Scientifiques et faucheurs d'OGM
18
août
2010
À l'heure où l'essai de vignes OGM de l'Inra se fait une nouvelle fois arracher, où l'on ne sait plus à quel saint se vouer et où Marion Guillou (présidente de l'Inra) se dit scandalisée en tant que citoyenne
, j'ai déterré un sondage de 2007 qui a fait quelque bruit sur Twitter… Le voici :
43 % des scientifiques du CNRS jugent acceptable la destruction d'essais d'OGM en plein champ (20 % pour qui c'est tout à fait acceptable et 23 % pour qui c'est assez acceptable)
Le sondage avait été présenté lors du colloque CNRS "Sciences et Société en mutation" (février 2007) que j'avais relaté sur ce blog. Il avait été commandé par le CNRS, chose rare, pour comprendre comment ceux qui font la science (chercheurs, ingénieurs) perçoivent eux-mêmes leurs relations avec la société
. Il n'avait alors pas échappé à la présidence (Catherine Bréchignac) que les scientifiques ont le même positionnement que le grand public
puisque selon l'auteur de l'étude, Daniel Boy, ces chiffres sont très comparables à ceux obtenus sur des échantillons représentatifs de 5.000 personnes non scientifiques. Et on pourrait continuer la liste : à 79% ils trouvent "acceptable" de boycotter des produits contenant des OGM. A 72% de lutter contre l'implantation d'un site de stockage de déchets nucléaires. A 66% de lutter contre l'implantation d'antennes de téléphonie mobile
…
Le sondage a été effectué selon la méthode de l'échantillonnage stratifié et Daniel Boy explique[1] :
Nous avons pris le CNRS tel qu'on l'avait et on a regardé en fonction des grades et des disciplines. Nous avons fait des cases : grades/disciplines. À l'intérieur de ces cases, un certain nombre de noms de personnes ont été tirés au sort. C'est plus proche du réel que les sondages grand public, parce qu'on est dans un univers d'environ 30 000 personnes. Il y a très peu de chances qu'on se trompe en faisant de l'aléatoire. (…) Donc je n'ai vraiment aucun doute que cela représente bien les ingénieurs et les chercheurs.
Les données sont très précises : les plus vieux (60 ans et plus) sont ceux qui jugent le moins favorablement les fauchages d'OGM, suivis par les moins de 40 ans. Ce sont donc les scientifiques de 40 à 59 ans, et ceux qui ont rejoint le CNRS entre 1980 et 2000, qui sont les plus proches des faucheurs. Pourquoi ? J'attends vos hypothèses en commentaire ! Les ingénieurs sont plus tolérants que les chercheurs, et les chargés de recherche plus que les directeurs de recherche, sans doute parce qu'ils n'y voient pas une remise en cause de leur autorité. Enfin, comme on pourrait s'y attendre, les personnels sont d'autant plus critiques envers les fauchages qu'ils travaillent en sciences de la vie, environnement ou chimie.
Nous voilà donc dans de beaux draps, répond en substance Anne Bertrand sur Twitter. Pas forcément, réponds-je. D'abord, parce qu'on voit que les scientifiques sont attachés globalement aux mêmes valeurs que le grand public et ont les mêmes réflexes. Il n'y a donc pas de grand divorce ! Ensuite, parce que cela montre à quel point les cultures épistémiques, les traditions de recherche et le vécu marquent les chercheurs. Il existe donc une diversité au sein de la communauté, qu'il faut maintenir et encourager. Qu'y aurait-il de plus dépriment qu'une tribu de clones en blouses blanches ! Enfin, cela signifie que certains chercheurs s'opposent à certaines recherches, ou en tous cas respectent que d'autres puissent s'y opposer. Et ça, c'est une bonne nouvelle pour qui ne veut pas voir dans les laboratoires des savants fous suivant aveuglément le sens du progrès !
Notes
[1] Daniel Boy (2008), "Analyse des résultats des enquêtes sur la perception de la société par les chercheurs et réciproquement", Sciences en société au XXIe siècle : autres relations, autres pratiques, CNRS Éditions
Commentaires
Intéressant, mais je ne suis pas d'accord avec ton interprétation.
Pourquoi serait-ce dû à leur culture épistémique ? C'est plutôt un positionnement politique - les questions de risque sont aujourd'hui mineures sur le dossier par rapport à la souveraineté alimentaire et autres.
Le fait qu'ils iraient "collectivement dans le même sens" que la population soutiendrait plutôt des hypothèses extra-professionnelles.
@Totoro : Si on ne retenait que l'hypothèse de positionnements extra-professionnels, comment expliquer le facteur "Discipline d'appartenance" ? À moins de considérer que les membres des SHS et des sciences et techniques de l'ingénieur sont plutôt des gauchistes…
Je confesse que ma connaissance du sujet des cultures OGM est assez limitée. Disons qu'elle est sans doute comparable a celle du grand public...
Par contre, ce que je connais un peu mieux, ce sont les lignées de souris transgéniques qui sont devenues, entre autre, un outil incontournable pour l'étude des maladies neurodégénératives. Et a ma connaissance, personne ne monte au créneau, personne ne vient saccager nos animaleries et nous traiter de savants fous. Pourtant, les risques existent aussi : on n'est jamais parfaitement a l'abri d'une souris qui s'échappe et va répandre son gene humain muté dans la population des souris sauvages. Tout est fait pour que cela n'arrive jamais, mais enfin il me semble que le risque existe quand meme.
Donc une des différences, me semble-t-il, est que dans un cas on a l'image du méchant Monsanto qui cherche a nous faire manger n'importe quoi, et dans l'autre l'image du bon chercheur qui veut guérir la maladie d'Alzheimer. Et les faucheurs d'OGM me donnent souvent l'impression de condamner en bloc la méthode scientifique (la transgénicité) alors que leurs craintes portent davantage sur les risques inhérents a son application a grande échelle.
En fait, ce qui manque dans ce sondage, c'est la motivation des chercheurs qui déclarent accepter la destruction d'OGM en plein champ : - rejet de toute manipulation transgénique ? la j'ai comme un doute... - rejet de conditions de securite jugees insuffisantes (risque de dissemination )? mais si l'on ne peut pas faire confiance a des equipes de l'INRA sur ce point, a qui se fier... - ou alors c'est la formulation de la question qui est tendancieuse : "acceptable' ne signifie pas "est-ce que vous le feriez" mais "comprendriez-vous que quelqu'un en vienne a le faire" (ce qui n'est pas tout a fait la meme chose qu'approuver...)
<mode troll on> Bah c'est simple : le CNRS, c'est tous des gauchos fonctionnaires, ils ne pensent qu'à défendre leur poste et ça montre qu'ils s'en contrefoutent en réalité de la science et du progrès. <mode troll off>
Plus sérieusement, d'abord, je ne mettrais pas sur le même plan le fauchage des OGM et la "lutte" contre les antennes de téléphonie ou les sites de stockage nucléaire. Disons à la fois que les risques démontrés et l'action citoyenne dans tous ces cas ne sont pas les mêmes. Sur le fond, je ne sais pas trop quoi penser, si ce n'est que probablement certains chercheurs sont effectivement politiquement assez proche des écolos et d'une certaine gauche radicale (en tous cas j'ai rencontré certains profils militants beaucoup plus fréquemment dans les labos qu'en école d'ingé ;) ). Il serait intéressant à mon sens de regarder les corrélations entre opinions politiques et position face aux OGM.
@ Enro : les variations interdisciplinaires sont faibles sauf pour SDV bien sûr. Là il y a une spécificité professionnelle : pour une part d'entre eux ça revient à "soutenez-vous la destruction de votre outil de travail ?" Je doute qu'il y ait beaucoup de luddistes au CNRS !
Ce qui aurait été intéressant sur ce sujet spécifiques : comparer agronomes/écologues/généticiens/microbiologistes...
Sinon, ça me semble plutôt très stable, que ce soit sur le boycott des produits ou la destruction des essais. Enfin, merci pour l'entretien de M. Guillou, très intéressant
Triste... Ce qui est quand même rassurant c'est que biologiste, chimiste et environementaliste, c'est a dire ceux qui sont censés un peu connaitre les tenants et les aboutissants des OGMs sont les plus réticents aux fauchages. On peut donc se demander si le ressort de ce vote n'est pas simplement l'ignorance et les peurs imaginaires auquels les chercheurs n'échappent pas plus que le reste de la population. Il y a quand même un peu un mythe du "savant", le chercheur omniscient, avec un niveau de culture générale tres elevé. En fait je dirais plutot que le chercheur CNRS lambda c'est monsieur tout le monde , sauf dans son domaine de recherche où il est un véritable spécialiste... L'argument politique je ne sais quoi en penser, plus je cotoye des chercheurs de gauche, plus j'ai de doutes sur la force de leurs convictions. Je vois beaucoup beaucoup de pratiques dans les labos qui feraient se retourner dans leurs tombes Jaures et Marx... Disons que les chercheurs sont de gauches dans les labos des autres et plutôt de droite dans le leurs. Hum.. bon je dérive... :-)))
A+ J
@Totoro : OK, il faudrait faire un test statistique sur le facteur "Département scientifique". Quelqu'un s'y colle ? Sinon, au niveau plus fin des disciplines, il y a le papier de Christophe Bonneuil évidemment…
@ John : en quoi les biologistes connaissent les tenants des OGM ? Au CNRS, très peu travaillent sur les OGM et ils sont spécialisés. A l'INRA (ils ne sont pas dans l'enquête de Boy), la plupart de ceux qui travaillent dessus se moquent des tenants et aboutissants. Ils s'intéressent à tel aspect moléculaire et veulent publier "au plus haut", basta. Crois-tu qu'ils aient une représentation un tant soit peu informé des enjeux agronomiques, économiques et politiques associés ? A côté, il y a un certain nombre de scientifiques/militants qui eux s'engagent pour ou contre sur des bases fondées.
@Enro : oui, très bon papier de Bonneuil dans NSS. A ce sujet, certains collègues me signalent qu'ils/elles reçoivent déjà des pétitions de soutien aux chercheurs de l'INRA. Ca fera du nouveau matériel à analyser :-)
Merci pour ton commentaire. Je t'ai répondu en détail sur mon blog (une longue réponse mais je l'espère éclaircissante): http://joyeuserrance.wordpress.com/2010/08/17/cas-concret-de-frictions-entre-science-et-societe/#comment-115
@anne: "ce qui manque dans ce sondage, c'est la motivation des chercheurs qui déclarent accepter la destruction d'OGM en plein champ" -> entièrement d'accord
@Totoro / @Enro Après avoir regardé les données rapidement (par département), on voit une chose assez intéressante (mais prévisible) : ce sont les SDV (sciences du vivant) qui ont le plus haut score de 'tout à fait inacceptable' et le plus faible 'tout à fait acceptable' (de manière très significative d'après mes one-sample t-tests).
Si on traite les données par département comme une table de contingence, on voit que les réponses sont homogènes si on prend tous les départements sauf les SDV (pas de différence au test du Chi-2), et que par contre ajouter les SDV redonne un effet département fort.
Morale de l'histoire, non seulement les SDV sont plus extrêmes que les autres dans leur jugement, mais elles sont en plus fortement opposées aux fauchages (significativement moins de soutien que les autres départements)
Le chercheur à l'image de la société; la boucle est bouclée... Hélas, mille fois hélas !
=> Dont combien qui travaillent sur le sujet ? Parce que sinon autant demander son avis à Stephen Hawking ou au bouseux du fin fond de l'Auvergne, ça amusera autant la galerie mais n'apportera strictement rien au débat.
D'ailleurs faudrait leur demander s'ils sont content d'avoir envoyé le directeur de l'INRA de Colmar à l'hosto : http://www.rmc.fr/editorial/122694/le-president-de-linra-de-colmar-hospitalise/
@OGMs : Il paraît que les faucheurs sont des obscurantistes ne font rien qu'à s'opposer au progrès et à la recherche, pensez-vous qu'avec 43% des chercheurs et ingénieurs du CNRS qui les soutiennent, cette hypothèse tient encore ? Pas moi. Mais bon, vous aviez sans doute atteint cette conclusion il y a déjà bien longtemps…
@Enro :
Que les délinquants volontaires soient des obscurantistes ne fait aucun doute si vous prenez la peine de les écouter. Abonnez-vous un peu à la ML de DésInfOGM, en ce moment on peut y lire que : la science positiviste du 19éme siècle dite 'moderne' ayant rompu avec la science alchimique et savante de l'antiquité et du moyen âge, n'est pas la pour servir l'homme mais bien au contraire pour l'asservir au travers de la soumission technologique préalable du vivant. Je ne vois pas en quoi vos 43% infirment la méconnaissance scientifique grave de ces gens. J'aimerais bien voir ce que donnerait le sondage en précisant qu'il s'agit d'essais du CNRS et non de Monsanto, comme le croient la plupart. Comme le disent l'AFBV et l'AFIS, la science et la technologie sont les cibles : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1435
Vous feriez mieux de parler des 70% de SDV qui rejettent ces actions, plutôt que de chercher à justifier la dégradation du bien public à coup d'arguments d'autorité pseudo-scientifiques. Mais bon, déjà que vous soutenez des marchands de peur comme Vélot...
Comme cela a été dit, le chercheur est à l'image de la société. Et notre société est aux portes du Moyen Âge, entre ceux qui ont peur de la science et les autres qui croient aux maisons hantées...
@ OGMs
J'aimerais bien voir ce que donnerait le sondage en précisant qu'il s'agit d'essais du CNRS
Quand on défend avec tant de véhémence la science, il vaut mieux être précis. Le CNRS n'a jamais fait d'essais OGM, seul l'INRA en a fait en France.
"Et notre société est aux portes du Moyen Âge, entre ceux qui ont peur de la science et les autres qui croient aux maisons hantées..."
Alors, là, j'aimerais bien connaître les preuves empiriques de cette assertion - qui, en passant, fait de ceux qui n'ont pas peur de la science des croyants en maisons hantées.
Ensuite, il faudra nous expliquer en quoi les OGM, c'est de la science - de la technologie sous brevet je veux bien, du bricolage de bas niveau dans des labos passe encore, mais de la science...
Par exemple, quel serait le bilan de connaissances produites par les recherches sur les OGM - hors bien sûr des OGM eux-mêmes ? Un peu comme lorsque l'on demande à quoi servent les vols habités dans l'espace, la réponse étant : "à connaître les problèmes liés à la vie dans l'homme en faible pesanteur".
Mais je retiens "marchands de peur" qui symétrise très bien "marchand de rêves". Vous savez, le Golden rice qui va résoudre le problème du déficit en vitamine A et la connaissance du génome humain qui va nous permettre de résoudre toutes les maladies huamines...
@Totoro :
Je vous renvoie le compliment : Dans la nuit du 22 au 23 juin 2010, le Laboratoire Génome et Développement des Plantes de l'Université Perpignan via Domitia, du CNRS et de l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD) a été vandalisé : des tags "non aux OGM" ont été inscrits sur les chambres de cultures où les plantes ont été en grande partie détruites ; des congélateurs de stockage à -80°C ont été débranchés et vidés. Plusieurs chercheurs ont ainsi perdu plusieurs mois d'expérimentation et du matériel biologique unique. http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-vandalisme-labo-public-52897421.html
C'est ce que serait tenté de comprendre quelqu'un qui a mal lu la phrase. Le "et" n'était pas exclusif. Vous n'avez jamais fait, au collège, ces exercices où sur une population de 100, 60 lisent le journal A et 80 le journal B ? Vous savez, là où on vous demandait de déterminer le nombre qui lit les deux journaux. Nous sommes en période de vacances, vous pourriez en profiter pour réviser :')
Mon pauvre, mais toute la science n'est que bricolage et tâtonnements. Ça se voit que la science n'est pas votre domaine !
Vous n'imaginez même pas. Même moi je n'ai qu'une modeste vision, mais commencez par vous intéresser à l'impact des travaux de van Montagu par exemple.
Et dont la diffusion est bloquée par vos amis de Greenpeace indirectement responsables de milliers de morts et millions d'aveugles. Heureusement, ce riz a été adopté cette année aux Philippines et il est prévu pour 2015 en Inde et au Bangladesh.
@ OGM
Le CNRS n'a jamais fait d'essais en plein champ. C'était bien le point crucial de l'action, même s'il y a déjà également eu des destructions en serre.
Sinon, désolé, mais en français et en logique formelle "ceux... et les autres " marque un ET exclusif.
Bricolage de bas niveau, il faut lire jusqu'au bout.
La science c'est avant tout le dialogue et la controverse sur des faits/expériences/arguments/hypothèses sans la mise en cause immédiate des qualités d'autrui et sans faire un procès d'intention à vos interlocuteurs.
Visiblement, comme pour le maître de ces lieux, vous n' avez à mon égard que mépris, condescendance et volonté de sonder les intentions plutôt que d'examiner les arguments ("la science n'est pas votre domaine"... "commencez à vous intéresser à", "vos amis de Greenpeace").
On ne va pas faire le concours de celui qui a la plus longue liste de publications pour déterminer qui est compétent, j'ai dépassé l'âge depuis longtemps.
En guise de conclusion finale, je ne peux que vous conseiller de relire ça, puisque vous l'avez forcément déjà lu eu égard à votre investissement sur le sujet : Larrère multitudes
boh, comme d'habitude, Enro sort des sophismes. 43% du personnel du CNRS sondé cautionne ? Et alors ? Combien de chercheurs parmi ces 43% ont les compétences et l'information nécessaire pour en juger ? Et comment ce positionnent ces personnes informées ?
Faudrait pas confondre démagogie (aller dans le sens d'une masse désinformée) et démocratie (aller dans le sens d'une masse informée et structurée par des lois etc...) Au reste, ce genre de commentaire est particulièrement dangereux :
"Pas forcément, réponds-je. D'abord, parce qu'on voit que les scientifiques sont attachés globalement aux mêmes valeurs que le grand public et ont les mêmes réflexes." Donc en résumé, il faudrait se réjouir parce que sur ce point, tout le monde est d'accord dans le vandalisme et l'obscurantisme ?
Enro : quand te décideras tu à laisser ton relativisme qui tient surtout du sophisme et de la démagogie au placard pour raisonner rationnellement et honnêtement ? Tu as des arguments qui cautionnent cet acte ? Non ? Et bien ne le cautionne pas.
Moi j'en ai qui le condamnent : cette poignée de personne a ruiné un projet de recherche représentant 7 ans de travail, un peu plus d'1 million d'euros de matériel, et tout ce qu'il nous restait à l'interface entre génie biologique, phytopathologie, et agronomie. En démocratie, JAMAIS une opinion personnelle ne donne le droit de détruire le bien et le travail d'autrui.
Tu aimerais toi que je vienne détruire ton labo sous prétexte que JE trouve tes raisonnements et cie dangereux ? J'en doute. Alors pourquoi tu le cautionne dans ce cas ?
@Ryuujin : Et toi tu ne décolles toujours pas de ta vision le nez dans le guidon, à balancer tes "démagogie", "vandalisme", "obscurantisme". Ce n'est pas comme ça qu'on construira la démocratie que tu réclames, laquelle accepte qu'un problème comme les OGM ne se réduit pas à des débats techniques d'experts "compétents" et "informés". Tiens, une lecture (pas trop compliquée ni jargonisante, par quelqu'un qui a été président de l'Andra et directeur-général du BRGM et du Cemagref) :
. Tu verras que tu es resté au premier âge de la décision, celui qui a marqué l'après-guerre. Pauvre Ryuujin qui est né 40 ans trop tard…Ce n'est pas une vision "nez dans le guidon" : c'est une vision claire et objective que j'oppose à tes propos démagogiques. Et ne dis pas qu'il ne s'agit pas de démagogie : faire passer la consensualité avant l'exactitude, c'est l'essence de la démagogie. On est en démocratie. En démocratie, on fait valoir ses opinions via des processus démocratiques. Pas via des opérations de vandalisme. Et tu ne peux pas nier qu'il s'agit d'une opération de vandalisme : on parle bien de l'entrée par effraction dans un laboratoire, et du saccage d'une expérience. La démocratie que je réclame, on y est déjà. Elle a des lois : qu'on les fasse respecter, point.
Si : un sujet pointu comme le développement d'OGM requière des débats techniques d'experts compétents, puis une information correcte des élus avant qu'ils aient la moindre décision à prendre. C'est ça la démocratie ; cela ne se joue pas à grand coups de discussions de comptoir entre gens qui ne connaissent ni ne comprennent rien. Si tu as réellement lu ce document de Yves Le Bars, tu sais déjà qu'il ne me contredit en rien. Et qu'il n'appuie pas ta position qui consiste à relativiser la nécessité d'une expertise.
Et enfin, l'obscurantisme est la lutte contre la diffusion du savoir. En effet, c'est un abus de langage : les faucheurs volontaires luttent carrément contre l'acquisition du savoir. Ils ont décidé que d'après eux, les OGM ne marchent pas, et qu'il est donc inutile que d'autres essayent. Allez hop ! au bûcher !
Et bien justement : comment tu expliques que cette position soit plus marquée dans des disciplines très éloignées du sujet ? 51% en sciences humaines, contre 28 en sciences de la vie. S'il ne s'agissait pas de positionnements extra-professionnels, il y aurait un tant soi peu d'adéquation entre cette position, et la proximité avec la thématique concernée, non ?
Comment tu expliques que moins on sait ce que c'est qu'un OGM, plus on s'y oppose ?
Enro : ce n'est pas parce que tu n'es pas un scientifique que tu dois chercher à tout prix à en nier l'intérêt à grand renfort de mauvaise foi. Tu peux aussi t'informer sur les sujets que tu abordes. T'informer sur les faits, j'entends, et non sur l'opinion d'untel ou d'untel. Ainsi, tu pourras même te payer le luxe d'une participation constructive au débat, voire même à la recherche scientifique !!
@Ryuujin : Alors comme ça les chercheurs en SHS sauraient moins que les biologistes ce qu'est un OGM ? Les économistes de la propriété intellectuelle, les sociologues de l'innovation, les historiens de l'agronomie, les anthropologues de l'agriculture, le savent beaucoup plus qu'un embryologiste, un neurologue ou un physiologiste du sport – et eux participent bien de façon constructive "au débat, voire même à la recherche scientifique" comme tu le dis avec tant de sanglots dans la voix ! Une fois encore, tu te laisses prendre par ton biais réductionniste ("un OGM c'est un objet biologique étudié par les biologistes") et tu oublies le big picture.
Puisqu'il faut mettre les points sur les i, faisons le : ce billet ne se veut pas un soutien aux faucheurs d'OGM. Ce que j'ai essayé de montrer, c'est que si "les fauchages sont obscurantistes", et 43 % des scientifiques du CNRS les acceptent, alors 43 % des scientifiques du CNRS sont obscurantistes (syllogisme logique). Je ne vois pas comment ça peut être le cas : près de la moitié de scientifiques qui vont contre la diffusion du savoir (je reprends ta définition), no way. Donc les fauchages ne sont pas obscurantistes (démonstration par l'absurde). Si après ça on me traite encore de sophiste…
Notez que c'est pas pour rien qu'on parle de "sciences molles". Quant aux faucheurs obscurantistes, le "retour à la science alchimique du moyen âge", c'est du progressisme peut-être ?
10% de récidivistes chez les délinquants volontaires, dont un pédophile et un escroc : http://www.ogms.be/actualites/faucheurs-violeurs-escrocs-meme-combat
Enro, en suivant votre "raisonnement", est-ce qu'il faut en conclure que 10% des 43% de scientifiques du CNRS sont des pareils malfrats ? Sur près de 12 000 chercheurs statutaires, ça en fait un paquet... de quoi remplir une prison entière !
Peut-être que la similarité entre les chiffres des scientifiques et ceux du grand public n’est en fait qu’une coïncidence. En effet, si une absence d’information sur les OGM pousse à croire à une dangerosité irrationnelle des OGM, à l’opposé une information complète sur les scientifiques de pouvoir et les OGM en France aboutit à une méfiance tout à fait raisonnable. Certains se rappellent qu’en 1997, Axel Kahn, qui venait de présider la Commission du Génie Biomoléculaire où il venait d’émettre un rapport favorable à la culture OGM en France, rapport biaisé qui minimisait les risques de dissémination, a été embauché par la société Rhône-Poulenc, principale intéressée par ce rapport.
Axel Kahn a alors cumulé les fonctions de directeur de recherche à l’INSERM, directeur scientifique adjoint grassement payé pendant 2 ans par Rhône-Poulenc, et membre du comité consultatif national d’éthique ! Il reste l’interlocuteur privilégié des médias pour l’éthique, alors que dans beaucoup d’autres pays, il aurait été mis en prison pour corruption.
L’accès à l’information (hors grand médias) permet donc de se faire une idée plus nuancée des risques liés aux OGM : faibles pour la santé, grands pour la morale et la démocratie.
@ François
C'est clair qu'Axel Kahn comme spécialiste d'éthique, ça enlève toute rationalité à la discussion.
personnellement, je pense qu'on oublie souvent la question de la propriété privée au nom de convictions personnelles Je ne trouve pas légitime, ni légal que l'on aille arracher les rosiers des voisins sous peine qu'on trouve cette plante trop piquante à son gout... après que votre voisin lui-même, et que 79% de sa famille trouvent ça "acceptable" que vous vous introduisiez chez lui et que vous veniez arracher ses rosiers c'est une chose, mais n'oublions pas une chose constamment mise de côté dans les débats sur les OGM et leur ceuillette par ses farouches opposants, qui oublient quand ca les arrange les plus simplistes des règles de bases de la vie en société...