Saviez-vous qu'il y a une éthique de la diffusion des résultats de recherche ? C'est pourtant le cas s'il on en croit l'intervention du Comité d'éthique du CNRS sur la question, pas plus tard que la semaine dernière. Intervention dont on trouve la justification suivante dans le rapport :

L’entrée dans une économie de la connaissance ouverte implique plus que jamais que soient pris en compte des principes éthiques qui, en dépit de la révolution des moyens de production et de circulation des documents, demeurent constants dans leurs grandes lignes : exigence de qualité, responsabilité des producteurs de documents, transparence des sources et accessibilité des objets publiés.

Et après quelques éléments historiques assez inhabituels, on trouve une réflexion sur la dynamique du libre accès, l'absence ou la présence d'un filtre scientifique, le référencement des publications, l'accélération de la transmission des connaissances via Internet ou les développements à  l'échelle européenne. Et une liste des enjeux éthiques à  prendre en compte :

  • l'accès de tous aux connaissances (notamment les pays du Sud), pour sortir de l'attitude élitiste de restriction de la diffusion des savoirs ;
  • les antagonismes et conflits d'intérêt entre diffusion électronique libre et revues traditionnelles ;
  • les notions de monopole ou d'impérialisme, avec des journaux dominants, un nombre assez limité des moteurs de recherche réellement consultés, une langue anglaise omniprésente ;
  • la décision de publication : Le travail est-il suffisamment abouti ? Quelles seront les répercussions de sa publication ? Le choix de la revue est-il totalement fondé et n’est-il pas le résultat d’un effet de mode ?.

Les recommandations ne sont pas révolutionnaires mais toujours bonnes à  dire, si ce n'est deux remarques qui peuvent être assez décisives :

Si l’incitation au dépôt des résultats dans des archives ouvertes peut convenir dans un premier temps, c’est l’obligation qui donnera au système toute son efficacité. Cette obligation sera d’autant mieux acceptée que l’explicitation aura été satisfaisante.

Envisager des formules pour contrebalancer la prédominance de l’anglais dans les systèmes de diffusion de connaissance en favorisant en particulier le bilinguisme et éventuellement dans certaines disciplines la traduction assistée par ordinateur. Ces démarches peuvent paraître vaines mais elles s’inscrivent dans le souci, qui doit demeurer permanent, de la protection et de la promotion de la diversité des expressions culturelles (Convention Unesco 2005).