à réviser la sociologie et à composer de nouveaux manuels sur cette science.

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N° 3 : Délire d’amour de Ian McEwan, 1997

Voici un roman poignant dont le héros est un journaliste scientifique et auteur d’ouvrages de vulgarisation. Sans dévoiler l’intrigue, c’est un thriller psychologique avec la science en toile de fond, qui ose même se conclure sur un article scientifique ! À noter qu’Ian McEwan figurait déjà dans mon palmarès 2014 avec Solaire.

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N° 2 : Expo 58 de Jonathan Coe, 2013

Ce roman drôle et touchant à la fois nous plonge dans l’Exposition universelle organisée à Bruxelles en 1958, dans une phase d’optimisme sans précédent quant aux avancées scientifiques récentes dans le champ du nucléaire, d’où le fameux Atomium. On y croise Sir Lawrence Bragg, directeur de la Royal Institution, et un développement sur la vision de “l’Homme du XXIe siècle” des scientifiques soviétiques.

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N° 1 : Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde, 2012

Cette version romancée de l’histoire vraie de Narcisse Pelletier, jeune mousse vendéen abandonné sur les côtes australiennes et recueilli par une tribu aborigène, est passionnante par sa construction et son témoignage anthropologique. Les membres de la Société de géographie, qui tentent d’en savoir plus sur les”sauvages” de ces contrées du Pacifique, en prennent pour leur grade. Mais le livre, qui a reçu le Prix Goncourt du premier roman, n’est pas exempt de reproches non plus : il faut en prolonger la lecture par la passionnante analyse qu’en livre l’anthropologue Stephanie Anderson. Pour comprendre que cet ouvrage n’est pas tant un témoignage sur les mœurs étranges de certaines tribus sauvages qu’un révélateur de la vision ethnocentrée que nous pouvons en avoir ; et pour s’interroger sur le statut de ces fictions basées sur des faits réels, qui donnent surtout envie de revenir aux sources historiques

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